mardi, mars 19, 2024

Ukraine, Taïwan : les Etats-Unis vont-ils changer de posture face à la Russie et la Chine ?

La carte géopolitique mondiale aujourd’hui est encore largement conditionnée par des accords signés pendant ou juste après la Guerre Froide, et a été très efficacement mise en scène par Moscou et Pékin ces 20 dernières années, sans que ni les Etats-Unis, ni l’Occident en général, n’aient montré une quelconque determination à s’y opposer. C’est ainsi que les accords sino-américains autour du cas de l’ile de Taïwan ont été négociés à partir du début des années 70, dans le but d’écarter Pékin de l’équation de la Guerre Froide et du camp soviétique, et ce alors même que l’ile n’avait nulle intention de rejoindre la République Populaire de Chine. La notion de sphère d’influence héritée des négociations post-guerre-froide en Europe de l’Est a également été au coeur de la politique russe en Ukraine, Moldavie, Biélorussie ou encore Georgie, ainsi que dans de nombreuses anciennes républiques soviétiques du Caucase et d’Asie centrale.

Ces dernières années, Pékin comme Moscou ont largement intensifié leurs revendications territoriales et géopolitiques, sans que ni les Etats-Unis, ni les Européens, ni les pays bordant la Mer de Chine, ne s’y soient opposés avec force, ne souhaitant pas menacer les fructueuses relations commerciales avec la Chine, ou la dépendance au gaz russe, laissant les dirigeants des deux pays durcir leurs revendications, allant jusqu’à parler de « ligne rouge » si l’occident venait à les défier à ces sujets. C’est précisément ce à quoi Washington, mais également l’OTAN, semblent vouloir mettre un terme aujourd’hui, plusieurs déclarations récentes allant clairement dans ce sens, alors que les tensions ne cessent de s’accroitre face à ces deux pays. Ces déclarations laissent supposer que, sous l’impulsion des Etats-Unis, l’Occident serait désormais prête à durcir le ton face à Moscou et Pékin, quitte à franchir les fameuses lignes rouges tracées par Vladimir Poutine et Xi Jinping.

L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN pour contenir la Russie

En Europe, c’est le Secrétaire Général de l’OTAN, l’ancien premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, qui a ainsi déclaré, à l’occasion d’une conférence de Presse suite à sa visite à Washington pour rencontrer le Secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin, que l’Alliance devait désormais faire évoluer sa politique d’extension pour faire face à la menace croissante russe. Et d’ajouter que la notion de Sphère d’Influence russe héritée de la Guerre Froide n’était plus en phase avec la réalité politique en Europe, et que l’OTAN ne devait donc plus s’interdir d’accueillir de nouveaux alliés, même si cela venait à franchir les lignes rouges tracées par les dirigeants russes. Naturellement, il est ici question, d’abord et avant tout, de l’Ukraine, qui ne cesse de taper à la porte de l’OTAN, et dans une moindre mesure de l’Union européenne, depuis l’annexion, en 2014, de la Crimée par les forces russes, et le soutien important apporté par Moscou aux sécessionnistes du Donbass. Il faut dire qu’avec 255.000 militaires d’active, et 900.000 réservistes, les forces armées ukrainiennes pourraient représenter un allié de poids pour le front oriental de l’OTAN, pour peu que l’Alliance accepte d’aider Kiev à moderniser ses équipements militaires.

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Les armées ukrainiennes sont numériquement plus importantes que les armées françaises, britanniques, allemandes ou italiennes. En revanche, elles ne disposent pour l’essentiel que de materiels obsolètes hérités de l’époque soviétique.

Il y a quelques jours, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a ainsi réitéré son intention d’intégrer son pays à l’Alliance Atlantique, mais également de trouver les 25 Md$ qu’il estime nécessaires à la modernisation de ses forces armées. La candidature de Kiev a reçu, concomitamment aux déclarations de Jens Stoltenberg, un soutien très appuyé du président Polonais Andrzej Duda à l’occasion du Forum sur la Sécurité de Varsovie qui s’est tenu le 5 octobre. En outre, ce dernier a appelé à une plus grande coopération entre l’OTAN et l’Union européenne pour faire face à la menace croissante venue de Russie, estimant que celle-ci menaçait désormais non seulement le front Est de l’Alliance, mais également ses fronts Sud et Nord. Et d’estimer que si, aujourd’hui encore, les forces armées de l’Alliance Atlantique surpassaient les armées russes, ces dernières disposaient d’une capacité de mobilisation et de déploiement leurs conférant un avantage tactique et même global en Europe. Rien d’étonnant à cela, puisque les armées russes ont montré qu’elles étaient capables de mobiliser et de déployer en 3 semaines plus de 120.000 hommes à la frontière ukrainienne, là ou l’OTAN n’est en mesure que d’en mobiliser 40.000 dans le meilleur des cas sur un relais similaire pour les déployer sur ses frontières orientales. Dans ces conditions, les forces armées ukrainiennes pourraient de toute évidence apporter une plus-value déterminante pour dissuader Moscou de toute initiative malheureuse en Europe, même si les Etats-Unis venaient à être engagés dans le Pacifique.


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