Force maritime d’auto-défense japonaise : refonte des JS Izumo et JS Kaga pour opérer le F-35B

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Le ministère de la Défense (防衛相, Bōei-shō) demande dans le cadre de l’année fiscale 2020 actuellement en discussion que la force maritime d’autodéfense japonaise (海上自衛隊, Kaijō Jieitai) bénéficie de la refonte du « destroyer porte-hélicoptères » (programme 22DDH) JS Izumo (2015) afin qu’il puisse mettre en œuvre des F-35B. Le JS Kaga (2017) débutera le même chantier en 2022. Ce passage japonais des paroles aux actes matérialise une première réponse d’une nation asiatique riveraine de l’océan Pacifique au programme aéronaval chinois.

Les 22DDH prennent la suite des 16DDH, c’est-à-dire les JS Hyūga (2009) et JS Ise (20011) qui sont conçus comme des destroyers porte-hélicoptères (19 000 tonnes à pleine charge, 18 voilures tournantes) dont la mission première est la lutte anti-sous-marine. De par leurs dimensions et caractéristiques, les 16DDH sont comparables aux porte-hélicoptères de la marine sud-coréenne ROKS Dokdo (2007) et ROKS Marado (2020 ?) de 18 800 tonnes qui, eux, sont spécifiquement conçus pour les opérations amphibies et au-dessus de la surface.

Le programme des destroyers 22DDH a été officiellement lancé le 23 novembre 2009. Le nombre précédent la catégorie du bâtiment de combat japonais correspond à l’année de l’ère du calendrier impérial japonais. Ce programme entra en exécution au cours de l’année fiscale 2010 qui correspond à la 22e année de l’ère Heisei (平成時代, Heisei jida).

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Les JS Izumo et JS Kaga ont été, respectivement, mis sur cale en 2012 et 2013, lancés en 2013 et 2015 pour être admis au service actif en 2015 et 2017. Par rapport aux 16DDH, ils sont d’une certaine manière une version agrandie avec un tonnage à pleine charge portée de 19 000 à 27 000 tonnes. Le premier bâtiment aurait coûté, environ, 1136 millions d’euros (2012). Ils ont, aussi, pour mission principale la lutte anti-sous-marine grâce à l’embarquement de plusieurs voilures tournantes spécialisées dans ce domaine de lutte, ainsi que par l’intégration d’un volumineux sonar actif d’étrave OQQ-23. Les installations aéronautiques sont dimensionnées pour soutenir et opérer jusqu’à 28 hélicoptères.

Dès l’origine du programme il fut étudié la possibilité pour les futurs destroyers porte-hélicoptères d’opérer des aéronefs à voilure fixe tels les V-22/MV-22 Osprey ainsi que les F-35B Lightning II. Ce dernier aéronef appartient à la catégorie des Aéronefs à Décollage et Atterrissage Verticaux (ADAV) ou Vertical or Short Take Off and Landing (VSTOL). Cette caractéristique permet d’envisager qu’il apponte et décolle depuis un bâtiment de combat disposant d’un pont plat et dépourvu de catapulte, pourvu qu’il supporte sa masse et la chaleur de ses tuyères.

JS Izumo Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires
Le JS Izumo (2015) à la mer, date inconnue. Ce bâtiment de 27 000 tonnes à pleine charge pour une longueur de coque de 248 mètres est comparable de par ses dimensions et le coût de son programme (1136 millions d’euros (2012) aux porte-aéronefs Cavour (2009) et Trieste (2022 ?) de la Marina militare (Italie).

Début mars 2018, le ministre japonais de la défense – M. ONODERA Itsunori – déclarait devant le comité du budget du sénat japonais qu’une étude allait être menée afin d’investiguer la faculté des JS Izumo et JS Kaga à pouvoir opérer le F-35B. L’étude publiée le 27 avril 2018, fut rédigée par la société Japan Marine United Corporation (ジャパン マリンユナイテッド株式会社 Japan Marine United Kabushiki-kaisha) qui conclut à la possibilité technique d’opérer le F-35B depuis les deux bâtiments de la classe.

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À cette dernière étude est apportée la précision qu’il ne s’agirait que d’embarquer des F-35B américains. Cette manière de présenter les choses est battue en brèche quand le journal japonais Yomiuri Shimbun présente un scoop le 13 février 2018 : le gouvernement de ABE Shinzo préparerait l’acquisition de 20 à 40 F-35B. La programmation comprendrait le lancement du programme en 2019, de premières livraisons à partir de l’année fiscale 2024 et une première capacité opérationnelle en 2026.

Le gouvernement japonais décida au début du mois de décembre 2018 d’acquérir le F-35B. La cible du futur programme fut précisée à 42 F-35B au cours du même mois. Décision fut également prise de refondre les deux destroyers porte-hélicoptères de la classe Izumo.

Une demande d’informations fut émise par le ministère japonais de la défense en mars 2019 au profit d’un aéronef ADAV. L’entreprise américaine Lockheed Martin, fabriquant le F-35B, fut, sans surprise, la seule à y répondre. Le 16 août 2019, le ministère japonais de la défense publia un communiqué au sein duquel il confirmait la décision d’acquérir le F-35B au profit de la Force aérienne d’autodéfense japonaise (航空自衛隊, Kōkū Jieitai) et non pas la Kaijō Jieitai (marine nippone). Selon ce communiqué, le « Le F-35B répondait à toutes les exigences du chasseur à décollage court et à atterrissage vertical de la Force aérienne d’autodéfense. » La commande de 42 F-35B était dès lors officiellement confirmée et lancée.

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Selon le journal japonais The Asahi Shimbun , c’est aussi au mois de mars 2019 que le gouvernement japonais demandait au général Neller (2015 – 2019), commandant le United States Marines Corps (USMC), une coopération et des conseils sur comment opérer des F-35B sur le pont de « bâtiments modifiés », ce qui se traduirait par l’embarquement des F-35B de l’USMC.

Dans le cadre du programme de défense à moyen terme japonais (2019 – 2023), adopté par le gouvernement de Tōkyō en 2018, le budget militaire japonais pour l’année fiscale 2020 permet le passage des paroles aux actes car il contient, non seulement des fonds à hauteur de 700 millions d’euros pour une première commande de six F-35B mais également les crédits pour débuter la refonte de JS Izumo (2015). Au delà de l’acquisition une aéronavale embarquée sur voilure fixe, Tōkyō s’offre aussi une permanence aéronavale.

Manga Ibuki Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires
Kûbo Ibuki (2014) – ou Porte-aéronefs Ibuki – est un manga japonais « seinen » (pour jeunes hommes) édité par Shôgakukan, fort de douze tomes. L’histoire débute par un groupe de navires de pêches opérant illégalement près d’îles au centre d’un conflit territorial et ayant fait usage d’armes à feu sur les autres navires civils. Le gouvernement japonais envoie alors l’Ibuki.

La silhouette finale des deux destroyers porte-hélicoptères du programme 22DDH demeure encore inconnue. Le manga japonais Kûbo Ibuki (2014) se déroule autour du porte-aéronefs Ibuki (un porte-avions léger de la marine impériale japonaise portait ce nom) au numéro de coque 192. Il s’agit d’un bâtiment fictif reprenant toutes les caractéristiques de la classe Izumo, hormis les installations aéronautiques permettant d’accueillir des F-35B dont un tremplin à l’avant du bâtiment. Le fabriquant japonais de maquettes Tamiya en propose même la maquette au 1/700 (cf. illustration de la brève). Il n’est pas encore finement apprécié de quelle manière ce manga précède ou prépare la montée en gamme des capacités aéronavales japonaises. Ni si l’auteur a pu échanger avec des entreprises japonaises au sujet des dispositions techniques telles que l’intégration d’un tremplin. L’accentuation des sentiments nationalistes dans les mangas japonais est perceptibles depuis plusieurs années. C’est l’éditeur au Japon qui détient les droits sur l’œuvre, lui permettant d’orienter son propos.

Le calendrier du programme consiste à débuter les premiers travaux dès la fin (mars 2020) de l’année fiscale 2019. Le chantier durerait jusqu’au cours de l’année fiscale 2021, ce qui revient à dire qu’il s’achèvera au plus tard en mars 2022. Le JS Kaga (2017) débuterait alors la même refonte en 2022 presque immédiatement à la suite du JS Izumo.

Les principaux travaux consisteront à renforcer le pont du JS Izumo afin qu’il puisse supporter la masse du F-35B (31 tonnes) lors des appontages. Il s’agira également d’apposer un nouveau revêtement au pont d’envol en mesure de résister à la chaleur des gaz du réacteur F135 du F-35B, nettement plus importante que celle des McDonnell Douglas AV-8B Harrier II. Par voie de conséquence, l’embarquement de V-22 et MV-22 Osprey devrait être grandement facilité.

Il se dessine ainsi une future structure de force aéronavale japonaise à l’orée de l’année 2023 qui, dans cette hypothèse, combinerait deux groupes navals agissant ensemble et mêlant un destroyer porte-hélicoptères de classe Hyūga, menant plusieurs destroyers et frégates anti-sous-marins, plus un deuxième groupe centré sur un destroyer d’opérations polyvalent de classe Izumo accompagné de destroyers de défense aérienne et des E-2D Advanced Hawkeye. Ces deux groupes luttant sous et au-dessus de la surface posséderaient une influence opérationnelle dans un rayon de 800 km.

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