जबकि FC31 Gyrfalcon était présenté comme l’appareil sélectionné par la Marine Chinoise pour équiper ses futurs porte-avions dotés de catapultes, plusieurs informations pointent désormais vers la conception d’une version embarquée du chasseur J-20, déjà en service dans les forces aériennes chinoises, pour équiper ses bâtiments. Le FC-31, plus léger, ne serait pas toutefois définitivement écarté puisqu’il serait question d’en conserver une version sous forme de chasseur moyen embarqué, complémentaire des chasseurs lourds J-20, à l’instar du J-15 sur les porte-avions à tremplin actuellement en service dans la marine chinoise.
Cette information n’est pas, en soit, une surprise, car à peine la préférence de la marine chinoise pour le Gyrfalcon fut-elle annoncée que de nombreuses voix, plus ou moins officiellement, émirent des réserves à son sujet. Contrairement au J-20, le FC-31 n’est pas en service dans l’APL, et il semble que le developpement de l’appareil rencontre de nombreuses difficultés. Développé en fond propre par CAC, un des deux constructeurs aéronautique d’Etat chinois, le FC-31 ne s’appuie sur aucune commande de la part de l’APL, et était initialement destiné au marché export. Plus léger que le J-20, il devait concurrencer le F35A et C, dont il reprend l’aspect général, la configuration bi-moteur en plus. Mais le constructeur a été contraint de profondément changer son prototype suite aux premiers essais en vol en 2012, les performances étant, semble-t-il, très en deçà des attentes. Le nouveau FC-31 a été observé à plusieurs reprises depuis 2017, sans pour autant être officiellement présenté lors d’un grand salon aéronautique, ce qui laisse planer de nombreux doutes sur la maturité de son concept.
C’est probablement un des paramètres ayant amené la Marine à changer son fusil d’épaule, en choisissant le J-20 de Chengdu pour équiper ses porte-avions CATOBAR. En effet, la construction du premier exemplaire de cette nouvelle classe de bâtiment avance désormais rapidement, et son entrée en service est estimée entre 2022 et 2023. Les difficultés de CAC pour proposer un modèle finaliser de son appareil plus de 8 ans après son premier vol aura naturellement amené les autorités de la Marine Chinoise à privilégier la sécurité, d’autant qu’un des principaux arguments avancés pour justifier la construction de porte-avions dotés de catapultes repose sur la mise en oeuvre d’appareils de 5ème génération (4eme génération selon la classification chinoise). La Marine devra cependant faire cohabiter deux chasseurs polyvalents lourds, les J-15 et J-20, sur ses porte-avions, et donc, probablement, réduire le nombre total d’appareils mis en oeuvre par ses nouveaux bâtiments. En revanche, le J-20, par son allonge et son importante capacité d’emport en soute, fournira à la Marine Chinoise un avantage non négligeable vis-à-vis des porte-avions américains, japonais ou sud-coréens, équipés en matière de chasseurs de 5ème génération de F35B et F35C, plus légers, et plus limités dans ces domaines.
Il ne faudra toutefois pas s’attendre à voir le J-20 sur les ponts des nouveaux porte-avions chinois avant 2030. Selon les experts interrogés par le site China Mail Daily, il faudra en effet une dizaine d’année pour transformer le J-20 en appareil embarqué, avec des dimensions et une résistance adaptées aux difficiles conditions de l’emploi sur porte-avions. La navalisation d’un appareil qui n’a pas été initialement conçue dans cet optique est un exercice qui a rarement été couronné de succès. Mais les russes avec le Mig29 et le Su-33, puis la Chine avec le J-15 dérivé de ce dernier, ont montré que cette approche était possible, et pouvait produire des appareils résistants au potentiel opérationnel cohérent. On comprend, à ce titre, par le délais de 10 ans annoncé, que ce processus entraine la refonte profonde, et non un simple renforcement structurel de l’appareil.
Il faut noter que si le J-20 n’entrera en service qu’en 2030, il est probable que la période 2020-2030 sera principalement employée par la Marine Chinoise pour parfaire sa maitrise du combat aéronaval, même si 3, et plus probablement 4, nouveaux porte-avions CATOBAR entreront en service sur la même période, dont au moins 2 seront à propulsion nucléaire. On peut également s’attendre à l’entrée en service de drones de combat furtifs durant cette décennie, afin de renforcer l’efficacité des J-15 embarqués certes très polyvalents et puissamment armés, mais également très peu discrets. Surtout, il faudra suivre l’entrée en service des J-15D, version guère électronique du J-15 qui, à l’instar du Growler américain, est conçu pour accompagner les avions de combat J-15 et brouiller les radars adverses sur une large bande de fréquence, de sorte à les protéger des systèmes de détection et de défense anti-aérienne adverses.
Malgré les tensions internationales et le renforcement généralisé des forces navales dans la région pacifique, renforcement dont elle est en partie à l’origine, la Marine Chinoise, par cette annonce, montre qu’elle entend gérer sa montée en puissance avec méthode et précision, comme elle l’a fait depuis 15 ans. Sans fébrilité ni précipitation, elle donne le temps nécessaire aux industriels pour concevoir les systèmes à venir, sans négliger sa puissance actuelle, puisqu’elle continue de recevoir une dizaine de J-15 et forme une vingtaine de nouveaux pilotes de chasse embarqués chaque année. Ainsi, le nouveau porte-avions Type 001A qui entrera en service d’ici la fin de l’année, recevra simultanément son équipage et son groupe aérien complets, formés et équipés, moins d’un an après l’entame de ses tests à mer. Rare sont les Marines qui peuvent, aujourd’hui, se prévaloir d’une telle maitrise et d’un tel professionnalisme…