Који наследник М2 Бредлија?

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имаге Арцхивес | Буџети оружаних снага и одбрамбени напори | Конструкција оклопних возила

Америчка војска је ушла у процес обнове способности великих размера. Веома фокусирана више од две деценије на извођење стабилизацијских и противпобуњеничких операција, украјинска криза повезана са сталним јачањем руских и кинеских војних способности указала је на недостатке америчке војске у погледу њених способности. логистичке вештине за успешно извођење великих ваздушно-копнених борбених операција против еквивалентног противника. Информисани посматрач ће стога вероватно бити свестан многих дебата које се воде већ неколико година оснивање Америчка војска о обиму организационих и трансформација способности које треба извршити како би се одржала супериорност на будућим ратиштима. Програм замене Бредлија, који је у ширем смислу повезан са ширим размишљањима о битка са више домена, је део.

Дакле, ако буџет америчке војске за 2020. од 182 милијарде долара треба да буде прилично еквивалентан буџету изгласаном за 2019. годину, компонента набавке опреме је скоро искључиво посвећена обнови капацитета. Ово последње ће бити структурисано око шест приоритета: ЛРПФ програм (Прецизна паљба великог домета) општа обнова теренске артиљерије, програм ОМФВ (По жељи борбено возило са посадом) замена за Бредли, ФВЛ (Будуће вертикално подизање) хеликоптера нове генерације који ће заменити УХ-60, АХ-64, ЦХ-47 и ОХ-58, дигитализацију ратишта, противваздушну одбрану и коначно убојитост војника. За око тридесет система, а посебно за копнене борбене платформе, биће повећано финансирање како би се убрзала глобална обнова капацитета која треба да буде завршена око 2028. Конкретно, замена Бредлија је постала приоритет од напуштања верзије М2А5 и избор војске да се брзо окрене новој платформи: 387 милиона долара планирано је за ову сврху за 2020. годину за производњу и тестирање неколико прототипова. Пошто су информације о овој теми прилично обилне, чини се посебно интересантним да се вратимо детаљно на могућег наследника Бредлија како бисмо ствари ставили у перспективу.

И – Бредли: његова генеза и њене границе

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Mis en service entre 1981 et 1983 dans les régiments mécanisés américains déployés en Europe face au Pacte de Varsovie, le Bradley fait partie des ‘Big Five’, c’est à dire la série de programmes majeurs (M1 Abrams, M2 Bradley, AH-64 Apache, UH-60 Blackhawk et MIM-104 Patriot) initiés par les Américains à la suite de la guerre du Vietnam. Les opérations de contre-guérilla étant alors devenues le paradigme dominant au sein de l’institution militaire américaine, l’hypothèse d’un engagement aéroterrestre de haute-intensité contre les Soviétiques en Centre Europe fut largement délaissée, aussi bien en termes de doctrine que d’acquisition de nouveaux systèmes d’armes. Logiquement, le constat dressé au début de la décennie 1970 n’était plus en la faveur des Américains : les opérations au Vietnam ont interrompu le développement de nombreux systèmes d’armes pendant près de dix ans, laissant l’URSS prendre une longueur d’avance dans plusieurs domaines (chars de combat, véhicule de combat d’infanterie, hélicoptères de combat …). En comparaison de forces soviétiques mettant en service des matériels de bien meilleure qualité que les générations précédentes, l’armée américaine de la moitié des années 1970 se trouvait ainsi largement équipée de nombreux matériels en voie d’obsolescence.

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Un M1 Abrams et un M2 Bradley à Fort Knox, Kentucky, au début des années 1980. Les deux machines sont peintes aux tons du camouflage MERDC été, si caractéristique de cette dernière décennie de Guerre Froide. (@US Army)

On considère généralement que l’introduction des ‘Big Five’ au cours des années 1980 porta ses fruits, puisque la balance technologique fut définitivement rétablie en faveur de l’OTAN sur le théâtre européen. Concernant le cas précis du Bradley, ce véhicule représenta un bouleversement capacitaire certain pour les régiments d’infanterie mécanisée américains, qui ne disposaient à la fin des années 1970 que du M113 pour tenter de concurrencer le BMP-1 soviétique introduit dès 1967. En particulier, sa puissance de feu constituait une rupture grâce à son chaingun M242 Bushmaster de 25 mm, très performant pour prendre à partie les masses de BTR et BMP du Pacte de Varsovie, mais aussi son lanceur double de missile TOW en tourelle en cas de rencontre avec des MBT. Grâce à son moteur Cummins VT903T de 500 chevaux qui lui procurait un rapport poids-puissance suffisant (environ 21,7 hp/t), le M2 était tout à fait capable de suivre les chars M1 en tout-terrain. Des doutes furent cependant émis concernant sa survivabilité, la caisse initiale en aluminium n’étant pas réputée pour sa résilience balistique. Néanmoins, grâce à une optronique performante pour l’époque pour engager ses adversaires à longue distance, ce défaut relatif pouvait être théoriquement compensé sur le champ de bataille ouest-européen.

Depuis son introduction dans cette période troublée, le Bradley a été engagé dans toutes les grandes opérations de combat américaines post-Guerre Froide. Modernisé en conséquence pendant presque 30 ans, le véhicule a aujourd’hui atteint ses limites en termes d’évolutivité architecturale :

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  • Les suspensions à barres de torsion, même si elles ont été renforcées pendant la vie du véhicule, sont aujourd’hui en limite de charge : initialement, le M2 pesait 22,8 tonnes en ordre de combat. Avec les modernisations successives, le M2A3 en service aujourd’hui en pèse 32,6 soit une augmentation de presque 42%. En plus d’une pression au sol accrue au dépend de la mobilité sur les sols meubles, la garde au sol a diminué, passant de 0,46 à 0,39 cm. Le véhicule est donc devenu plus vulnérable aux mines et IED enterrés, ce qui est paradoxal puisque l’augmentation de la masse du véhicule est notamment due aux tuiles de blindage réactif et aux blindages supplémentaires installés sur le châssis et la tourelle.
  • Si le moteur Cummins de 500 chevaux originel a été dopé à 600 chevaux à partir de la version M2A2, cela ne suffit pas à compenser l’augmentation de la masse du véhicule : de 21,7 hp/t., le rapport poids/puissance est tombé à 18 hp/t. à peine sur les M2A3. Déjà devenu pataud, avec une accélération et une vitesse de pointe en berne, le véhicule ne pourra pas encaisser d’alourdissements supplémentaires tout en continuant à accompagner les évolutions en terrain tourmenté des chars M1 dans de bonnes conditions.
  • La puissance électrique disponible à bord n’est plus suffisante pour l’installation de nouveaux équipements supplémentaires et une vétronique de nouvelle génération. Déjà pendant les opérations de combat en Irak, il était connu que les équipages devaient désactiver plusieurs fonctions du véhicule afin de pouvoir utiliser leurs brouilleurs anti-IED. La puissance disponible reste aussi un obstacle important à l’installation d’un système de protection active, les capteurs et calculateurs associés étant très consommateurs d’énergie, en plus de rajouter quelques 500 kg à la masse de combat du véhicule (pour le cas du Trophy-MV par exemple).
  • Malgré les modernisations successives, la protection balistique ne saurait être adéquate pour permettre au véhicule d’évoluer sur les champs de bataille futurs avec sérénité. L’expérience irakienne avait ainsi déjà mis en lumière la vulnérabilité du Bradley face aux tirs de RPG et aux IED enterrés, ce qui avait posé un certains nombres de questions quant à la survivabilité de la plateforme et causant même à terme son retrait, vers 2007, des opérations de combat au profit des M1A2, MRAP et Stryker ICV plus résistants par leur masse ou leur conception initiale (coque en V).
  • Enfin depuis la version A2, le Bradley ne peut transporter que 7 soldats (en plus de l’équipage de 3 personnes), sachant que l’escouade d’infanterie américaine est de 9 personnels. Depuis son introduction, les unités d’infanterie mécanisées américaines doivent ainsi recourir à quatre véhicules pour transporter trois escouades, ce qui pose évidemment des problèmes de coordination du combat débarqué et des surcoûts budgétaires non-négligeables.

Aujourd’hui, l’effort de modernisation du Bradley se concentre sur la version M2A4 pour que la plateforme reste en service jusqu’en 2030 environ et son remplacement progressif par l’OMFV : il est prévu que la motorisation, les systèmes de refroidissement, la transmission et les suspensions à barres de torsion soient renforcées, que la puissance électrique disponible soit accrue afin d’accueillir des équipements supplémentaires (systèmes C2, senseurs ou encore dispositifs de guerre électronique), tandis que la vétronique sera modernisée pour optimiser l’accueil de ces mêmes éléments par une architecture Плуг-анд-плаи. A l’heure actuelle, un contrat de livraison pour 473 M2A4 et M7A4 BFIST (de soutien) est en cours de réalisation par BAE Systems. Pour l’instant, il semble que ce soit l’équipement de 5 ABCT (Armoured Brigade Combat Team), donc 690 M2A4, qui soit à l’ordre du jour.

Ces véhicules sont destinés à être projetés en Europe pour équiper les brigades mécanisées qui y sont prépositionnées. C’est la même logique qui prévaut que pour les M1A2 SEP V3 / M1A2C, à savoir le déploiement des versions les plus modernisées en Europe et de manière urgente. La crise ukrainienne, à l’occasion de laquelle les Occidentaux ont pu constater le net renforcement des capacités militaires russes qui contrastait avec des années de stagnation, a clairement joué un rôle d’électrochoc. Exactement comme après la guerre du Vietnam, de gros doutes ont alors émergé quant aux capacités réelles de l’armée américaine à conduire avec succès des opérations aéroterrestres d’ampleur sur le Vieux-Continent après près de 15 ans d’opérations de contre-insurrection en Afghanistan et en Irak.

Le Bradley M2A5, qui devait initialement être développé après la version A4 au milieu de la décennie 2020, a finalement été abandonnée l’année dernière par l’US Army au profit du programme OMFV, et donc d’une nouvelle plateforme. Il était notamment question de développer une nouvelle tourelle et / ou un nouveau châssis complet et d’intégrer un canon de XM813 Orbital ATK de 30 mm (le même que sur les Stryker Dragoon) ainsi qu’un système de protection active Trophy ou Iron Fist. Freiner le déclassement du Bradley face à ses nouveaux concurrents russes ou chinois, équipés d’armements lourds et parfois de système de protection hard-kill, était ainsi très clairement l’objectif de cette ultime modernisation. Rappelons que le T-15 russe, basé sur la plateforme Armata, dispose d’un système de protection active Afganit susceptible d’intercepter les missiles TOW utilisé par le Bradley, d’un blindage frontal très fortement incliné probablement capable de mettre en échec les projectiles de 25 x 137 mm, dont le classique M791 APDS-T et le M919 APFSDS-T plus récent. L’armement principal du T-15 se compose d’origine d’un 2A42 KBP en 30 x 165 mm dans une tourelle Bumerang-BM, ainsi que d’un lanceur double de missiles Kornet-EM. A l’occasion du salon Army 2018 près de Moscou, les Russes ont aussi dévoilé une version équipée d’une tourelle AU-220M intégrant un canon de 57 mm dérivé de la pièce antiaérienne AZP S-60 du même calibre. On comprend alors aisément la volonté américaine de redonner rapidement du « punch » à ses véhicules de combat d’infanterie.

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En l’état, le Bradley est en train de devenir inférieur à ses derniers concurrents russes : non seulement il ne dispose pas d’un système de protection active, mais son armement principal (aussi bien son canon que ses missiles) est devenu trop léger pour lui assurer la supériorité sur le champ de bataille moderne. (@US Army)

II – Le programme OMFV

Lancé à l’été 2018, le programme OFMV est un fait un programme subsidiaire du programme NGCV (Борбено возило следеће генерације), qui regroupe plusieurs projets de renouvellement des véhicules de combat principaux de l’US Army: on trouve notamment le programme AMPV (Armored Multi-Purpose Vehicle) de remplacement des M113 ou encore le DLP (Платформа одлучне смртоносности) dédié au successeur du M1 Abrams. Deux autres programmes d’acquisition de nouveaux systèmes de combat sont également prévus : le char léger MPF (Мобилна заштићена ватрена моћ) et le projet RCV (Robotic Combat Platform) de drones terrestres. Il est cependant intéressant de mentionner qu’il s’agit ni moins de la troisième tentative, après le FCS (Future Combat System) entre 1999 et 2009 et le GCV (Ground Combat Vehicle) entre 2009 et 2014, pour tenter de remplacer le Bradley (et pas seulement). On estime que près de 20 milliards de dollars ont été dépensé en pure perte sur le FCS et 1 milliard de plus sur le GCV. Des gouffres financiers comme l’industrie militaire américaine, relativement inefficiente, sait en produire de nombreux. Les observateurs avertis se souviennent ainsi bien du GCV de 84 tonnes (plus de deux fois la masse du Bradley aujourd’hui !) à 19 millions d’euros pièce qui était sorti des bureaux d’étude de BAE Systems et avait été largement critiqué pour être totalement inemployable en plus d’être technologiquement immature.

Aujourd’hui, on note néanmoins une ambition claire de la part de l’US Army de tirer les enseignements des échecs passés. Si le FCS était basé sur l’employabilité et que le GCV érigeait la survivabilité comme principe fondamental, l’OMFV sera avant tout un système au risque technologique global faible, qui se voudra limité par la maturité des composants et sous-systèmes utilisés. Comme il n’y a pas réellement de technologies majeures à développer en sus, le calendrier est devenu très serré : l’émission de la Захтев за предлог est attendue au dernier trimestre 2019, pour un contrat début 2020, un lancement de la production dès 2022 et les premiers véhicules opérationnels en 2026.

A l’heure actuelle, les spécifications principales du programme sont les suivantes :

  • Le véhicule sera optionnellement habité, et doit donc pouvoir être opéré à distance.
  • L’équipage devra être de deux personnes si possible, tandis que le véhicule devra pouvoir transporter au moins six combattants équipés supplémentaires. Il faut y voir une conséquence claire de l’échec du GCV, qui était à l’époque dimensionné pour transporter une escouade complète de 9 soldats avec un niveau de protection très élevé, ce qui a abouti à des concepts monstrueux et souvent plus lourds que les Abrams. L’Army revient donc sur la configuration par défaut du Bradley initial, qui pouvait transporter 6 combattants équipés jusqu’à la version A2. Le but est clairement de conserver une plateforme équilibrée, avec une bonne mobilité tactique, opérative et stratégique. L’employabilité semble ainsi avoir le dernier mot.
  • Deux OMFV devront être transportables par un C-17, ce qui suppose une masse à vide d’environ 38 tonnes par véhicule. Si l’exigence de protection du futur véhicule est revue à la hausse, il est tout à fait possible que cette spécification soit modifiée et passe à un unique véhicule par C-17, comme c’est déjà le cas pour les chars M1 par exemple.
  • L’armement principal devra avoir un débattement en site très important pour les futures opérations en zones urbaines, afin de détruire des cibles situées dans les derniers étages des constructions modernes mais aussi des cibles rapprochées et parfois souterraines (caves, tunnels, soupiraux …). Ce qui suppose donc une certaine ingéniosité architecturale dans la conception de la tourelle. D’autant plus qu’un canon à projectiles télescopés, à la culasse bien plus compacte qu’un modèle conventionnel, n’est pas au programme.
  • L’architecture globale du véhicule devra assurer l’évolutivité de la plateforme pendant toute sa durée de vie. On parle donc d’une structure très modulaire puisqu’elle sera en service pendant au moins 40 ans.
  • Des spécifications additionnelles, procurant des points supplémentaires dans le processus de sélection, traitent de la capacité du véhicule à recevoir des tuiles de blindage réactif, un système de protection active, à intégrer des algorithmes d’intelligence artificielle ou encore des armes à énergie dirigée.

III – Les concurrents

Si le Pentagon attendrait officiellement jusqu’à 6 ou 7 entreprises concurrentes pour la phase de RFQ de l’OMFV, seules trois ont déjà présenté officiellement un système complet lors d’un salon : il s’agit de General Dynamics, BAE Systems et l’alliance Raytheon – Rheinmetall Land Systems. Il est possible que d’autres entreprises, comme le consortium SAIC-ST Kinetics qui se présente déjà sur le programme de char léger MPF, soit également de la partie. Pour l’instant, seules quelques images d’un concept ressemblant au nouveau NGAFV (Next Generation Armoured Fighting Vehicle) singapourien ont fuité de leur part.

BAE Systems :

Lors de l’édition 2016 du salon AUSA, BAE Systems présentait son Bradley Next Generation Prototype, qui était en réalité un Bradley totalement refondu et pensé pour rester en service jusqu’en 2035 environ. Développé sur fonds propres et terminé en 9 mois, ce démonstrateur n’avait en réalité plus grand-chose à voir avec le Bradley originel : sa masse de combat était portée à 45 tonnes, sans compter que le véhicule disposait en plus de 5 tonnes de charge utile supplémentaire pour assurer son évolutivité pendant le reste de sa durée de vie. Logiquement, la quasi-totalité de la mécanique du véhicule avait été refaite pour soutenir ces évolutions : on notait par exemple une nouvelle transmission ou encore les suspensions à barres de torsion remplacées par des systèmes hydropneumatiques fabriqués par Mitsubishi Heavy Industries. Pour optimiser l’espace interne et la survivabilité du véhicule, en plus des tuiles réactives et slats armor latéraux, les réservoirs de carburant auto-obturants étaient désormais placés à l’extérieur du véhicule. Enfin, ce démonstrateur partageait un certain nombre de pièces communes avec l’AMPV, comme les réservoirs ou l’électronique embarquée, afin d’optimiser les coûts de maintien en condition opérationnelle. Mais finalement, avec la décision de l’U.S. Army de changer de plateforme pour la prochaine génération de véhicule de combat d’infanterie, il n’est clairement plus dans l’intérêt de BAE Systems de proposer ce démonstrateur pour concourir dans le programme OMFV.

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Malgré ses améliorations architecturales et mécaniques, le Bradley Next Generation Prototype
dévoilé par BAE Systems en 2016 conservait son M242 de 25 mm, un canon jugé pas assez puissant aujourd’hui dans le cadre d’opérations contre un adversaire équivalent. La tendance mondiale tend aujourd’hui à s’orienter vers la tranche 30 – 35 mm. (@BAE Systems)

A la place, BAE Systems compte maintenant proposer son CV90 Mk4. Déjà exposé lors d’IAV 2018 puis à Eurosatory 2018, le CV90 Mk4 est la dernière itération de la célèbre plateforme CV90, déjà largement vendue (plus de 1.200 exemplaires) à l’export depuis la fin des années 1990 au Danemark, aux Pays-Bas, à la Norvège, à la Finlande, en Suède, en Suisse ou encore en Estonie plus récemment. Le CV90 Mk4 se caractérise se veut avant tout une plateforme très modulaire. Tel que configuré pendant ces salons, le CV90 Mk4 peut transporter 8 soldats équipés en plus son équipage de 3 hommes.

L’ensemble du train de roulement a été entièrement mis à niveau pour conserver la même mobilité que les versions précédentes en dépit de l’accroissement continu de la masse du véhicule au cours des modernisations successives et qui atteint 37 tonnes sur cette version. Le moteur a été remplacé par un nouveau bloc Scania de 1.000 hp associé à une transmission Perkins X-300 de nouvelle génération. On note également l’arrivée de la suspension active pour améliorer la mobilité sur terrains difficiles et la stabilité de la plateforme. Le véhicule est aussi équipé par défaut de chenilles souples Soucy Defense (déjà en service chez les Norvégiens sur leur CV90 MkIIIb et bientôt les Danois), qui réduisent à la fois la masse totale du véhicule, les vibrations, les frottements, et donc la consommation de carburant du véhicule.

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Le CV90 Mk4 exposé à AUSA 2018. C’est pour l’instant la plateforme la plus légère proposée dans le cadre du programme OMFV.

Sur le plan de l’armement principal, le CV90 Mk4 est équipé du Bushmaster III chambré en 35 x 228 mm. La tourelle fait désormais partie des E-series, c’est à dire configurable facilement selon les besoins de l’utilisateur aussi bien au niveau de l’armement principal que des modules annexes. Ainsi, la tourelle peut recevoir un armement allant du Bushmaster M242 de 25 mm au Compact Tank Gun de 120 mm RUAG, en passant par les modèles de canons de 30, 40, 50 ou encore 105 mm. Les modules missions se fixent quant à eux sur les flancs : la configuration exposée à chaque salon comprend un module avec une mitrailleuse coaxiale Mk52 de 7,62 mm ATK sur la droite de la tourelle et un autre avec un lance-missile SPIKE-ER double sur la gauche. A l’occasion du salon Eurosatory 2018, BAE Systems présentait également un module latéral avec un lance-grenade Mk19 de 40 mm et un autre pouvant déployer des mini-drones de reconnaissance. Concernant la protection, le CV90 Mk4 est équipé du système hard-kill Iron Fist – Ligh Decoupled développé par l’israélien IMI, d’ailleurs en cours d’installation sur les CV9035NL hollandais par BAE Systems.

Le CV90 a aussi beaucoup à offrir sur le plan de la fusion de données et de la vétronique. Il dispose ainsi de la dernière architecture numérique NATO-evolved Generic Vehicle Architecture (NVGA) qui, couplée à des capacités de calculs supérieures des ordinateurs embarqués, a bien augmenté les capacités de fusion et de traitement de données, tout en permettant l’intégration de premiers algorithmes d’intelligence artificielle. Grâce à ces nouvelles capacités de traitement de l’information, BAE Systems est aussi en train d’intégrer le système de réalité augmentée BattleView360 dans sa dernière version du CV90. Fonctionnant grâce au casque à écran intégré Q-Sight, ce système permet de superposer une représentation visuelle des informations fusionnées dans le logiciel C2 aux images des caméras extérieures du véhicule. D’où la nécessité de disposer de capacités de calculs importantes dans le véhicule pour éviter les latences. Ainsi, cela doit permet aux membres d’équipage de ‘voir’ au travers du véhicule tout en restant sous blindage. Des fonctions de ciblage, en couplant l’armement principal aux mouvements de la tête du tireur ou du commandant comme dans certains hélicoptères de combat, sont aussi envisageables. C’est un système qui est finalement tout à fait comparable à l’Iron Fist développé par Elbit Systems.

General Dynamics Land Systems :

De son côté, General Dynamics Land Systems (GDLS) exposait son démonstrateur Griffin III lors du salon AUSA 2018. Il s’agit en réalité d’un véhicule avec le châssis légèrement modifié de l’Ajax britannique et d’une nouvelle tourelle conçue pour l’occasion par le groupe américain. La masse totale approcherait les 40 tonnes. D’une conception totalement modulaire, le Griffin III pourra accueillir un équipage de 2 ou 3 hommes en fonction de la demande finale de l’U.S. Army. Le compartiment arrière permet quant à lui d’embarquer 6 combattants tout équipés tandis que du volume reste disponible pour accommoder les modules et équipements supplémentaires qui ne manqueront pas de se manifester pendant la vie de la plateforme. Comme c’est aujourd’hui la norme, l’architecture électronique est largement ouverte et évolutive afin de pouvoir installer ou désinstaller facilement des composants en fonction du besoin opérationnel et des progrès technologiques.

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Le Griffin III de General Dynamics Land Systems. Sa tourelle est volumineuse afin d’accueillir le canon de 50 mm et les munitions associées. (@GDLS)

En termes d’armement, le Griffin III était présenté équipé d’un canon de 50 mm développée par l’ARDEC (Army Research, Development and Engineering Center). Le nom de cette arme est encore difficile à connaître avec certitude, mais il est fort probable qu’il s’agisse du Bushmaster III d’Orbital ATK, dans sa version retravaillé par l’ARDEC et désignée XM913 Enhanced Bushmaster III. Il tirerait des munitions de 50 x 228, une version très proche du 35 x 228 dans ses dimensions. Des munitions en 50 x 228 perforantes et explosives expérimentales furent dévoilées à la même période que le salon AUSA 2018 par Orbital ATK.

En plus d’être relativement novateur dans le paysage actuel, le 50 mm est un calibre très intéressant qui offre un très bon compromis entre puissance de feu, cadence de tir (entre 110 et 200 coups par minute), versatilité des projectiles et capacité d’emport, et qui représenterait у реду un net bond capacitaire par rapport au M242 de 25 mm actuellement en service sur le Bradley. L’ARDEC parle d’une capacité d’engagement à 5.300 mètres pour les munitions perforantes (ce qui paraît quelque peu surévalué), soit environ 3.000 de plus que le M242, et la capacité théorique de prendre à partie des IFV lourds, et notamment les T-15 et Kurganets-25 russes ou encore le nouveau VN-17 chinois. La taille des projectiles de 50 mm permet ainsi d’utiliser non seulement des projectiles perforants avec des flèches relativement longues et donc de bonnes capacités de perforation, mais également des obus programmables avec une capacité airburst. Les APFSDS-T (Armor Piercing Fin-Stabilized Discarded Sabot w/ Tracer), PABM-T (Programmable Air Bursting Munition) et TP-T (Target Practice w/ Tracer)sont pour l’instant les seules munitions à avoir été dévoilées pour le XM913. L’inconnue réside désormais dans la capacité d’emport en munitions du blindé et donc sa persistance sur le champ de bataille. Gageons qu’elle sera supérieure au CV9040C suédois et ses 24 coups de 40 mm prêts à l’emploi seulement…

L’armement principal du démonstrateur dispose enfin d’un débattement en site particulièrement important, le tube pouvant s’élever à 85° et s’abaisser de 20°. Un avantage qui ne serait plus à démontrer en combat urbain. Les premiers essais de tir de l’ensemble sont prévus pour l’été 2019, tandis que l’ARDEC est d’ores et déjà en train de tester le XM913. Par ailleurs, et cela est assez intéressant pour le souligner, le Griffin III dispose de plusieurs mini-drones volants embarqués, pouvant être mis en œuvre sous blindage (lancement par tube), fabriqués par AeroVironment Inc. pour la reconnaissance et l’attaque : le drone Shrike 2 de reconnaissance en configuration VTOL et le Switchblade d’attaque, capable d’emporter une charge explosive légère à une dizaine de kilomètres. A noter que cette entreprise fabrique déjà des drones légers pour les forces américaines, comme les fameux RQ-11B Raven and RQ-20A/B Puma.

La protection du véhicule est principalement assurée par le système hard-kill Iron Fist – Ligh Decoupled développé par l’israélien IMI. Les radars et senseurs infrarouges du système, en plus des détecteurs d’alerte laser, sont installés de chaque côté de la tourelle, tandis que les deux lanceurs double des charges à fragmentation sont installés sur le toit de tourelle pour couvrir 360°. Le blindage passif de base est probablement équivalent à celui de l’AJAX britannique et se situerait donc au niveau STANAG 4 (munitions B32 API de 14,5 x 114 mm à 200 mètres) pour le volet balistique sur l’intégralité du périmètre opaque et STANAG 3a / 3b (8 kg de TNT) contre les explosifs. Nul doute que des panneaux supplémentaires et des tuiles ERA pourront être installés sur le véhicule en fonction du contexte opérationnel. Enfin, pour réduire sa signature, le véhicule présenté à AUSA 2018 était équipé d’une solution originale, à savoir les tuiles de camouflage 3D hexagonal Tacticam développées par Armorworks. Ce kit est réputé pour réduire les émissions thermiques et électromagnétiques par les motifs irréguliers et en relief formés par l’imbrication des tuiles.

Rheinmetall Land Systems – Raytheon :

Enfin, le dernier concurrent est le Lynx KF41 de Rheinmetall Land Systems, présenté conjointement avec Raytheon. Dévoilé lors du salon Eurosatory 2018, le Lynx KF41 est le dernier-né du groupe Rheinmetall. Il s’agit d’un IFV lourd du segment des 40 – 50 tonnes qui est actuellement proposé pour le programme Land 400 Phase 3 dans le cadre du remplacement des M113AS4 australiens et dans la compétition en République Tchèque pour le remplacement des BMP-2 tchèques. Le marché américain qui s’ouvre pour le remplacement des Bradley est donc, pour l’instant, la troisième opportunité – et pas la moindre – de Rheinmetall pour écouler son Lynx. Dans ce dernier cas, il a été nécessaire pour les Allemands de trouver un partenaire local solide, non seulement pour donner des garanties au gouvernement américain quant à la solidité de l’offre et aux retombées industrielles, mais aussi pour pénétrer plus facilement les méandres très complexe du système de набавка du Pentagon.

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(@Defense News / Rheinmetall)

Il s’agit pour le moment de la plateforme la plus lourde de la compétition : d’une masse maximale de 50 tonnes, le Lynx dispose d’environ 18 tonnes de charge utile, ce qui nous donnerait une masse à vide de 38 tonnes pour le châssis. Cela semble cohérent, le Lynx KF31 du segment inférieur pesant lui aussi 38 tonnes en charge. Cette charge utile importante permet à la plateforme d’être très versatile et configurable en de nombreuses variantes, aussi bien dédiées à des missions de commandement, de transport de troupes que de génie, de dépannage ou encore d’appui-feu. Pour la version IFV exposée à AUSA 2018, Rheinmetall parle d’une charge utile de 6 tonnes, et donc d’une masse à vide de quelques 44 tonnes. Le groupe allemand a ainsi fait le choix de présenter une plateforme lourde qui semble, en l’état, ne pas respecter la spécification de l’U.S. Army qui demande à pouvoir transporter 2 OMFV dans un unique C-17. En réalité, Rheinmetall a choisi une approche un peu différente de ses concurrents : le Lynx est en effet plus volumineux que les autres plateformes présentées par GDLS et BAE Systems. Il est aussi plus long que le Bradley de 1,2 mètre environ. Grâce à cet espace supplémentaire, le Lynx KF41 peut embarquer 3 membres d’équipage mais aussi une escouade d’infanterie complète de 9 hommes. De cette manière, le Lynx est taillé pour respecter les exigences finales de l’armée américaine qui se présenteront ultérieurement, au risque de perdre des points sur la mobilité stratégique notamment.

Au niveau de l’armement principal, le Lynx KF41 est équipé de la tourelle LANCE 2.0 au carénage caractéristique, probablement destiné à optimiser la signature radar du véhicule. Cette tourelle intègre un canon Rheinmetall WOTAN 35 chambré en 35 x 228 mm qui possède un débattement en site de +45 à -10°. La capacité d’accueillir un canon de 50 mm a aussi été évoquée par Raytheon, qu’il s’agisse du XM-913 dont nous parlions plus haut ou encore du Rh-503, chambré en 50 x 330 Supershot et développé par Rheinmetall pour le projet abandonné du Marder 2 dans les années 1980. En plus de sa mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm, le LANCE 2.0 du Lynx intègre sur son flanc gauche un lance missile double. Principalement destiné à des missiles anti-chars comme le SPIKE LR2, Rheinmetall a aussi parlé de la possibilité d’intégrer des Stinger pour disposer d’une capacité SHORAD à demeure. Lors du salon AUSA 2018, Raytheon présentait son missile TOW-ER, qui a abandonné son système de guidage filaire et peut désormais atteindre une cible à 5.000 mètres. Ce modèle sera vraisemblablement intégré dans le Lynx « américanisé ».

Sur le plan de la protection, le Lynx conserve un blindage passif épais qui serait au niveau STANAG 6 sur l’arc frontal et les flancs (munitions APFSDS de 30 x 173 mm à 500 m) et équivalent au STANAG 4 sur le reste du périmètre (pour rappel, B32 API de 14,5 x 114 mm à 200 m). Pour la protection contre les explosifs, on parlerait d’un niveau STANAG 4a / 4b, c’est à dire une charge explosive équivalente à 10 kg de TNT sous le plancher ou une chenille. Le Lynx dispose également du système de protection active Quick Kill de Raytheon. Il s’agit en fait du système développé dans la seconde moitié des années 2000 pour le programme FCS et qui est resté à l’état de démonstrateur jusqu’à présent. Sa particularité est qu’il est sensé offrir une protection hémisphérique complète. Son fonctionnement est un peu différent des autres dispositifs hard-kill sur le marché, puisque les lanceurs de contre-mesures sont disposés à la verticale. Une fois lancées, ces dernières s’orientent sur la cible grâce à des mini-propulseurs vectoriels pour la détruire. Etant éjectées à la verticale avant de retomber sur les cibles assaillantes et donc de concentrer leur souffle vers le sol, les contremesures sont censées produire moins d’effets collatéraux que les autres systèmes concurrents.

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Le programme de remplacement du Bradley relève d’une importance significative dans le renouvellement capacitaire américain postérieur aux engagements de stabilisation en Irak et en Afghanistan. Il semble aujourd’hui relativement clair que le Bradley est en voie de déclassement rapide, son armement, sa protection et son architecture étant arrivés à leurs limites intrinsèques face aux nouvelles générations de véhicules de combat d’infanterie russes et chinois. Cependant, la Russie et la Chine semblent avoir abattu leurs dernières cartes dans le domaine, et ne dévoileront probablement pas de nouveaux IFV de sitôt. Ainsi, si les Américains semblent désormais accuser un certain retard, ils connaissent désormais, et pour les prochaines années si ce n’est décennies à venir, les véhicules concurrents qu’ils affronteront peut-être sur les champs de bataille futurs. Gageons que cela va leur permettre d’édicter des demandes et des spécifications très précises et donc d’éloigner le spectre d’un « mouton à cinq pattes » pour se concentrer sur des designs épurés et efficients. Pour le moment, c’est ce qui semble se produire : la maturité technique des plateformes qui intéressent l’U.S. Army aujourd’hui en témoigne. La provenance des trois plateformes proposées pour le moment dans le cadre de ce programme est aussi révélatrice d’une chose : les Américains seraient ainsi vraisemblablement disposés à choisir un design étranger, pour autant qu’il respecte au mieux les exigences de l’Army d’obtenir le « best bang for the buck ».

Plus largement, le programme OFMV met en lumière encore une fois deux tendances intéressantes, évidemment totalement liées, dans le domaine des véhicules blindés. D’abord, on remarque un accroissement des calibres de l’armement principal : la gamme 20 – 25 mm était relativement standard dans les forces de l’OTAN à partir des années 1970. Aujourd’hui, les nouvelles plateformes occidentales et les tourelles de moyen calibre intègrent souvent une arme principale dans le segment 30 – 40 mm. Le seul succès du Bushmaster II Mk44, vendu à plus de 1.600 exemplaires dans 20 pays, n’est plus à démontrer. Notons aussi la popularité du 40 mm télescopé, qui va équiper à la fois les EBRC Jaguar français mais aussi les AJAX et Warrior modernisés (WCSP) britanniques. En s’intéressant directement à des calibres comme le 50 mm, les Américains s’inscrivent en réalité dans une tendance bien connue de course permanente entre l’épée et la cuirasse. Logiquement, ces choix ont un impact clair sur l’augmentation de la masse des véhicules en comparaison des générations précédentes. Pour accommoder un armement principal plus gros et plus lourd, il a fallu agrandir les tourelles, et donc dimensionner les châssis et les motorisations en conséquence. Ainsi, si l’on considère que l’OMFV aura une masse à vide de 38 tonnes, alors il pèsera quand même près de 70% de plus que le Bradley qu’il est supposé remplacer. Une tendance générale d’accroissement des masses qui se vérifie sur tous les véhicules modernes et à venir, et à laquelle l’OMFV n’échappera probablement pas.

Passionné par les véhicules blindés et les matériels militaires, Nicolas Maldera est actuellement Bid Manager chez Centigon France, une PME bretonne bien connue dans la fabrication de véhicules blindés civils pour les ministères, les ambassades, les forces spéciales ou encore les forces de sécurité intérieures. Ayant travaillé chez Nexter en analyse concurrentielle, contributeur Défense pour la Fondation iFRAP, il est également l’auteur de l’ouvrage paru le 7 mars 2019 intitulé ‘Cooperation in Land Armaments Procurement – An Empirical Study of Franco-German Projects' sur les projets avortés de chars franco-allemands depuis les années 1950.

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