Les Etats-Unis menacent l’Europe de représailles concernant son plan Espace

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Une des premières initiatives de la nouvelle commission européenne repose sur un plan visant à promouvoir l’industrie spatiale européenne, au travers d’un ambitieux plan de coopération européenne dans le domaine que Sylvie Goulard, commissaire au marché intérieur, doit présenter demain à la commission pour validation. Mais cela n’est pas du tout du gout de l’administration américaine qui, par la voix de Scott Pace, directeur du conseil national spatial, a menacé l’Europe de représailles si ces mesures venaient à empêcher les entreprises américaines de participer aux appels d’offres des pays européens dans le domaine spatial.

Il ne s’agit, ni plus ni moins, que des prolongations des menaces faites il y a 3 mois au sujet des programmes et fonds de défense européens, eux aussi perçus par l’administration Trump, comme une entrave vers son marché le plus important, qui lui rapporte chaque année plus de 20 Md$ pour les équipements et services de défense vendus aux pays européens. En outre, si l’Europe venait à se doter d’une industrie de défense et spatiale totalement autonome, les Etats-Unis perdraient d’importants leviers politiques, via notamment la législation ITAR, sur ces pays sur la scène internationale. De récents exemples montrent que l’administration US ne se privent guère de faire valoir ces leviers lorsqu’elle le juge nécessaire, même vis-à-vis de ses plus proches alliés, comme l’Australie.

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Le président français E.Macron, la première ministre britannique T.May et la Chancelière allemand A. Merkel en Bulgarie au sommet de l’UE de Sofia le 17 Mai 2018

L’argument mis en avant par Scott Pace est, à ce titre, proche de celui avancé concernant les programmes de Défense. En effet, il s’inquiète du fait que le developpement d’une industrie spatiale européenne autonome pourrait nuire aux pays membres de l’OTAN et non de l’Union européenne, comme la Norvège, le Canada ou l’Islande. De fait, si l’Europe venait à persister dans sa volonté de mettre en oeuvre ce programme spatial, les Etats-Unis pourraient décider de prendre des mesures de représailles économiques et technologiques vis-à-vis des européens, menaces strictement similaires à celles faites au sujet du PESCO, et qui restent valides, puisque non arbitrées, et notamment interdire aux entreprises européennes de concourir aux appels d’offres de Défense des armées américaines.

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Cette menace fera certainement réagir certains membres de l’UE, comme la Suède dont Saab participe avec Boeing au programme T-FX de l’US Air Force, mais également l’Allemagne avec Rheinmetall qui propose son Lynx avec Raytheon face au Griffin III de General Dynamics pour le remplacement des Bradleys de l’US Army, ou encore l’Italien Fincantieri et l’Espagnol Navantia, tous deux impliqués dans la compétition pour la construction de 20 nouvelles frégates pour l’US Navy. Rappelons également que c’est Airbus Helicopter qui construit le Lakota, l’hélicoptère utilisé pour la formation des pilotes de l’US Army.

FREMM Italie Analyses Défense | Etats-Unis | Europe
l’Italien Fincantieri propose sa FREMM pour la compétition FFG/X visant à concevoir et fabriquer 20 frégates pour l’US Navy

Cependant, pour chacune de ces offres, les entreprises européennes ont systématiquement créé une filiale sur le sol américain, le plus souvent en partenariat avec une entreprise de la base industrielle technologique de Défense américaine. Dans les faits, le fonctionnement prôné par la Commission Européenne ne fait qu’équilibrer celui appliqué aux Etats-Unis vis-à-vis des entreprises européennes depuis 1950. Rappelons également que, si des entreprises comme SpaceX peuvent offrir des tarifs aussi attractifs sur le marché international, c’est avant tout grâce aux très lucratifs contrats passés avec les armées américaines et la Nasa, avec des montants très supérieurs à ceux du marché…

S’il est peu probable que la Commission Européenne face machine arrière sur son plan spatial, comme elle avait résisté aux menaces concernant le PESCO, il est en revanche certain que cet épisode va, à nouveau, donner lieu à des attaques acerbes du président Trump et de son administration, ainsi qu’à des menaces répétées sur les entreprises européennes. Décidément, les pays européens paient très chers leur dépendance à la protection américaine ….

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