L’US Air Force songe à nouveau à un « Camion à bombes »

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Il s’agit d’un concept récurrent depuis plusieurs dizaines d’années : Le Camion à Bombes. Concrètement, il s’agirait d’un appareil faiblement protégé ou manoeuvrable, mais capable d’emporter une très importante quantité de munitions air-sol et de rester en station pendant une longue durée, de sorte à pouvoir délivrer à la demande des attaques multiples au profit des forces au sol. C’est précisément ce que le général Timothy Ray, en charge des frappes globales au sein de l’US Air Force, vient à nouveau de réclamer à Will Roper, le directeur des acquisitions des programmes aéronautiques.

Au fil des années, de nombreuses solutions de « Camion à bombes » ont été évoquées, allant du F15 Eagle au Boeing 737 MMA servant de base à l’avion de patrouille maritime P8 Poseidon. Avec l’arrivée des munitions stand-off, pouvant être tirées « à distance de sécurité » et parcourir par elles-même la distance les séparant de la cible et la frapper avec précision, il semble que ce concept émerge à nouveau. Mais le Général Ray a tenu à préciser sa pensée. Selon lui, un « Camion à bombes » se doit de répondre à plusieurs impératifs, en terme de capacité d’emport et d’autonomie, évidemment, mais également en terme de cout et de durée de vie, l’appareil se devant d’être très économique à l’achat et à l’usage, et n’avoir qu’une durée de vie limitée d’une dizaine d’année.

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La Joint Direct Attack Munition Extended-Range (JDAM-ER) permet d’atteindre des cibles à prés de 100 km

On comprend dans cette expression de besoins que le général américain cherche avant tout à disposer d’un matériel efficace dans les engagements de basse intensité, là ou la menace anti-aérienne est encore limitée (pour l’instant), et qui souffrent le plus, aujourd’hui, des limitations d’emport et la vulnérabilité des drones MALE, et de l’annulation du programme d’avion d’attaque léger. Ainsi, quelques appareils de ce type, emportant un chargement important de missiles air-sol et de bombes guidées planantes, comme la JDAM, seraient de nature à assurer une permanence opérationnelle au dessus des zones sensibles, que ce soit en Afghanistan, en Irak ou en zone sud-saharienne, avec une importante capacité d’engagement permanente sur la presque totalité du théâtre, à des couts très inférieurs à ceux consistant à maintenir des drones, par définition lents et faiblement armés, ou des avions de combat, aux couts prohibitifs. A l’instar des AWACS, il suffirait de 4 appareils pour assurer une permanence opérationnelle temporaire, et de 6 à 7 appareils pour assurer une permanence soutenue dans la durée, capable de fournir un appui feu à chaque instant à toutes les forces qui en feraient la demande.

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De fait, avec une vingtaine d’appareils, l’US Air Force pourrait couvrir les 3 zones d’engagement chaudes de basse intensité dans lesquelles elle est actuellement engagée. En outre, les efforts de maintenance seraient eux aussi réduits, surtout si l’appareil en question repose sur un modèle commercial, comme un avion de ligne converti, capable d’opérer à partir d’une base lointaine sécurisée.

S’il est évident que ce type d’aéronef n’aurait pas sa place au dessus de théâtres de haute intensité, du fait des systèmes anti-aériens dont la portée excède de beaucoup celle des munitions air-sol, et de la présence possible d’appareils de combat adverses, sur les théâtres étendus comme le Sahel, ils apporteraient une plus-value déterminante aux forces occidentales engagées, en étant capables de répondre rapidement aux sollicitations des forces européennes, américaines ou alliées présentes sur place. Cela permettrait de sensiblement réduire l’efficacité des embuscades qui firent autant de victimes ces dernières années. De fait, le concept développé par le général Ray, pourrait tout aussi bien s’appliquer aux forces françaises, voir européennes, d’autant que les européens, comme les américains, ont a disposition un constructeur aéronautique capable d’y répondre rapidement, en l’occurence Airbus.

Smartglider MBDA Actualités Défense | Aviation de chasse | Bombes guidées
Une autre approche du Camion à Bombes reposant sur un chasseur, ici un Gripen E, équipés de 36 Smartglider de MBDA

Mais l’approche de la problématique peut s’aborder sous un angle différent : réduire la taille des munitions, et non agrandir la taille de l’avion. C’est l’axe retenu par le missilier européen MBDA avec son Smartglider, une bombe guidée planante légère pouvant atteindre des cibles à plus de 100 km, et pouvant être emportée en nombre par un avion de combat. Grâce au ravitaillement en vol, un chasseur moderne, comme le Rafale, peut rester au dessus de son objectif plusieurs heures, et emporter 18 de ces bombes légères, ainsi que 2 bidons de 2000 l, 2 MICA IR et 2 missiles Meteor. .

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Quoiqu’il en soit, il sera interessant d’observer la réponse que donnera Will Roper à cette nouvelle demande, alors que ce dernier veut justement revenir à une gestion plus restreinte et plus spécialisée des programmes d’avions de combat. En ce sens, un tel programme entrerait parfaitement dans sa grille d’analyse Agile de ce dernier, toutes les briques technologiques étant d’ores et déjà disponibles, le besoin et la finalité étant parfaitement identifiée.

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