jeudi, mars 28, 2024

L’Inde teste son programme hypersonique

La Defence Research & Development Organisation, ou DRDO, l’agence en charge de la Recherche et du Developpement des équipements de Défense en Inde, a annoncé avoir procédé, le 11 juin 2019, a un vol experimental lié au programme HSTDV, pour HyperSonic Technological Demonstrator Vehicle. Selon les informations du site livefistdefense.com, ce test a associé le lanceur balistique à courte portée Agni-I et le HSTDV, et avait pour objet d’étudier la dynamique de séparation et de recueillir des données sur le vol lui même, visant une vitesse entre Mach 2 et Mach 8.

Selon cette même source, le vol n’aurait pas été un succès, bien que l’on ignore si le problème est survenu sur le lanceur balistique ou sur le HSTDV. Mais selon les autorités indiennes, les informations recueillies permettent la poursuite du programme. L’Inde est engagée dans deux programmes visant des vitesses hypersoniques : le HSTDV destiné à équiper les missiles balistiques à l’instar des Avangard russes ou WU-14 chinois, et le programme BrahMos-2, co-developpé depuis 2019 avec le russe NPO Machinostroina (qui développe le missile anti-navire hypersonique 3M22 Tzirkon), visant à developper un missile anti-navire et de croisière hypersonique.

Brahmos Actualités Défense | Armes et missiles hypersoniques | Forces de Dissuasion
Le missile Brahmos est un des grands succès de la coopération technologique russo-indienne

Un des objectifs du HSTDV, au delà de disposer d’un véhicule hypersonique capable de manoeuvrer en rentrée atmosphérique pour déjouer les missiles anti-balistiques modernes, et donc de renforcer la dissuasion du pays, est de developper un scramjet, ou superstatoreacteur, en Inde. Comme le statoréacteur qui propulse, par exemple, le missile de croisière supersonique ASMPA français, le Scramjet utilise l’oxygène de l’air atmosphérique comme comburant pour assurer la propulsion, à la différence d’un moteur fusée qui lui, emporte à la fois le combustible et le comburant. Cependant, la combustion dans un statoréacteur ne peut être effective qu’à une vitesse subsonique élevée, ce qui contraint les missiles utilisant cette propulsion à ralentir le flux d’air entrant. Or, aujourd’hui, les technologies employées pour cela ne permettent pas d’atteindre des vitesses au delà de Mach 4, et donc rendent le statoréacteur inadapté pour propulser un missile hypersonique.

C’est là qu’intervient le Scramjet, ou SuperStatoreacteur, qui permet une combustion dans un flux d’air atteignant Mach 2, et donc permet au missile de dépasser le seuil hypersonique de Mach 5. Mais peu de carburants permettent une combustion efficace à cette vitesse, et longtemps, les scramjet étaient limités à l’emploi d’hydrogène, que l’on sait complexe à produire, stocker, transférer et mettre en oeuvre. Les programmes actuels, comme le HSTDV, visent à developper un Scramjet acceptant le kérosène aéronautique, que les forces armées manipulent en grande quantité.

Challenges in developing scramjet engine 11 Actualités Défense | Armes et missiles hypersoniques | Forces de Dissuasion
Le Scramjet permet d’atteindre des vitesses hypersoniques même avec des carburants traditionnels (image Air Force propulsion Directorate)

Ce programme montre les ambitions de l’Inde à moyen terme, tant du point de vue technologique, que vis-à-vis de son rôle dans le monde de demain. Il est évidemment intimement lié à la politique du « make in India » du président Modi, qui tend à localiser dans le pays la majeure partie des investissements de défense, avec une importante ambition de transferts de technologies, pour le premier importateur d’armes mondial. Cette politique porte ses fruits, même si d’importants problèmes de qualité et de compétitivité subsistent. Ainsi, un Su-30MKI couterait 30% plus cher lorsqu’il est assemblé en Inde vis-à-vis du même modèle assemblé en Russie. De même, le programme de chasseur léger Tejas, développé intégralement en Inde par HAL (celui qui assemble les Su30 MKI..), est très régulièrement critiqué pour son retard, son manque de performances, et son prix, prés de deux fois plus élevé que le chasseur léger Gripen de Saab, pourtant beaucoup plus performant et fiable. Mais d’autres domaines, comme les missiles et les blindés, offrent plus de satisfaction. Ainsi, le prochain appel d’offres visant à acquérir 2.600 véhicules de combat d’infanterie, voit pas moins de 4 grandes entreprises indiennes proposer des modèles domestiques, alors que seules 4 entreprises internationales ont décidé de s’aligner sur cette compétition.

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