Les armées norvégiennes ne peuvent pas défendre le pays, selon son chef d’Etat-Major

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Selon le général Rune Jakobson, commandant opérationnel des forces norvégiennes, le format actuel de ses forces serait insuffisant pour défendre le pays dans l’attente de renforts venus de l’OTAN. En outre, le pays serait incapable de conserver une posture défensive minimale tout en remplissant ses engagements opérationnels vis-à-vis de l’OTAN. Il faudrait, selon ce général de division de 58 ans, une deuxième brigade aux forces terrestres pour atteindre ce format minimum. Bien que disposant de forces aériennes et navales solides, avec un format prévu de 52 F-35A et 5 P8 Poseidon pour la première, et de 6 sous-marins et 4 frégates pour la secondes, les forces norvégiennes sont très restreintes, avec seulement 23.500 personnels d’active, conscrits y compris, et 40.000 réservistes. Les forces terrestres, rassemblent 7.830 personnes, parmi lesquels seuls 3.600 sont des militaires, principalement rassemblés dans une unique brigade, la brigade « Nord ».

Ce n’est pas faute de budget, la petite armée norvégienne ayant un budget annuel dépassant de 7,5 Md$, et est un des rares pays du continent à dépenser plus de 2% de son PIB dans sa Défense. D’ailleurs, les militaires norvégiens sont plutôt très bien équipés. A titre de comparaison, les forces armées belges, qui rassemblent 24.000 personnes, n’ont, elles, qu’un budget de 4,9 Md$. Et cela se ressent dans le nombre d’équipements en service ou en commande : 36 F35A pour la Belgique, 52 pour la Norvège ; 2 frégates pour la Belgique, 4 frégates (5 construites) modernes pour la Norvège ; aucun sous-marins pour la Belgique, 4 pour la Norvège (6 aujourd’hui) ; aucun char de combat pour la Belgique, 52 Leopard 2 A4NO pour la Norvège (36 en service) ….

Atterrissage premier F35 norvegien Analyses Défense | Forces Terrestres | Guerre de Haute Intensité
La Norvège est le seul pays Européen qui verra sa flotte de chasse augmenter en passant du F16 au F35, passant de 46 F16 opérationnels (72 initialement) à 52 F35

En Norvège, comme pour la majorité des pays européens aujourd’hui, le principal problème repose sur le recrutement des personnels. Dans un pays ou le salaire moyen dépasse les 60.000 $ par an, et qui connait un taux de chômage très bas depuis plusieurs décennies, il est très difficile de faire naitre la vocation pour le métier des armes, par nature contraignant et limité en matière de perspectives salariales. En outre, Oslo ne déroge pas aux autres capitales européennes, en s’étant persuadée de la fin des conflits entre états avec la fin de la guerre froide, et en renforçant l’idée qu’une telle hypothèse était impossible dans la population. Enfin, et là encore, comme beaucoup de pays européens, la Norvège a accepté de faire reposer, en grande partie, la sécurité du pays sur sa seule appartenance à l’OTAN, et plus précisément, sur la suprématie militaire des Etats-Unis dans le Monde.

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Or, en quelques années seulement, nombre de ces certitudes se sont évanouies, avec le renforcement rapide de la puissance militaire russe, l’apparition d’une hypothèse de double-front avec la Chine pour les Etats-Unis, et même le constat alarmant concernant les capacités effectives du Sea Lift Command, la force de transport navale américaine, dont la moyenne d’âge des navires dépasse aujourd’hui les 50 ans. En ajoutant à cela l’apparition de nouveaux systèmes d’arme, comme les missiles hypersoniques Tzirkon et Kinzhal ou les torpilles stratégiques Poseidon, et la puissance grandissante et menaçante de la Chine dans le Pacifique qui menace potentiellement les Etats-Unis et nécessite une concentration de moyens plus importante dans cette zone, le renfort potentiel de forces américaines pour répondre à une offensive russe en Europe se trouve, si pas annulé, en tout cas sensiblement réduit, et retardé dans le temps.

Leopard 2 norvege Analyses Défense | Forces Terrestres | Guerre de Haute Intensité
Contrairement à beaucoup de pays, la Norvège à conserver une force blindée lourde, avec un régiment de Leopard 2 A4NO

De fait, comme beaucoup de pays d’Europe du nord et de l’est, la Norvège en vient à reconsidérer ses options défensives, et notamment le besoin d’augmenter ses propres forces, de sorte à augmenter la durée de la résistance potentielle norvégienne, dans l’attente d’un renforcement américain ou européen. Mais, s’il est relativement simple et rapide de sortir le carnet de chèque pour acquérir de nouveaux équipements, il est beaucoup plus délicat, et long, d’augmenter les effectifs d’une force armée, qui a besoin de structure, d’encadrement, d’une pyramide des âges et des compétences équilibrées, et surtout de volontaires. Tout cela prendra du temps, et nécessite des moyens au delà des crédits consacrés au ministère des armées, car il s’agit de créer dans la population, à nouveau, l’élan qui amène certains à vouloir servir et protéger le pays.

En ce sens, la Norvège, comme la Suède avant elle, de part leur population réduite et leur exposition face à la Russie, apparaissent comme précurseurs de ce qui devra être fait dans toute l’Europe, y compris en Allemagne et en France, afin de re-capitaliser les défenses de chacun, et par là même, élever le potentiel dissuasif de l’ensemble, avec, et surtout sans, les Etats-Unis en arrière garde. La sécurité et la paix, sur l’ensemble du continent, dépendra très certainement de la clairvoyance des élites politiques à s’emparer de ce problème avant qu’il ne soit trop tard, et que les évènements commandent d’eux mêmes.

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