L’US Army va tester l’Iron Dome pour protéger ses infrastructures vulnérables

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L’un des enseignements majeurs de la guerre qui opposa les forces azéris aux forces arméniennes dans le Haut-Karabakh en 2020, a été la grande vulnérabilité des sites d’appui des forces, comme les zones logistiques, les postes de commandement, et les fortifications, face aux systèmes d’artillerie modernes couplés aux drones de reconnaissance. Et si les défenses anti-aériennes arméniennes parvinrent à tenir à distance les chasseurs azéris, ils furent grandement désoeuvrés face aux petits drones de reconnaissance dirigeant le tir de l’artillerie adverse. Au delà de cet exemple, l’augmentation de la portée et de la précision des systèmes d’artillerie modernes et à venir, qu’il s’agisse de l’artillerie classique ou de roquettes, couplées à l’arrivée de plus en plus massive des drones et des missiles de croisière, font désormais peser une menace très élevée sur toutes les infrastructures alliées présentes à moins de 100 km de la ligne d’engagement. Or, s’il est possible de déporter, grâce aux systèmes de communication modernes, une partie de la chaine de commandement hors de cette zone létale, les points d’appui logistiques, eux, se doivent de rester à proximité des unités qu’ils soutiennent.

Traditionnellement, l’US Army assurait la protection de ses sites logistiques et de commandement à l’aide du système anti-aérien et anti-missiles Patriot, ainsi qu’en s’appuyant sur la supériorité aérienne de l’US Air Force, et en restant hors de portée de l’artillerie adverse. Désormais, ce dispositif n’est plus suffisant, face à des canons 2S35 Koalitsa-sv tirant des obus à plus de 40 km, des systèmes Tornado-S d’une portée de 120 km, ainsi que par la multiplication des drones, qu’ils soient de reconnaissance ou kamikaze, et pouvant évoluer potentiellement en essaim. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre du programme Indirect Fire Protection Capability ou IFPC, lui-même intégré au super programme BIG 6, l’US Army a entrepris de se doter d’un système anti-drones, anti-missiles et apte à intercepter des obus de mortier et d’artillerie, pour protéger ses sites et infrastructures positionnées dans le rayon d’action des systèmes adverses.

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Et c’est dans ce contexte que l’US Army a, dès la fin du mois d’Avril, entamé une phase de tests intensive des prototypes concourant pour ce programme IFPC sur le polygone de White Sands au Nouveau-Mexique. Deux systèmes s’opposent dans cette catégorie, le célèbre Iron Dome de l’israélien Rafael associé à l’américain Raytheon avec une version désignée Sky Hunter et potentiellement produite localement, et un système de l’américain Dynetics qui serait, selon Defensenews.com, basé sur le missile air-air AIM-9X Sidewinder de Raytheon également. Le contrat final porterait sur pas moins de 400 systèmes de lancement, et le nombre requis de missiles pour les mettre en oeuvre.

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L’actualité récente en Israel donne naturellement un sérieux avantage au Sky Hunter dérivé de l’Iron Dome, qui a montré, quoiqu’on en dise, des performances remarquables face aux attaques saturantes lancées par le Hamas ces jours passés. Non seulement l’Iron Dome a-t-il affiché une efficacité donnée à prés de 95% concernant les roquettes visant effectivement des zones habitées et potentiellement dangereuses, mais le système a été en mesure de repousser des attaques conçues et dimensionnées pour dépasser ses propres capacités. Pour être parfaitement clair, il n’hésite aujourd’hui, en dehors de l’Iron Dome, aucun système qui aurait été capable de faire de même sur la planète, d’autant qu’il fit preuve d’une remarquable fiabilité durant la durée de la crise, comme ce fut le cas en 2019 lors de la précédente offensive du Hamas.

De fait, la proposition de Dynetics aura bien du mal à s’imposer objectivement face à son concurrent, et ce d’autant que le missile AIM-9X, il est vrais très performant, coute également entre 4 et 6 fois plus cher que le Tamir qui équipe l’iron Dome. Mais le contexte opérationnel de l’US Army est sensiblement éloigné de la protection de villes israéliennes des attaques à la roquette du Hamas. En outre, l’offre américaine peut s’appuyer sur deux atouts propres : en premier lieu, l’enveloppe de tir de l’AIM9X est plus étendue que celle du Tamir, permettant notamment d’intercepter des cibles beaucoup plus rapides et manÅ“uvrantes que ne le peut le système israélien, qui s’appuie sur la complémentarité des systèmes Iron Dome, Arrow et David Sling pour couvrir l’ensemble du spectre allant de l’obus de mortier au missile balistique. De fait, avec le Sidewinder, le système de l’US Army complèterait très efficacement le système Patriot et le système anti balistique THAAD face à tous les types de menaces, en dehors des drones ultra-légers.

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En second lieu, et à l’instar du systeme norvégien NASAM, les AIM9X employés pour la defense anti-aérienne pourraient provenir de stocks de missiles périmés de l’US Air Force et de l’US Navy. En effet, un missile air-air, comme un avion, n’a qu’un potentiel limité en matière de nombre d’heures de vol effectuées. Raison pour laquelle les avions de combat utilisent le plus souvent des missiles d’entraînement ne disposant que d’autodirecteur en dehors des missions de combat. Au delà de ce potentiel, le missile doit être intégralement révisé et reconstruit, ce qui coute presque aussi cher que d’acquérir un missile neuf. Or, avec l’intensification des tensions dans le Monde, les missions de combat emportant des missiles armés se multiplient entrainant l’usure rapide des stocks de munition. Dans ce contexte, le transfert des missiles en fin de potentiel vers des systèmes terrestres représente un atout non négligeable.

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Rappelons également que l’axe prioritaire de l’US Army dans le domaine de la protection anti-aérienne, anti-drones et C-RAM (Cruise-Roquette-Artillerie-Mortier) reste les armes à énergie dirigée, et en particulier les programmes de laser à haute énergie, avec les programme DE-SHORAD (Direct Energy SHORAD) anti-drones montés sur Stryker, et surtout le High Energie Laser, ou HEL, qui développe un laser de 300 Kw capable de détruire des missiles de croisière, et qui appartient, lui aussi, au programme IFPC. L’objectif pour l’US Army est de disposer des premiers HEL comme des premiers systèmes IFPC-Missiles présentement testés d’ici la fin de l’année 2023, pour entamer les premiers déploiements dès 2024. La complémentarité des systemes missiles, HEL et Patriot offrira, à ce moment, une protection très efficace pour les sites et infrastructures de l’US Army face à de nombreuses formes d’attaque.

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Reste que les programmes de modernisation de l’US Army, y compris ceux appartenant au super programme BIG 6, sont aujourd’hui menacés par des arbitrages budgétaires qui risquent forts d’être défavorables alors que la priorité serait donnée au renouvellement des moyens navals et aériens américains. Il est donc probable que le BIG 6 se voit, dans les années à venir, amputé de quelques branches, alors que l’administration Biden semble déterminée à maintenir le budget de la Défense sous contrôle. Certains programmes, comme les hélicoptères FARA et FLRAA du pilier Futur Vertical Lift, et le programme OMFV destiné à remplacer les Bradley, semblent trop critiques pour être entamés, ni même ralentis. Il en va de même pour la composante laser HEL de l’IFPC, les armes à énergie dirigée étant jugées stratégiques par le Pentagone. De fait, le programme IFPC-Missiles évolue désormais avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, et seuls des résultats très encourageants et un rapport performances-prix irréprochable pourront lui assurer une certaine pérennité.

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