Remplacement des sous-marins néerlandais Walrus : dernière ligne droite en 2020 ?

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Le remplacement des sous-marins de la classe Walrus (Zr. Ms. Walrus (1992), Zr. Ms. Zeeleeuw (1990), Zr. Ms. Dolfijn (1993) et Zr. Ms. Bruinvis (1994) de la marine des Pays-Bas (Koninklijke Marine) est dans l’attente depuis 2018 de la « lettre B« . Celle-ci contient l’expression du besoin militaire (caractéristiques opérationnelles, objectifs à atteindre, etc) de la marine hollandaise. Elle devait être envoyé au ou aux constructeurs retenus pour la dernière ligne droite de la compétition. Le budget Défense 2020 hollandais affirme l’objectif d’envoyer cette lettre en 2020.

Le budget 2020 des Pays-Bas établit à 926 millions d’euros le budget de la marine hollandaise. Le White Paper 2018 précisait le calendrier de la programmation militaire du pays pour chacune des capacités à moderniser ou à renouveler. Le « remplacement de la capacité sous-marine » est considéré dans ce document comme nécessitant un budget supérieur à 2500 millions d’euros et devant avancer selon trois phases bien distinctes.

La première consiste dans l’émission d’une demande d’information par le ministère de la défense hollandais à destination des principaux constructeurs de sous-marins. Les candidats s’étant déclarés intéressés sont les chantiers navals hollandais Damen alliés au suédois SAAB grâce à sa filiale Kockums ; l’entreprise française Naval group ; l’entreprise navale espagnole Navantia et la filiale sous-marine allemande de TKMS (ThyssenKrupp Marine Systems).

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La seconde phase devait débuter par l’envoi d’une lettre B aux soumissionnaires retenus. Cette lettre aurait précisé toutes les caractéristiques militaires attendues pour ces sous-marins et aurait permis l’ouverture du dialogue entre les finalistes et la marine hollandaise afin que les constructeurs puissent montrer comment les besoins exprimés sont pris en compte dans leur proposition.

Sous marin de la classe Walrus de la Marine Royale Neerlandaise Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense
La Marine royale néerlandaise met en œuvre quatre bateau de la classe Walrus (Zr. Ms. Walrus (1992), Zr. Ms. Zeeleeuw (1990), Zr. Ms. Dolfijn (1993) et Zr. Ms. Bruinvis (1994) dont le déplacement en plongée atteint les 2650 tonnes.

Selon le calendrier du White Paper 2018, la lettre aurait dû être envoyée dès 2018. La Stratégie pour l’Industrie de la Défense (SID), publiée en novembre 2018, reportait l’objectif de l’envoi de cette lettre, et donc du choix des finalistes, au début de l’année 2019. La secrétaire d’État hollandaise à la Défense, Barbara Visser, a reporté l’envoi de la lettre B à l’été 2019. Le ministère de la défense hollandais pensait que la lettre serait envoyée au parlement pendant l’été 2019. Faute que cela ait pu être fait, l’envoi de la lettre B aux finalistes était prévue par le même ministère à l’autonome 2019. Et le budget 2020 de reporter le choix des finalistes et donc l’envoi de la lettre B au début 2020.

Les constructeurs sont dans l’attente du choix devant être effectué par le ministère hollandais de la Défense, temps supplémentaire mis à profit par certains pour affiner leur proposition technique et les compensations industrielles qu’ils prétendent pouvoir offrir à l’industrie des Pays-Bas.

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Damen et SAAB proposent l’adaptation du sous-marin A26 (deux unités commandées par la marine suédoise) sous le nom de modèle 712 (3000 à 3500 tonnes en plongée ?). La propulsion serait dotée de trois moteurs-diesels électriques. Par un accord conclu le 2 octobre 2019 par Damen et SAAB avec Thales UK, le « sonar » 2076 est intégré à la proposition. Plus qu’un sonar, il s’agit de la suite comprenant un sonar d’étrave, des sonars de flanc, un intercepteur d’ondes sonar, un téléphone sous-marin, un sonar actif pour la détection de mines et une antenne linéaire remorquée.

Un système de lancement vertical est proposé. Il est composé d’un tube lance-missiles disposé à l’arrière du massif. Ce tube contient six alvéoles, chacune chargée d’un missile de croisière. Cela permet d’augmenter le nombre d’armes tactiques (torpilles, mines, missiles anti-navires, missiles de croisière) que le sous-marins peut mettre en œuvre sans avoir à augmenter la taille des soutes à armes tactiques où sont stockées les armes, en face des tubes. Ou de pouvoir lancer des salves de missiles de croisière plus importantes en additionnant les tubes lance-torpilles et le système de lancement vertical.

Naval group et les chantiers navals civils Royal IHC ont fait connaître leur alliance pour le remplacement des quatre sous-marins de la classe Walrus le 7 février 2019. C’est à cette occasion qu’une esquisse de la proposition française fut publiée : présentée comme l‘adaptation d’un Barracuda conventionnel, version à propulsion classique des sous-marins nucléaires d’attaque issus du programme Barracuda. Mais la silhouette présente sur l’illustration n’est pas sans rappeler celle du SMX 3.0, un « concept ship » présenté en 2016, avec un déplacement estimé entre 3000 et 3500 tonnes en plongée. Les détails de la proposition française ne sont pas encore connus, et des interrogations persistent quant au choix de la suite sonar, à savoir si elle serait bâtie à partir de la solution S-Cube proposée par Thales et intégrée aux sous-marins du type Scorpène vendus au Brésil, à l’Inde et à la Malaisie ou bien si, par réplique au sonar 2076, il s’agirait de la suite sonar des SNA de la classe Suffren destinés à la Marine Nationale.

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Shortfin barracuda australie Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense
Naval Group propose son modèle Barracuda à propulsion conventionnelle dérivé de la classe de sous-marins nucléaire d’attaque Suffren de nouvelle génération dont la première unité doit entrer en service en 2021

L’entreprise publique espagnole Navantia n’a rejoint que tardivement la compétition, dont les retards profitèrent à cette candidature. Navantia s’est également déclaré ouvert à une coopération avec Damen, voire d’autres sociétés hollandaises, ce qui renforce sa proposition et diminue quelque peu l’avantage détenu par SAAB, partenaire, lui aussi, de Damen. Fort du soutien du gouvernement espagnol, Navantia propose le S-80 Plus, un navire de 3400 tonnes en plongée aux dimensions et tonnage plus importants – d’ou le S-80 Plus et non S-80 – en raison de difficultés rencontrées, notamment, lors du chantier d’intégration du module AIP (Air Independant Propulsion). La suite sonar ainsi que le système de combat sont fournis par l’Américain Lockheed Martin. La proposition de Navantia est aujourd’hui considérée par les analystes comme étant la plus faible aux Pays-Bas, et nombreux sont ceux qui prédisent un abandon ou une élimination lors de l’envoi de la lettre B.

TKMS propose l’installation d’un complexe pour sous-marins dans la ville de Den Helder. L’industriel propose un centre, non pas seulement pour les futurs quatre sous-marins, mais pour pas moins de dix sous-marins. Il s’agit de la même proposition faite à la Norvège d’entretenir les sous-marins allemands Type 212A (4) et Type 212 CD (2) au sein des futures installations découlant du choix du Type 212 CD pour le remplacement des sous-marins norvégiens. Le Type 212 CD (Common Developpement) est une version modernisée du Type 212A retenu par la Norvège, qui est proposé à l’Italie, la Pologne et donc les Pays-Bas. Avec un déplacement en plongée voisin des 1800 à 2000 tonnes, la proposition de TKMS est la plus éloignée des besoins exprimés par la marine hollandaise, à savoir un bateau très proche des Walrus du point des caractéristiques nautiques (2650 tonnes en plongée). Les données techniques exactes du Type 212 CD ne sont pas encore précisément connues , et la proposition allemande aux Pays-Bas n’est guère plus étayée. TKMS propose généralement le sonars CSU-90 d’Atlas Elektronik dans le cadre de ses propositions commerciales mais rien ne confirme ni n’infirme cela pour la proposition faite aux Pays-Bas. Cette évolution du Type 212 présenterait une propulsion mise à jour avec de nouveaux moteurs MTU.

Maquette du sous marin Type 212 CD co developpe par lAllemagne et la Norvege Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense
Le Type 212 CD (TKMS) est un sous-marin proposé à la Norvège où il a été retenu, à la Pologne, à l’Italie dans une version modifiée et donc aux Pays-Bas.

Les enjeux politiques, industriels et militaires de ce programme dépassent la seule acquisition de sous-marins. La décision n’engage plus seulement le ministère hollandais de la Défense mais aussi les ministères des finances et des affaires étrangères. La Marine des Pays-Bas, quand à elle, se garde bien de manifester la moindre préférence. Le White Paper 2018 prévoyait trois années entre la lettre B et la lettre D (sélection du vainqueur de l’appel d’offres). Tous les candidats se sont engagés à transférer la propriété intellectuelle de leur proposition. À l’instar du programme de sous-marins australiens SEA 1000 (classe Attack, dérivée des SNA de classe Suffren), les Pays-Bas pourraient donc redevenir un acteur de la construction sous-marine, voir un exportateur. Toutefois, la décision rendue pourrait signer, en cas d’échec, de très lourdes difficultés pour SAAB et/ou TKMS. Le premier ne peut pas compter sur la seule commande nationale pour viabiliser les compétences industrielles. Le second est en difficulté en Norvège alors que ses deux principaux clients historiques, la Turquie et la Corée du Sud, sont devenus autonomes.

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