mardi, mars 19, 2024

Les Etats-Unis veulent-ils éliminer l’industrie de défense française ?

Ces dernières années, les Etats-Unis ont souvent ravi au nez et la barbe de la France d’importants contrats de Défense, parfois même en pesant pour que le client choisissent un autre prestataire, du moment que celui-ci n’était pas français. Qu’il s’agisse des hélicoptères Caracal polonais, des F-35 belges ou suisses, des corvettes qatari, ou très récemment, des sous-marins australiens, les administrations américaines successives ont démontré une réelle volonté d’empêcher la France d’accéder à certains marchés internationaux, allant jusqu’à mener des opérations massives pour éjecter Paris, comme en Grèce au sujet des frégates et de la commande de Rafale. Pour certains observateurs, il ne s’agit là que d’une stratégie commerciale, opportunément résumée par un « business is business » qui justifierait l’agressivité dont font preuves les Etats-Unis face à la France.

Toutefois, en observant les stratégies employées, et la determination dont font preuve les Etats-Unis dans ces dossiers, on comprend que les enjeux dépassent de beaucoup les seuls critères commerciaux, pour s’étendre à une réelle stratégie de contrôle des politiques extérieures et de la Défense de la sphère occidentale, notamment en Europe, domaine dans lequel la France et ses positions héritées du Gaullisme apparaissent comme une entrave, voire une menace, pour les Etats-Unis. Dans cet article, nous verrons pourquoi et comment Washington articule cette stratégie, et nous étudierons les solutions à la disposition de la France pour tenter d’y résister.

Une industrie unique en Occident

En dehors des Etats-Unis, l’industrie de défense française est unique en occident, dans la mesure ou elle est la seule capable de concevoir et fabriquer l’ensemble des systèmes de défense d’une force armée moderne, sans dépendre, dans plusieurs domaines critiques, de materiels américains. A l’exception de quelques équipements spécifiques, comme les avions embarqués de veille E-2C Hawkeye, ou les catapultes qui équipent le porte-avions Charles de Gaulle, l’industrie française est en effet, capable de produire l’intégralité des équipements nécessaires à ses forces armées, allant du blindé à l’avion de combat, du sous-marin à l’hélicoptère, en passant par les missiles, les radars, et les systèmes spatiaux. C’est également, avec la Grande-Bretagne, le seul pays européen à disposer de sa propre force de dissuasion nucléaire, basée sur 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins équipés de missiles balistiques intercontinentaux, et sur deux escadrons de Rafale équipés de missiles nucléaires supersoniques aéroportés.

porte avions charles de gaulle FREMM Analyses Défense | Australie | Aviation de chasse
En dehors des Etats-Unis, et bientôt de la Chine, la France est le seul pays a mettre en oeuvre un porte-avions nucléaire doté de catapultes et de brins d’arrêt, offrant des capacités de projection de puissance sans commune mesure avec les poste-avions mettant en oeuvre des aéronefs à décollage vertical ou court comme le F35B, le J-15 ou le Mig-29.

Non seulement est-elle autonome dans ce domaine, mais ses équipements égalent et surpassent même parfois leurs homologues américains, tout en étant, le plus souvent, plus économiques à l’achat comme à l’utilisation à performances égales ou supérieures. Ainsi, un sous-marin nucléaire d’attaque classe Suffren est acquis pour à peine un peu plus de 1 Md€ par l’état français, là ou l’US Navy débourse 3,5 Md$ pour un Virginia, certes mieux armés en matière de missiles de croisière, mais pas plus performant que le sous-marin français dans sa fonction première de Hunter-killer, la chasse aux sous-marins et navires adverses. Il en va de même de l’avion de combat Rafale, qui surpasse en bien des domaines de le F-35 (manœuvrabilité, rayon d’action, pénétration basse altitude..) et qui verra, dans sa version F4, ses performances en matière de fusion de données rattraper celles de l’avion américain, pour un prix de possession moitié moindre.

Pour y parvenir, et eu égard aux limites économiques et démographiques françaises, il est indispensable pour Paris de s’appuyer sur d’importants marchés à l’exportation, la demande nationale n’étant pas suffisante pour alimenter une telle exhaustivité industrielle. Dès lors, 40% du chiffre d’affaire annuel enregistré par la base Industrielle technologique et Défense, ou BITD, française, sont liés aux exportations d’équipements de défense, ceci représentant 80.000 emplois directs et 120.000 emplois indirects et induits dans le pays, et conditionne la marge de manoeuvre de cette industrie pour évoluer et prospérer. De fait, et à l’instar des objectifs de la législation CAATSA américaine conçue pour priver Moscou des recettes d’exportation de son industrie de défense afin d’handicaper ses propres capacités à soutenir une autonomie stratégique complète, Washington semble s’employer à tenter de priver Paris de ses marchés exports, dans le même but, mais avec des méthodes moins évidentes.

Des attaques ciblées, répétées et dévastatrices


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