vendredi, mars 29, 2024

20 patrouilleurs FPB 98 Mk II du français OCEA pour les Gardes-frontières Ukrainiens

Les ministres de l’Intérieur de la République française, M. Christophe Castaner, et de l’Ukraine, M. Arsen Avakov, signaient le mardi 19 novembre 2019 au salon MILIPOL l’accord-cadre portant sur l’acquisition de 20 patrouilleurs FPB 98 Mk II d’Ocea (136,5 millions d’euros) au profit de la Sécurité maritime (Mors’ka Okhorona) du Service national des Gardes-frontières d’Ukraine (Derzhavna Prykordonna Sluzhba Ukrayiny (DPSU).

Le budget militaire ukrainien était de 3833,13 millions d’euros en 2018 (contre 3132,35 en 2017) pour un Produit Intérieur Brut (PIB) de 110,081 milliards d’euros la même année. L’effort pour la défense nationale ukrainienne représentait en 2018 4,22% du PIB. Budget militaire qui se chiffrait en moyenne de 1985,07 millions d’euros de dépenses annuelles entre 1993 et 2018.

Les différentes forces armées ukrainiennes se répartissent comme suit :

  • Forces terrestres ukrainiennes,
  • Force aérienne de l’Ukraine,
  • Marine d’Ukraine,
  • Troupes d’assaut aéroportées de l’Ukraine (forces spéciales).

La puissance navale ukrainienne comprend la Marine d’Ukraine (Військово-Морські Сили України) forte de 6500 hommes, 19 bâtiments de combat et 18 bâtiments auxiliaires. Et le panorama des capacités navales ne saurait être complet sans citer la Sécurité maritime (Mors’ka Okhorona) du Service national des Gardes-frontières d’Ukraine (Derzhavna Prykordonna Sluzhba Ukrayiny (DPSU).

Le Service national des Gardes-frontières d’Ukraine est service paramilitaire du ministère de l’Intérieur mais dont le directeur – M. Serhiy Deyneko (2019) – doit rendre compte directement au président de la République ukrainienne : Volodymyr Zelensky (élu le 20 mai 2019). Cette agence fut créée le 31 juillet 2003 à partir de la réorganisation du Comité d’État en matière de protection de la frontière. L’agence se découpe en trois composantes que sont les forces terrestres, le support aérien et la Sécurité maritime. En temps de guerre, le Service national des Gardes-frontières est placé sous le commandement des forces armées. Son budget en 2019 s’élève à 10,77 milliards d’euros pour des effectifs de 50 000 hommes (dont 8000 civils).

Projet 1400M Grif M ou Zhuk Actualités Défense | Conflit dans le Donbass | Consolidation industrielle Défense
Les 22 cotres du projet 1400 Grif et Grif-M (Pr.1400 (2), Pr.1400A (2), Pr.1400M (18) – dont deux perdus du fait de l’action des forces russes – devraient être remplacés par les 20 FPB 98 Mk II d’Ocea. Cela signerait l’échec du projet 58130 Orlan devant remplacer les mêmes bateaux du projet 1400.

La Sécurité maritime (Mors’ka Okhorona) se partage entre les :

  • Région Centre (Kiev) : un groupe de bateaux de la Sécurité maritime ;
  • Région Est (Kharkiv) avec la 23e escadre de la Sécurité maritime à Mariupol (Mer d’Azov). Il s’agit de l’ancien détachement de Kertch, déplace en raison de l’annexion de la Crimée en conséquence à l’agression russe ;
  • Région Sud (Odessa) avec le 1er Détachement de la Sécurité maritime à Odessa qui résulte du transfert de l’ancien détachement de Sébastopol, plus le Centre de formation à la sécurité maritime dans la ville d’Izmail ainsi que la Division des bateaux de protection marine à usage spécial et enfin la Division des bateaux de protection marine à Kilia.

La Sécurité maritime possède 29 unités qui se répartissent entre les navires de 1er, 2e et 3e rang et les bateaux de 1er, 2e et 3e rang :

Parmi les navires de 1er rang, il y a la présence notable d’une corvette de patrouille anti-sous-marine : le BG-50 Hryhoriy Kuropyatnykov (508 tonnes à pleine charge) du projet soviétique 1241.2 Molniya-2 (ou Pauk dans la classification OTAN). Les autres grands navires sont les quatre patrouilleurs des projets soviétiques 205P de 245 tonnes à pleine charge.

Les 24 bateaux restants ne dépassent pas les 75 tonnes de déplacement à pleine charge avec une moyenne à 40 tonnes. L’immense majorité de ces navires et bateaux furent lancés entre 1968 et 1993. Le ministère de l’Intérieur ukrainien reconnaît que 80% d’entre eux sont à remplacer. Les quelques unités plus récentes, devant permettre le renouvellement des moyens, mises sur cale entre 1997 et 2012 ont rarement dépassé la première unité.

Les 20 FPB 98 Mk II d’Ocea devraient être classés en tant que bateau de premier rang au sein de la Sécurité maritime. Ils remplaceront très probablement les 22 cotres du projet 1400 Grif et Grif-M (Pr.1400 (2), Pr.1400A (2), Pr.1400M (18) dont deux perdus du fait de l’action des forces russes. Dans cette hypothèse, cela acterait l’échec du projet 58130 Orlan dont une seule unité fut mise sur cale en 2012 tandis que sept autres étaient espérées pour remplacer les mêmes bateaux du projet 1400.

Le FPB 98 Mk II à coque en aluminium est long de 32 mètres pour un maître-bau (plus grande largeur) de 6 mètres, marche de 20 jusqu’à 35 nœuds, fort d’une autonomie de 1200 nautiques à 12 nœuds ou une semaine d’opérations à la mer. Il peut porter jusqu’à une pièce télé-opérée de 30 mm. Il peut accueillir une embarcation semi-rigide. Armé par un équipage de 13 marins avec une capacité d’accueillir à bord un passager.

La Sécurité maritime souhaite affecter ces futurs patrouilleurs à des missions de patrouille dans les deux zones économiques exclusives (Mer Noire, Mer d’Azov), de recherche et sauvetage et de lutte contre les opérations de renseignement et actions de sabotage.

Project 58160 Coral 1 Actualités Défense | Conflit dans le Donbass | Consolidation industrielle Défense
Le projet 58160 Coral est conçu par le Centre de recherche et de conception en matière de construction navale (KP IPTSK) à partir des plans du Stan Patrol 4207 (Damen). La tête-de-série aurait été mise sur cale en 2012, cinq autres patrouilleurs sont espérés dans l’espoir de remplacer les patrouilleurs du projet soviétique 205P.

Ce contrat de 136,5 millions d’euros a convaincu le ministère de l’Intérieur ukrainien en raison non seulement des coûts proposés mais aussi car l’offre commerciale était assortie de facilités bancaires à un taux d’intérêt avantageux et, peut être surtout, qu’une partie de la production sera assurée en Ukraine : cinq patrouilleurs au sein du chantier naval de Nikolaev, toutes les embarcations semi-rigides seront fabriqués à Kharkov.

Dans le cadre de l’exécution du futur contrat qui demeure à signer, Ocea devra livrer l’ensemble des 20 patrouilleurs entre 2021 et 2023, assurer la formation de 240 membres d’équipage plus de 120 techniciens et soutenir les patrouilleurs pendant deux ans avec la fourniture d’un stock de pièces de rechange.

Ce programme contiendrait une part de transferts de technologies afin de permettre, éventuellement, la production d’unités supplémentaires en Ukraine grâce au transfert d’une partie des outils et machines-outils lié à la construction de cinq des vingt patrouilleurs en Ukraine. L’Ukraine doit réorganiser son industrie navale après la perte consécutive de Zalyv Shipbuilding yard (Kertch) en raison de l’annexion de la Crimée.

Après la signature de l’accord-cadre le 19 novembre 2019, le contrat devant encore être signé engagera le renouvellement de 20 des 29 navires et bateaux de la Sécurité maritime (Mors’ka Okhorona) du Service national des Gardes-frontières d’Ukraine (Derzhavna Prykordonna Sluzhba Ukrayiny (DPSU). L’Ukraine souhaite manifestement regagner en compétences sur la production, voire la conception d’unités navales alors que s’engagera simultanément la reconstruction de ses forces navales de haute mer tant pour la Marine d’Ukraine (corvettes du projet 58250) que pour la Sécurité maritime (projet 58160 Coral de 310 tonnes à pleine charge (six à huit unités sont espérées) plus un projet de patrouilleur de haute mer d’environ 1000 tonnes de déplacement à pleine charge).

- Publicité -

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles