Le budget des armées russes va progresser de 7% en 2020

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Selon l’équivalent du projet de loi de finance 2020 de la fédération de Russie, le budget des armées va passer de 2,9 Tr roubles en 2019 à 3,1 Tr Roubles en 2020, soit une hausse de 6,9% sur l’année. En 2021, il s’établira à 3,2 Tr rb et en 2022 à 3,3 Tr rb, soit une hausse de 14% sur 3 ans. Il s’agira de la plus forte hausse annuelle du budget fédéral de la Défense depuis 10 ans, en cohérence avec les ambitions de la GPV 2019-2027, l’équivalent de la Loi de Programmation Militaire, qui prévoit une dépense de 9 Tr Roubles pour les équipements de forces armées, soit une moyenne de 18,75 Md$ par an. Dans les faits, il s’agira d’une progression de 16 Md$ en 2019 jusqu’à 21 Md$ en 2027, soit une croissance moyenne de 7,5% par an.

Cette progression très nettes des dépenses de Défense est cependant masquée dans la communication officielle par la baisse sensible de la valeur du rouble sur les marchés internationaux, qui est passé d’une valeur moyenne autour de 59 rb par USD en 2017/2018, à 65 rb par USD aujourd’hui. Ceci explique pourquoi, dans la présentation officielle du budget des armées exprimée en USD, celui ci s’établit à 47,7 Md$ en 2020, 50 Md$ en 2021, et 51,3 Md$ en 2022, à parité fixe. En revanche, ces valeurs doivent être pondérées de l’inflation en Russie, qui s’établie aujourd’hui entre 3,5 et 4% par an, et qui limite donc l’efficacité de cette hausse.

Un des prototype du programme PAK FA qui deviendra le Su57 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Fédération de Russie
Ramené en euro, le Su7 ne coute que 31 M€ au budget russe par exemplaire, alors qu’un Rafale coute plus de 70 m€ au budget des armées françaises.

Il convient en outre de se montrer très prudent lorsqu’il s’agit d’évaluer les capacités militaires de la Russie sur la seule base de son budget officiel exprimé en rouble. En effet, comme exprimé plus haut, la valeur du rouble est aujourd’hui très faible vis-à-vis du dollar ou de l’euro, étant passé de 1 euro pour 37 roubles en 2013 à 1 euro pour 75 roubles aujourd’hui. Sur la même période, les prix et les salaires en Russie ont largement moins augmentés, surtout dans l’industrie de l’armement, et dans les armées. En outre, le tiers des effectifs militaires est constitué de conscrits, qui ne reçoivent qu’un salaire symbolique, hormis lorsqu’ils sont déployés en zone d’opération, comme en Syrie. Enfin, de nombreuses dépenses de Défense ne sont pas prises en compte par le ministère de La Défense russe, mais par des dépenses fédérales parallèles, notamment concernant la recherche et le developpement, alors que beaucoup de dépenses d’infrastructures sont à la charge des Oblasts (les régions). C’est la raison pour laquelle les organismes internationaux comme le SIPRI, dont les méthodes de calculs du budget de La Défense sont pourtant contestables, estime le budget russe consacré aux armées à 61 Md$ en 2018, contre 45 selon la communication officielle du Kremlin.

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Il est également important de garder à l’esprit que les stratèges russes ont su, depuis le milieux des années 2000, concevoir une politique industrielle de Défense alliant le developpement de nouveaux systèmes critiques, comme les missiles anti-aériens S350/400/500, les missiles hypersoniques Kinzhal et Tzirkon, l’avion de combat Su-57 et les blindés de nouvelle génération de la famille Armata, avec un vaste programme de modernisation des équipements existants et disponibles en grands nombres, comme les chars T72B3 et T80BV, les hélicoptères Mi8/24/26/35 ou encore les avions de combat de la famille Su-27. Or, là ou construire un char leopard 2 A7 coute plus de 10 millions d’euro, la modernisation d’un T90 au standard T90M ne coute, elle, qu’un million d’euro, soit le prix d’un VBMR Griffon.

kinjal Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Fédération de Russie
Les autorités militaires et politiques russes ont su concentrer leurs investissements de Défense vers des developpement d’équipements apportant un important gradient de puissance avec l’occident, comme le missile hypersonique Kinzhal

En d’autres termes, il est essentiel de pondérer les discours basés sur l’écart des dépenses de défense entre la Russie et l’Europe, par exemple, pour revenir à des appréciations plus factuelles, comme le nombre d’hommes prés au combat, le nombre de blindés et de systèmes d’artillerie, le nombre de sous-marins et d’avions de combat, tout en intégrant ces valeurs dans un filtre prenant compte de l’efficacité technologique entre les systèmes, pour évaluer la réalité de l’écart de puissance entre le bloc occidental et la Russie en Europe.

Si la questions vous intéresse, reportez vous à l’article « Proposition de modèle pour une analyse comparée des investissements d’équipements de défense  » accessible gratuitement ici.

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