Les Forces Navales de la RĂ©publique de Bulgarie (FNRB ou Voennomorski sili na Republika BÇŽlgariya) bĂ©nĂ©ficient d’efforts politiques dans l’optique de pouvoir assurer la souverainetĂ© sur ses eaux (mer territoriale et zone Ă©conomique exclusive) et d’en sauvegarder la sĂ»retĂ© des atterrages (guerres des mines). Le renouvellement de la flotte de surface composĂ©e de trois frĂ©gates et quatre corvettes devait dĂ©buter dès 2007. La European Patrol Corvette portĂ©e par la CoopĂ©ration StructurĂ©e Permanente (CSP ou PErmanent Structured COoperation (PESCO) en anglais) apparaĂ®t comme le moyen idoine de faire aboutir le projet.
Evolution de la flotte de surface Bulgare depuis 2004
L’effort naval bulgare depuis l’adhĂ©sion Ă l’Alliance atlantique (29 mars 2004) fut portĂ© sur l’adaptation des matĂ©riel aux normes de l’Organisation du TraitĂ© de l’Atlantique Nord (OTAN). La première prioritĂ© stratĂ©gique de la marine de la RĂ©publique de Bulgarie fut donc le renouvellement de sa flotte de surface afin de participer aux opĂ©rations militaires de l’OTAN. Le livre blanc rĂ©organisait les Forces Navales de la RĂ©publique de Bulgarie entre 2010 et 2014 afin d’en simplifier et centraliser les structures de commandement et prĂ©voyait la modernisation des bâtiments existants.
Le document Vision : La Bulgarie Ă l’OTAN et dans la DĂ©fense europĂ©enne 2020 (2014), ambitionnait de moderniser les trois frĂ©gates acquises auprès de la Belgique (classe Wielingen (ou type E-71). Le Plan pour le dĂ©veloppement des forces armĂ©es de la RĂ©publique de Bulgarie 2020 de 2015 complète ces objectifs en ajoutant la volontĂ© d’acquĂ©rir des patrouilleurs hauturiers polyvalents. Hormis les capacitĂ©s de guerre des mines, rien n’est dit dans ces documents quant au sort des corvettes et de la quatrième frĂ©gate.
La flotte de surface des Forces Navales de la RĂ©publique de Bulgarie se rĂ©partie entre deux stations navales – Varna, au nord, et Atiya, au sud – organiquement rattachĂ©es au commandement de la base navale les supervisant toutes deux.
La 4ème division des navires de patrouille (Atiya) comprend les trois frĂ©gates Drazki (2004), Gordi (2008) et Verni (2009) qui sont respectivement les anciens Wandelaar (1978), Westdiep (1978) et Wielingen (1978) de la classe Wielingen ou type E-71. L’âge moyen de ces bâtiments est de 41 ans.
Le document Vision : la Bulgarie Ă l’OTAN et dans la DĂ©fense europĂ©enne 2020 avalise la volontĂ© de moderniser ces trois frĂ©gates grâce Ă l’ajout de missiles ant-navires (les MM38 Exocet sont pĂ©rimĂ©s), d’un système de lutte anti-aĂ©rienne comprenant missiles et radar 3D, une capacitĂ© pour tirer des torpilles, un hĂ©lidrone et un système d’informations tactiques navales.
La quatrième unitĂ© de cette division est la corvette MĹlniya (1989) du projet 1241.1M (Tarantul II dans la classification OTAN) dont la principale mission est anti-navire.
La 1ère division des navires de patrouille (Varna) comprend la quatrième frĂ©gate bulgare : la Smeli (1990). C’est l’ancienne frĂ©gate soviĂ©tique Delfin (1975 – 1990) du projet 1159 (Koni dans la classification de l’OTAN). Les corvettes Reshitelni (1989) et Bordri (1990) appartiennent au projet soviĂ©tique 1241.2 (Molnyia-2 dans la classification OTAN). Elles servirent dans la marine soviĂ©tique (1983 – 1990) avant d’ĂŞtre transfĂ©rĂ©es Ă la marine bulgare. Leur principale mission est la lutte anti-sous-marine.
L’âge moyen des 7 bâtiments de la flotte de surface de la marine de la RĂ©publique de Bulgarie est de 36,6 ans en 2019. 6 unitĂ©s sur 7 ont pour mission principale la lutte anti-sous-marine. Toutes les unitĂ©s ont des capacitĂ©s anti-aĂ©riennes et anti-navires obsolètes, voire dont les armes sont pĂ©rimĂ©es.
Des modernisations contraintes par une importante réduction du budget de La Défense
Un premier rajeunissement de la « ligne » bulgare aurait pu intervenir avec un premier programme d’acquisition de corvettes pour lequel le français DCNS Ă©tait pressenti pouvoir le remporter (2004 – 2007) en proposant la construction locale de quatre corvettes Gowind 2500 pour 900 puis 780 millions d’euros (2007). L’acquisition des trois frĂ©gates Wandelaar (1978), Westdiep (1978) et Wielingen (1978) de la classe Wielingen et du chasseur de mines tripartite amputa cependant l’enveloppe financière dĂ©diĂ©e Ă ce projet de 77 millions d’euros (2004 – 2007), tout en visant le programme de nouvelles corvettes de sa substance. Il est Ă remarquer que sur cette pĂ©riode, les dĂ©penses militaires bulgares rapportĂ©es au Produit IntĂ©rieur Brut (PIB) ont chutĂ© de 2,86% (2000) Ă 1,41% (2010).
La Vision : la Bulgarie Ă l’OTAN et dans la DĂ©fense europĂ©enne 2020 (2014) visait Ă augmenter de 0,1% par an le budget militaire bulgare jusqu’Ă atteindre 2% en 2020, soit l’objectif dĂ©fini par l’OTAN. L’annexion de la CrimĂ©e par la Russie (2014) et son corollaire, l’ingĂ©rence russe dans la guerre civile ukrainienne (2014), ont catalysĂ© des volontĂ©s politiques en Bulgarie pour soutenir cet effort militaire, notamment sur le plan naval. Le budget militaire bulgare s’Ă©tablissait Ă environ 887,23 millions d’euros en 2018 (soit 1,6% du PIB) et 979,22 millions d’euros en 2019.
Le projet d’acquisition de corvettes fut relancĂ© en 2016 avec une cible maintenue Ă quatre unitĂ©s. L’expression du besoin a cependant Ă©tĂ© remaniĂ© en 2017, avec une cible rĂ©duite de 4 Ă 2 corvettes. Naval group proposait toujours la Gowind 2500 (400 millions d’euros) dont il fut question lors du voyage du prĂ©sident de la RĂ©publique française Emmanuel Macron en Bulgarie en 2017.
Parallèlement, le programme d’acquisition de deux patrouilleurs hauturiers polyvalent (Plan pour le dĂ©veloppement des forces armĂ©es de la RĂ©publique de Bulgarie 2020 (2015) devant entrer en service en 2023 et 2024 fut lancĂ© en 2016 avec une enveloppe de 454,1 millions d’euros. Les missions visĂ©es dont la lutte anti-sous-marine et anti-navire assimilent finalement ces futurs bâtiments Ă des corvettes. Outre Naval Group associĂ© au bulgare SNC(Gowind 2500), LĂĽrssen (OPV 80/85/90), Fincantieri (corvette de la classe Abu Dhabi du programme Protector) et MTG Dolphin (corvette K-90 : illustration de la brève) ont candidatĂ© pour ce programme depuis 2018. L’acquisition des 8 F-16V Block 70 Viper, confirmĂ© par le parlement bulgare il y a quelques semaines, oblige cependant le gouvernement bulgare Ă rĂ©duire le budget affectĂ© au programme de 25 Ă 30%. Les trois candidats europĂ©ens ont dès lors abandonnĂ© la compĂ©tition, l’entreprise bulgare MTG Dolphin semblant pressentie pour remporter le contrat.
Le format de la flotte de surface des Forces Navales de la RĂ©publique de Bulgarie augmenterait jusqu’Ă quatre corvettes dans les annĂ©es 2020 afin de remplacer les trois corvettes aujourd’hui en service plus très probablement la frĂ©gate Semli pour laquelle aucune modernisation ne paraĂ®t devoir ĂŞtre menĂ©e. Les trois anciennes frĂ©gates belges doivent ĂŞtre modernisĂ©es et demeurer au service jusque la seconde moitiĂ© des annĂ©es 2020.
L’European Patrol Corvette comme solution
Dans un cadre budgĂ©taire très contraint et avec des bâtiments hors d’âge (36,6 ans en 2019), la marine bulgare ne peut que demeurer pressĂ©e d’aboutir. Sofia semble dĂ©sirer favoriser le dĂ©veloppement des compĂ©tences et capacitĂ©s industriels des chantiers navals de MTG Dolphin en couplant son propre projet de corvettes avec des transferts technologies Ă nĂ©gocier dans le cadre de l’acquisition de deux corvettes de facture Ă©trangère. D’oĂą l’apparente division du besoin d’acquĂ©rir quatre corvettes (2004) en deux projets diffĂ©rents.
La coopĂ©ration structurĂ©e permanente European Patrol Corvette peut rĂ©pondre aux impĂ©ratifs politiques de valorisation de l’industrie navale bulgare, car il s’agit de participer Ă la dĂ©finition d’une corvette, d’en partager les frais d’Ă©tudes et d’imaginer les coopĂ©rations industrielles entre les États participants. Les Ă©tudes menĂ©es par MTG Dolphin sur la K-90 sont une manifestation de ce que cette entreprise peut apporter sur le sujet. Ces coopĂ©rations industrielles ne sont pas obligatoires dans la phase d’industrialisation du programme, mais les proposer Ă de potentiels partenaires, comme la Bulgarie qui cherche la construction locale de corvettes depuis 2004, aiderait Ă susciter leur adhĂ©sion.
Cette coopĂ©ration est aussi compatible avec le calendrier de la programmation navale bulgare car au moins l’un des deux protagonistes de cette coopĂ©ration europĂ©enne – l’Italie – est pressĂ©e d’aboutir pour remplacer ses unitĂ©s Ă dĂ©sarmer entre 2020 et 2025. La participation de marins bulgares Ă la dĂ©finition du « prototype » de la European Patrol Corvette permettrait, dès lors, la prise en compte dans l’architecture de base des besoins opĂ©rationnels de cette marine, et d’imaginer les dispositions nĂ©cessaires Ă leur matĂ©rialisation dans l’optique de choisir des matĂ©riels adaptĂ©s, ou de nĂ©gocier avec les partenaires des versions communes de l’EPC pour en rĂ©duire autant que possible les frais d’Ă©tudes et obtenir des Ă©conomies d’Ă©chelle.