mardi, mars 19, 2024

Quatre Frégates de Défense et d’Intervention pour la Grèce ?

Athènes et Paris signaient, le 10 octobre 2019, une lettre d’intention portant l’achat de deux bâtiments du programme Frégate de Défense et d’Intervention (FDI) lors de la viste du ministre de la Défense nationale M. Nikos Panagiotopoulos à la ministre des Armées Florence Parly. Cette signature engage le renouvellement de la « trame frégates » de la marine de guerre hellénique.

Pour comprendre le besoin naval grec, il s’agit de le replacer dans le cadre de la confrontation opposant Grèce et Turquie en mer Égée. Du point de vue de la flotte de surface turque, le programme MİLli GEMi (MİLGEM) – bâtiment de combat national – produit son plein effet utile. 4 des 8 corvettes dites  » MİLGEM (classe Ada (4) + une classe de 4 unités restant à construire) sont en service.

La 1ière des 4 frégates de la classe Istanbul (ou TF-100 pour son nom programmatique) a été mise sur cale. Reste à lancer le programme de 8 frégates de défense aérienne quand sera retenu l’un des deux avant-projets (TF-2000 ou TF-4500). En outre, les frégates MEKO 200 TN I (classe Yavuz (4), TN II Track A (classe Barbaros (2) et TN II Track B (classe Salihreìs (2) doivent être modernisées. Le format de la flotte de surface turque au début des années 2030 devrait être de 8 corvettes et 16 frégates. Par contraste, la « trame frégates » de la marine grecque est vieillissante. Il s’agit de pourvoir au remplacement des dix bâtiments de la classe Elli et aux quatre frégates de la classe Hydra (MEKO 200 HN).

Les deux premières frégates de la classe Elli – Elli (1981) et Limnos (1982) – furent vendues à la Grèce alors qu’elles étaient toujours en construction aux Pays-Bas. Les huit frégates suivantes appartenaient à la classe S-frigates ou classe Kortenaer et furent transférées à Ahtènes (Aigaion (1993), Adrias (1993), Navarinon (1995), Kountouriotis (1997), Bouboulina (2001), Kanaris (2002), Themistoklis (2002) et Nikiforos Fokas (2003). Elles bénéficient d’une modernisation en 2009. La Bouboulina fut retirée du service en 2013. Les quatre frégates de la classe Hydra (Hydra (1992), Spetsai (1996), Psara (1998) et Salamis (1998) résultent d’un contrat signé en 1988. Le premier bâtiment était construit par Blohm + Voss en Allemagne tandis que toutes les autres le furent en Grèce au sein d’Hellenic Shipyards. Elles bénéficiaent un léger programme de modernisation en 2008 afin de permettre aux quatre bâtiments de pouvoir mettre en œuvre les ESSM (Evolved Sea Sparrow Missile) grâce au remplacement de la conduite de tir.

Reste la question du programme de modernisation à mi-vie discuté depuis 2018. Fort d’un budget d’environ 150 millions d’euros, il devrait permettre d’intégrer un nouveau système de combat, un nouveau radar tridimensionnelle ainsi que de moderniser dix autres systèmes majeurs. Les frégates seraient modernisées entre 2020 et 2024. Ce format de 14 frégates est tombé à seulement 13 avec le désarmement d’une des frégates de la classe Elli en 2013. Les frégates restantes sont âgées : 22,75 ans pour la classe Hydra (4) et 38,3 ans pour les Elli (9). C’est pour le remplacement de ces dernières frégates est jugé urgent car il s’agit d’éviter un effondrement du format par des avaries et casses répétées du fait de l’âge canonique des bâtiments. Pour raisons politiques, notamment en raison des liens bilatéraux liant Athènes et Paris, la préférence grec s’est rapidement prononcée pour l’acquisition patrimoniale de 6 FREMM (FRégates Européennes Multi-Missions) dont la majeure partie aurait été assemblée en Grèce. Les discussions sur ce format durent entre 2005 et 2013.

Les discussions franco-grecques depuis 2013 portent sur un « plan 2 + 2 » soit deux FREMM construites en France pour deux mises sur cale en Grèce. Ce n’est qu’à partir de l’année 2018 que les FTI (Frégates de Taille Intermédiaire) – rebaptisé FDI (Frégate de Défense et d’Intervention) par le Dossier d’Informations Marine du 1er janvier 2019 – supplantent les FREMM dans les discussions. La phase actuelle des discussions débute par l’envoi d’une lettre d’intention par Athènes à Paris le 5 juin 2019. Cette lettre fut signée le 10 octobre 2019 par le ministre grec de la Défense nationale M. Nikos Panagiotopoulos et la ministre des Armées Florence Parly. Lettre qui n’est contraignante mais qui constitue un engagement formel permettant à la France de rechercher une solution de financement pour laquelle Paris se portera garant.

Un accord ad hoc pour porter la vente de deux frégates du programme FDI, c’est-à-dire la version Marine nationale, à la Grèce devra être signé. La DGA presse la partie grecque de signer cet accord avant le 31 janvier 2020 selon plusieurs journaux grecs afin de conclure les contrats d’approvisionnement et de laisser la possibilité à Athènes de pouvoir mettre sur cale la deuxième FDI en Grèce. Les deux frégates seront construites à Lorient pour être livrées en 2024 et 2026.

Le plan 2 + 2 serait toujours d’actualité car le gouvernement grec aurait toujours à arbitrer quant à deux FDI supplémentaires qui seront soit à construire en Grèce, soit à faire mettre en chantier par Naval group à Lorient. Ce programme permettra, au mieux, le remplacement de 4 des 13 frégates de la marine de guerre héllenique qui entretient toujours l’ambition de faire jeu égal avec la Turquie (16 frégates) au début des années 2030. Les perspectives grecques afin de poursuivre le renouvellement reposent sur :

Mais ces deux voies n’entretiennent un format à douze frégates, pas à seize. Et il va s’en dire les deux FDI de la marine grecque (2024 et 2026) deviendront de par leur radar à faces planes entièrement numérisés les meilleures unités de défense aérienne de toute la mer Égée, loin devant toutes les autres frégates, en particulier turques. De quoi stimuler la décision politique turque pour lancer le programme de frégates de défense aérienne.

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