Paris et Berlin mettent en cause l’Iran dans l’attaque sur les installations pétrolières saoudiennes

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En marge de l’Assemblée Générale des Nations Unis, le président Français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre britannique Boris Johnson ont publiquement désigné Téhéran comme étant responsable de l’attaque contre les installations pétrolières saoudiennes.

Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible

ont déclaré les 3 dirigeants européens, en rupture avec les positions prudentes de Paris et Berlin ces derniers mois sur ce dossier.

Eu égard au climat tendu entre les capitales européennes et Washington, on ne peut imaginer qu’il s’agisse d’un simple soutien de position, d’autant que le président français ne ménage pas ses efforts pour tenter de ramener Teheran à la table des négociations et tenter de sauver les accords de Vienne. Dès lors, il est probable que les chancelleries ont obtenu des informations ne laissant guère de doute quand à l’implication de l’Iran dans cette attaque, et que ces informations ont pu être corroborées par les services de renseignement des deux pays.

Mais une fois l’implication iranienne établie, les options qui s’offrent aujourd’hui aux européens comme aux américains ne sont guère satisfaisantes. Avec les très nombreux proxy dont dispose l’Iran au moyen-orient, le recours à la force contre Téhéran entrainerait, sans le moindre doute, un embrasement régional majeur et la déstabilisation de très nombreux pays, dont certains, comme l’Irak, la Syrie ou le Liban, n’ont pas encore cicatrisé des stigmates des récents conflits. Dans une telle hypothèse, l’Europe verrait de nouvelles vagues de réfugiés se presser à ses frontières, alors que le risque terroriste, en Europe comme aux Etats-Unis, grimperait en flèche, avec les risques que l’on connait sur le basculement des opinions publiques occidentales. En outre, comme l’avait fait l’Irak en son temps, une opération armée contre l’Iran entrainerait très certainement des tirs de missiles balistiques contre les villes israéliennes, afin de provoquer une réaction de Jerusalem, et engendrer la radicalisation des opinions publiques arabes dans tout le Moyen-Orient.

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Les Monarchies du Golfe disposent d’important moyens militaires, mais leurs armées manquent d’experience et d’efficacité

Les Occidentaux pourraient également être tentés par une action militaire par proxy, en appuyant une coalition sunnite autour de l’Arabie saoudite pour mener les opérations militaires. Mais les risques sont sensiblement les mêmes que dans le cas d’une intervention occidentale directe, notamment vis-à-vis de l’implication probable d’Israel. En outre, si elles disposent d’équipements de pointe en quantité, les monarchies du Golfe n’ont jamais brillé par leurs performances militaires, même si certains pays, comme les EAU, ont montré une réelle efficacité ces dernières années. L’Egypte et la Jordanie ont, en revanche, des forces bien entrainées et bien équipées, mais ces deux pays sont exposés à des représailles iraniennes sur le plan intérieur, qui risquerait de compromettre leur implication. Surtout, une telle option pourrait avoir des répercussions très importantes sur la production mondiale d’hydrocarbures impactant gravement les économies occidentales déjà très exposées par leurs niveaux des dettes publiques et privées.

La dernière option des occidentaux repose sur l’intensification des mesures de représailles économiques associée à la protection des pays frontaliers et du trafic maritime. Ce serait, en quelques sortes, l’extension de la politique américaine menée depuis une année. Mais le régime iranien est habitué à ce type de sanctions, et sait en limiter les effets sur son pouvoir. En outre, cela permettrait à d’autres pays, comme la Chine, de renforcer leur main-mise sur Téhéran, un scénario loin d’être satisfaisant. En outre, il est probable que dans une telle hypothèse, l’Iran poursuivra ses attaques hybrides, et surtout son programme nucléaire, avec le risque probable de provoquer une intervention directe des Israéliens, et d’amener Riyad à entreprendre, conformément aux déclarations du prince Bin Salman, le developpement d’un programme nucléaire saoudien.

F25I Adir Allemagne | Analyses Défense | France
Le risque d’une intervention israélienne contre Téhéran est au coeur de la gestion des risques dans les politiques internationales occidentales au Moyen-Orient

En d’autres termes, aujourd’hui, aucune des options disponibles pour répondre aux attaques attribuées à l’Iran contre les installations pétrolières saoudiennes n’est satisfaisante, et toutes présentes d’importants risques pour la stabilité de la région, et donc du monde. On comprend, dès lors, les efforts de Paris pour tenter de ramener Téhéran dans un contexte de négociation, afin de redonner vie aux accords de Vienne. Mais rien ne dit que, face à l’intransigeance du président Trump, par ailleurs en campagne pour sa réélection, et face aux dirigeants iraniens, qui savent devoir faire face à des revendications populaires importantes qui menacent leur pouvoir, ces efforts seront suffisants pour éviter le scénario du pire.

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