Un incendie s’est déclaré en milieu de mâtinée à bord du porte-aéronefs Admiral Kuznetsov (projet 1143.5) amarré à l’un des quais de l’usine de réparation n°35 (United Shipbuilding Corporation), à Mourmansk. 3 morts, sept blessés et un disparu sont à déplorer. Cet accident est de nature à compromettre la date de livraison de l’Admiral Kuznetsov à la flotte maritime militaire de Russie (Voïenno-Morskoï Flot) en 2022.
La rénovation à mi-vie du porte-aéronefs Admiral Kuznetsov (1991) était discutée depuis l’année 2016, au plus tard. Ce n’est que le 23 avril 2018 que le contrat portant la modernisation du bâtiment fut signé pour une somme d’environ 800 millions d’euros (2018). Le chantier de trois années a été confié à l’usine de réparation n°35 (United Shipbuilding Corporation), à Mourmansk, tandis que l’institut Krylov eut en charge les études relatives à la modernisation.
Les infrastructures devant servir à la conduite des travaux reposaient sur l’emploi du dock flottant PD-50 pour les interventions sur les œuvres vives du bâtiment, c’est-à-dire la partie immergée de la carène, tandis que ceux touchant aux œuvres mortes (au-dessus de la ligne de flottaison) et aux compartiments du bâtiment devaient se dérouler à quai.
La première difficulté majeure intervient lors du naufrage le 30 octobre 2018 du dock flottant PD-50 alors que le Kuznetsov était « à bord ». Remplacer cet équipement unique en Russie de par ses dimensions, par la construction d’un autre dock flottant apte à recevoir l’Admiral Kuznetsov ne recevait pas les faveurs des autorités russes. Après plusieurs mois d’atermoiements, il a été préféré de fusionner et d’agrandir deux cales de l’usine de réparation n°35 pour former une cale à le mesure du porte-aéronefs. Le chantier durerait une année et demi. Les équipes assuraient qu’il était possible de tenir les délais, un objectif très ambitieux avec un calendrier bouleversé.
Survenue la même nuit que le naufrage du PD-50, la chute d’une grue de 70 tonnes sur le porte-aéronefs Admiral Kuznetsov peut apparaître comme anecdotique, eu égard aux faibles dommages structurels.
L’incendie du 12 décembre 2019 semble être une source d’une difficulté majeure. L’incendie est d’ores et déjà présumée être d’origine humaine et serait lié à des travaux de soudage. Le feu a pris dans le compartiment électrique du deuxième pont, presque immédiatement sous le pont d’envol. Une « réserve » de diesel, situé sur un pont inférieur, se serait alors enflammée. L’incendie se serait progressivement répandue sur une superficie d’environ 600 m², la zone est réputée être longue d’environ 120 mètres. En début d’après-midi, il semblerait que le feu soit circonscrit à une superficie de 120 m².
Les services incendie du ministère des Situations d’urgence pour Mourmansk sont engagés dans la lutte, ainsi que ceux des gardes-frontières et probablement le propre service du chantier.
La plus grande source d’inquiétude est liée à la déclaration du président de la United Shipbuilding Corporation, Aleksey Rakhmanov, indiquant que « la lutte pour la survie du navire continue ». Le noyage de compartiments est évoqué car il en irait désormais de la survie du bâtiment. Au minimum, il est à craindre que l’intégrité structurelle du navire puisse être comprise, ce qui obligerait le gouvernement russe à se prononcer sur des travaux supplémentaires.
Cette nouvelle difficulté est de nature à compromettre le calendrier du chantier de modernisation du porte-aéronefs Admiral Kuznetsov. Le retour au service dans la flotte russe avait précédemment glissé de 2021 à 2022, date qui paraissait déjà optimiste. Les dégâts provoqués par l’incendie, dont il reste à mesurer l’étendue et l’importance des dommages subis, amènent à s’interroger quand à un décalage supplémentaire : 2023 ?
Pour plus de détails sur cet incendie et ses conséquences, vous pouvez vous reporter au site RedSamovar.