Paris, Berlin et Madrid s’entendent sur le programme SCAF

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Le programme de Systeme de Combat Aérien du Futur, SCAF ou FCAS en anglais, qui rassemble la France, l’Allemagne et l’Espagne, faisait face à plusieurs points bloquants ces derniers mois, empêchant l’entame des travaux concernant la réalisation du démonstrateur devant voler en 2023. Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, et Dirk Hoke, CEO d’Airbus Defense&Space, avaient chacun appelé les dirigeants des gouvernements des pays participants à résoudre leurs divergences afin de ne pas reporter le lancement des travaux et, par là même, bousculer l’ensemble du calendrier du programme.

Parmi ces points divergents, le plus critique était la fronde du motoriste allemand MTU, refusant de céder au motoriste français SAFRAN la maitrise d’oeuvre concernant le programme de réactteur de nouvelle génération qui propulsera le nouvel appareil de combat. Le groupe allemand, pourtant sensiblement moins expérimenté que le français dans le domaine des moteurs de chasseurs, avait par ailleurs reçu le soutien d’une part importante du Bundestag dans sa démarche, bloquant les accords inter-gouvernementaux et donc, le programme.

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Le Bundestag allemand avait pris fait et cause pour MTU qui refusait de céder à Safran la maitrise d’oeuvre du volet propulsion du programme SCAF

Un accord a cependant été trouvé, satisfaisant à la fois MTU, le français SAFRAN, et les gouvernements respectifs. Ainsi, Safran conservera la maitrise d’oeuvre de la première phase de conception du moteur, ce pour éviter un pilotage « à deux têtes », à l’instar de ce qui se fit concernant le propulseur de l’A400M, et qui engendra de nombreuses difficultés. Les deux motoristes ont par ailleurs convenu de créer une co-entreprise détenue à part égale, qui deviendra le maitre d’oeuvre de ce programme par la suite. En outre, la question de la propriété intellectuelle des technologies apportées et développées dans le cadre du programme a été tranchée. Ainsi, les industriels apportant des savoir-faire et des technologies propres resteront propriétaires de ces technologies, même une fois intégrées au SCAF. Les technologies développées dans le cadre du programme seront accompagnées d’un droit d’usage limitée aux utilisations de Défense par l’ensemble des acteurs participant à sa conception. En revanche, il est interdit d’en faire une application civile sauf à obtenir l’accord de toutes les parts.

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Dans le même temps, le rôle de la société Indra, désignée par Madrid comme référant pour l’Espagne dans le programme, a été défini, la société recevra des responsabilités et des missions, notamment en manière de R&T, proportionnelles à l’engagement financier espagnol dans le programme. Il n’a été fait aucune référence concernant le pilotage spécifique du volet « Guerre Electronique », comme le réclamait la société d’électronique espagnole.

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Si un rapprochement avec le programme Tempest devait intervenir, il devra avoir lieu avant que les programmes de recherche ne soient trop avancés

Avec ces accords, le programme va pouvoir aller de l’avant, et les premiers contrats pour le developement de ses 5 piliers, et notamment du très attendu démonstrateur du Next Generation Fighter. Les semaines à venir devraient donc être riches en annonces concernant le programme SCAF, d’autant que, concomitamment, deux des principaux groupes industriels y participant, Thales et Airbus DS, ont officiellement appelé à un rapprochement avec le programme Tempest, le second programme européen rassemblant Grande-Bretagne, Italie et Suède. De fait, si les deux programmes devaient se rapprocher, cela devra-t-être fait avant que les programmes de Recherche et Technologie qui seront bientôt lancés ne soient trop avancés, faute de quoi le partage industriel et technologique sera encore plus difficile entre les 6 pays.

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