La Lituanie demande à l’OTAN de passer de la police à la Défense du ciel Balte

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Le renforcement des moyens militaires dont disposent les forces armées russes sur le front occidental, et les tensions croissantes qui opposent l’OTAN et ces mêmes forces russes, en mer Baltique, mer du Nord et mer Noire, ont amené l’alliance de Défense occidentale à déployer, depuis 2015, des forces de « ré-assurance », sous le forme de 3 bataillons mécanisés et une brigade déployés dans les Pays Baltes, en Pologne et en Roumanie. Mais la mission Baltic Air Policing, qui assure la police du ciel des pays baltes pour le compte de l’OTAN, est elle en place depuis bien plus longtemps, 2004 pour être précis, et avait été conçue et formatée pour assurer la Police du Ciel au dessus des Etats Baltes, et non pour participer, le cas échéant, à la Défense de ces territoires contre la Russie, dont les moyens et les positions politiques et internationales, en 2004, ne soulevaient aucune inquiétude.

Evidemment, depuis cette date, les choses ont bien changé. Les forces russes, qu’elles soient aériennes, terrestres ou navales, ont été largement renforcées et modernisées, les effectifs des armées ont été professionnalisés en grande partie, et les récents conflits en Georgie, en Ukraine et en Syrie, ont permis à ces forces de s’aguerrir et de parfaire leurs compétences et leurs préparations opérationnelles qui, aujourd’hui, n’a plus rien à envier aux meilleures forces de l’OTAN. Dans le même temps, à la suite de la prise de l’Abkhazie et de l’Ossètie du sud en 2008, puis de la Crimée et du Donbass en 2014, les relations entre l’OTAN et la Russie se sont rapidement détériorées, au point de retrouver, désormais, des comportements et des postures que l’on pensait, il y a peu encore, cantonnés dans les livres d’histoire traitant de la guerre froide.

Et de fait, les forces russes stationnées à proximité des pays baltes ont grandement évolué depuis l’entame du siècle, quantitativement, mais également sur le plan technologique, avec le remplacement des Mig23 et Su24 alors en service par des Su35 et Su34 bien plus performants, épaulés par des batteries de systèmes S400, Bastion et Iskander, alors que la flotte russe de la mer baltique a vu l’entrée en service de navires équipés de missiles de croisière Kalibr.

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Su34 VKS Actualités Défense | Aviation de chasse | Défense antiaérienne
La puissance aérienne russe s’est considérablement modernisée ces dernières années, avec l’entrée en service des chasseurs Su35 et des bombardiers Su34

La demande des autorités Lituaniennes, qui se savent situées dans l’axe de jonction entre les forces russes stationnées en Biélorussie et l’enclave de Kaliningrad, de transformer la mission de police du ciel de l’OTAN en mission de protection et de Défense de l’espace aérien au dessus des pays baltes, fait évidemment beaucoup de sens dans ce contexte. En effet, les 8 à 12 appareils déployés sur place par les forces aériennes de l’OTAN ne représentent aujourd’hui aucun caractère dissuasif vis à vis des forces russes, qui disposent de plus de 120 appareils de combat dans la zone proche des pays baltes.

En outre, les missions de Police de Ciel et celles de Défense, n’engendrent pas les mêmes déploiements de force, de matériel, et de munition. De fait, si une crise venait à survenir entre l’OTAN et la Russie, les appareils déployés sur place aujourd’hui n’auraient que des moyens très limités pour assurer la protection de l’espace aérien balte. Enfin, une mission de Défense aérienne supposerait également la mise en oeuvre de moyens de détection récurrents et permanents, ainsi que de batteries de missiles anti-aériens, là encore, inexistant à ce jour coté balte, mais très présents coté russe.

Effectifs de la brigade Stryker americaine deployee dans les pays baltes par lUS Army Actualités Défense | Aviation de chasse | Défense antiaérienne
Les Etats-Unis ont déployé une brigade Stryker pour assurer la réassurance des pays baltes et de la Pologne

Reste à voir, désormais, comment l’OTAN répondra à cette requête, somme toute légitime. Non pas que l’Alliance Atlantique ait une perception différente de la menace, mais elle sait qu’il sera très difficile de convaincre ses membres d’augmenter le dispositif balte alors que toutes les forces aériennes font l’objet d’une tension opérationnelle très importante, voire excessive. Il en ira de même concernant les systèmes de défense anti-aériens, une denrée plus que rare dans l’Alliance, et souvent réservée à la protection des infrastructures et zones stratégiques des pays. Même les forces aériennes américaines, qui sont probablement les seules à pouvoir aujourd’hui répondre favorablement à cette demande, doivent faire face à une forte pression opérationnelle, avec de nombreux déploiements concomitants en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.

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Quoiqu’il en soit, la probable incapacité des européens à répondre à une requête aussi triviale que le renforcement du dispositif défensif aérien de 3 membres de l’OTAN et de l’Union européenne, devrait, plus que jamais, interroger sur les formats de ces forces, et sur leurs capacités à assurer la protection des territoires et des intérêts de leurs pays respectifs.

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