mardi, mars 19, 2024

La Norvège refuse le déploiement du bouclier anti-missile de l’OTAN sur son sol

Les autorités norvégiennes ont annoncé qu’elles refusaient le déploiement de systèmes de détection et d’interception anti-missiles américains sur son sol, comme le demandait l’OTAN. En procédant ainsi, Oslo veut ne pas envenimer davantage les relations déjà tendues avec Moscou, même si cela devait froisser Washington.

Les autorités norvégiennes, qui sont en pleine rédaction d’un nouveau Livre Blanc sur La Défense pour prendre en considération le renforcement rapide des forces russes en Europe du Nord et dans l’Arctique, ont annoncé cette semaine que le budget de La Défense augmenterait de 2, 4 Md de couronnes norvégiennes, soit 240 millions d’Euro, la plus forte hausse du budget 2020, et ce pour financer les acquisitions nécessaires pour moderniser ses forces. Parallèlement, l’Etat-Major norvégien, commandé par le général Jakobson, a rendu ses recommandations pour orienter le prochain Livre blanc sur La Défense, en préconisant une forte augmentation des moyens materiels et humains, et notamment la création d’une seconde brigade combattante d’active au sein des forces terrestres.

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L’Etat-Major norvégien appelé à la création d’une seconde brigade de combat dans le pays

Oslo semble avoir pris le parti de ne renforcer que les forces qui seront assimilées par Moscou comme des forces conventionnelles, de sorte à conserver un canal de discussion direct avec le Kremlin. En effet, lorsque le Danemark annonça l’acquisition de systèmes anti-missiles AEGIS pour équiper ses destroyers de la classe Iver Huitfeldt, les autorités russes avaient immédiatement pris des mesures de rétorsion vis-à-vis du pays, et annoncé que, désormais, le Danemark était parmi les cibles prioritaires des forces stratégiques russes. Si, évidemment, beaucoup de ces déclarations ne sont que des gesticulations diplomatiques, il apparait toutefois que la Norvège se dirige vers une politique de Défense plus indépendante, en gardant à sa portée des axes de négociations avec Moscou, une position bien plus proche de celle tenue traditionnellement par Paris que par Oslo.

L’axe choisit par les autorités norvégiennes est interessant, car il correspond bien à la vision actuelle qui prévaut au Kremlin. En effet, les autorités russes ne montrent pas de réactions négatives notables au renforcement des capacités des forces conventionnelles de ses voisins, ni, d’ailleurs, face aux initiatives de défense entre pays européens. En revanche, dès lors que les sujets touchent les capacités stratégiques, comme les boucliers anti-missiles, ou le déploiement de forces américaines, ses réactions sont beaucoup plus virulentes. De fait, en renforçant ses forces conventionnelles et en refusant le déploiement du bouclier anti-missile américain, les dirigeants norvégiens entendent montrer à leurs homologues russes qu’ils ont compris les règles du jeu, et qu’ils s’y conforment.

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La réponse russe au refus norvégien pourrait bien ouvrir des axes de négociation entre les pays européens et la Russie vis-à-vis de l’après traité INF

Il sera, dès lors, très interessant et instructif d’observer la réponse faite par le président Poutine à cette décision lors des célébrations de la libération de la péninsule scandinave par les forces soviétiques, qui se tiendra dans quelques semaines. Selon, il pourrait s’agir d’un axe de négociation interessant à exploiter par les européens suite à la fin du traité INF, pour éviter de voir à nouveau se reproduire une situation semblable à celle qui mena à la crise des euromissiles en 1983, jugée par beaucoup comme la plus importante crise de la guerre froide avec celle de Cuba.

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