mardi, mars 19, 2024

Conclusion : la Russie et la Turquie ont atteint tous leurs objectifs en Syrie !

Par un savant mélange de planification, de coordination, de négociation et de détermination, la Turquie et la Russie ont réussi, en quelques semaines, à atteindre l’ensemble de leurs objectifs stratégiques en Syrie, et ce au détriment des occidentaux, qui pourtant ont été les plus actifs et les plus efficaces dans la lutte contre Daesh depuis son émergence.

Coté Turc, le président Erdogan a obtenu l’évacuation par les Kurdes des forces démocratiques syriennes d’une bande de 30 km le long de sa frontière avec la Syrie, pour pouvoir y déplacer les quelques 3,6 millions de réfugiés syriens qui sont sur son territoire. En outre, les forces turques ont réussi a provoquer la décision sans pertes excessives, ce qui sera très certainement exploité politiquement par le président et son parti, pour ce qui est, indiscutablement, une victoire stratégique.

COlonne de chars turcs Analyses Défense | Communication institutionnelle défense | Conflit Syrien
Les forces turques n’ont pas commis la même erreur que lors de l’opération Rameau d’Olivier en 2017, et ont engagé un grand nombre de forces blindées simultanément à des forces d’infanterie et d’un soutien d’artillerie et des forces aériennes.

Coté russe, le président Poutine est parvenu à imposer aux Forces Démocratiques Syriennes l’acceptation d’une Syrie unifiée sous le contrôle du pouvoir de Bashar al Assad, et ce sans devoir se brouiller avec la Turquie. Au contraire, les annonces ne cessent d’affluer depuis la rencontre entre Vladimir Poutine et R.T Erdogan à Sochi le 22 octobre, en marge du forum Russie-Afrique. La Russie apparait comme le garant du respect des accords avec la Turquie pour le retrait des forces kurdes, par la mise en place de patrouilles conjointes entre les forces turques et russes, alors qu’il n’y a que quelques semaines, ces patrouilles conjointes étaient menées avec les Etats-Unis. En outre, la Turquie semble toujours prête à acquérir des systèmes d’arme russes, dont de nouvelles batteries de S400, et très probablement des avions de combat.

Même le régime de Bashar al Assad sort grandi de cet épisode, apparaissant comme le garant de l’unité du pays en étant intervenu pour « protéger » la retraite kurde, et empêcher une pénétration plus avant des forces turques. Là encore, le symbole ne manquera pas d’être utilisé par la communication du régime, pour retrouver de la légitimité populaire, et tenter de mettre fin à l’épisode syrien du printemps arabe.

T72 Syrie Analyses Défense | Communication institutionnelle défense | Conflit Syrien
Les forces syriennes loyalistes ont pu redorer leur blason en ayant « protégé » la retraite kurde face à l’avancée turque

Les kurdes du YPG sont évidemment les grands perdants de ces accords, après avoir mené le gros de la lutte contre l’Etat Islamique, ils ont été abandonnés par les Etats-Unis, et donc par la coalition occidentale. Sans l’intervention des forces syriennes, les kurdes auraient même pu être mis en déroute par l’avancée turque, malgré une résistance héroïque mais disproportionnée face à une armée moderne et coordonnée.

Les Etats-Unis sortent entamés et amoindris de cet épisode. Non seulement n’ont ils pas été capables de garder sous controle leur allié turc, mais ils ont montré une grande incapacité à trouver une solution pour sortir du conflit, d’une manière assez similaire aux situations existantes en Irak et en Afghanistan. Le manque de stratégie, ou simplement de compréhension géopolitique du président Trump, a entrainé des décisions contradictoires ayant créé un chaos qui finit par anéantir la crédibilité et la légitimité des forces américaines sur le terrain. La confiance des alliés de Washington a également été entamée, que ce soit pour les pays du Golfe, comme pour les européens.

forces kurdes Analyses Défense | Communication institutionnelle défense | Conflit Syrien
Les forces kurdes, abandonnées par les Etats-Unis, se retrouvent contraintes de libérer la zone de 30 km le long de la frontière turque, par l’accord passé entre Ankara et Moscou

Quand à ces derniers, ils n’ont pu, une nouvelle fois, que constater leur inconsistance sur la scène internationale, n’ayant eu ni leur mot à dire dans la décision américaine, ni les moyens de pouvoir se passer de la puissance militaire américaine. Même unis, les européens ne représentent aujourd’hui gère plus qu’une force d’appoint pour les armées américaines, et le pantomime auquel se sont livrés les dirigeants européens, alliant condamnations officielles et sanctions sur les armements, n’a eu aucune conséquence sur les décisions russes, turques et américaines dans ce dossier.

On ne peut, aujourd’hui, qu’espérer que les européens, individuellement en tant que pays, ou ensemble en tant qu’Union, tireront les bons enseignements de la crise syrienne et de sa calamiteuse conclusion, notamment concernant le rôle que joue, désormais, la puissance militaire effective dans les relations internationales.

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