jeudi, mars 28, 2024

Les S400 russes n’auraient pas pu détecter un F35 volant au dessus de Damas

Selon le site Defensenews.com, citant le magazine israélien NZIV, Un F35A Air appartenant aux forces aériennes israéliennes auraient été en mesure de mener une mission dans le ciel Syrie, jusqu’à la périphérie de Damas, sans jamais avoir été détecté par les systèmes de défense S300 et S400 mis en oeuvre par la Défense antiaérienne syrienne et russe. Selon le site NZIV, les russes n’ont pas réagi car ils n’avaient « tout simplement pas conscience que nous étions là ».

Cette information, non corroborée, est à prendre avec beaucoup de précautions, car elle présente de nombreuses incohérences techniques. Ainsi, le F35A est certes très furtif en secteur frontal, dans un arc de 60 degrés de part et d’autre du nez de l’appareil. En revanche, lorsqu’il est de profil, ou de dos, cette furtivité est nettement dégradée. Or, dans un profil de vol comme celui montré par le magasine NZIV, le F35 n’aurait pas pu maintenir ce secteur frontal sur l’ensemble du vol.

trajectoire F35 syrie NZIV Actualités Défense | Aviation de chasse | Conflit Syrien
La trajectoire de vol du F35 Air selon le site NZIV n’aurait pas du permettre à l’appareil de rester indétectable

En second lieu, la furtivité n’est pas une cape d’invisibilité, quoiqu’en dise Donald Trump. En réduisant les ondes radars réfléchies par l’appareil, elle agit comme si l’appareil était de très petite taille. Mais un radar moderne est capable de détecter des mobiles de très petites dimensions, dès lors que ceux ci sont suffisamment prêt. Ainsi, les abaques généralement utilisés indiquent que pour un radar comme celui employé par le S400, le 91H6E, peut détecter une cible de 1m2 à 600 km, et une cible de la taille équivalente d’un F35A en secteur frontal à 50 ou 60 km. Mais en secteur travers ou arrière, cette distance de détection monte à plus de 100 km, probablement davantage. Dès lors, là encore, la trajectoire présentée par le magazine étonne, car même si les batteries de S400 russes sont avant destinées à protéger les zones de Tartous et la base de Hmeimem, le F35 aurait du être détecté par les radars russes.

Ce n’est pas la première fois que les performances du S400 sont remises en cause. En effet, lors du raid de la coalition entre la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis contre les installations suspectées de fabriquer et d’entreposer des armes chimiques en Syrie, les autorités russes ont déclaré qu’elles doutaient que les Rafale français aient participé au raid, puisqu’ils n’avaient ni détecté les Rafale, ni les missiles SCALP tirés par ces derniers. Fait interessant, dans le décompte donné de missiles revendiqués abattus par la Défense anti-aérienne syriennes, les SCALP français étaient décomptés. On peut raisonnablement douter que les communicants russes aient volontairement décidé de cacher la détection des Rafale. Dès lors, il apparait que le profil de vol choisit par la mission française partie de Saint-Dizier exploitait effectivement une faiblesse dans les capacités de détection du 91H6E.

Rafale.SCALP EG AdlA 1068x710 Actualités Défense | Aviation de chasse | Conflit Syrien
Les rafales et leurs missiles scalp avaient eux aussi échappés à la détection radar des S400 russes

En revanche, si le vol était effectivement confirmé par l’Armée de l’Air Israélienne, et même s’il ne respectait pas la linéarité étonnante présentée par les médias, il n’en demeure pas moins que cela crédibilisera sensiblement le F35 dans son rôle de chasseur-bombardier et dans sa capacité à éliminer les défenses anti-aériennes adverses. Le S400 étant aujourd’hui considéré comme le système de défense anti-aérien longue portée le plus performant en service dans les forces non-occidentales, ce raid pourrait bien être un argument de poids pour Lockheed dans les compétitions à venir. Rappelons toutefois que la Défense anti-aérienne russe ne repose pas que sur le S400, mais sur un ensemble de couches ayant leurs propres missions et leurs propres systèmes de détection, et qu’un vol à proximité du système ne signifie nullement que l’occident serait en mesure de prendre l’ascendant sur l’ensemble de la Défense anti-aérienne russe. D’autant qu’il reste un paramètre qui n’a pas été considéré jusqu’à présent, celui de la détection sans poursuite du F35, ne permettant pas à l’appareil de déterminer s’il a été ou non effectivement détecté, et que tel était effectivement le but recherché.

Pour l’heure, et comme souvent dans ce type de déclarations, il s’agit donc d’être particulièrement prudent quand aux conclusions qui peuvent en être tirées. Comme la photo d’un F22 dans le collimateur d’un Rafale, si l’information a des bases solides, nul doute qu’elle réapparaîtra au bon moment dans les mains de Lockheed, en Suisse, Finlande, au Canada ou en Inde ….

- Publicité -

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles