Les industriels de La Défense parient sur les drones terrestres armés

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Ces dernières semaines, pas moins de 4 annonces majeures ont été faites concernant le developpement de drones de combat terrestres armés dans le camp occidental. Alors que les systèmes de guidage et l’intelligence artificielle embarquée permettent aux UGV[efn_note]Unmanned Ground Vehicle[/efn_note] de se déplacer efficacement sur le terrain, les progrès en matière d’efficacité énergétique et des batteries ont permis d’en augmenter l’autonomie, et la capacité d’emport. Ces drones permettent non seulement de transporter des charges pour accompagner les forces débarquées, mais ils peuvent mettre en oeuvre des systèmes d’armes propres, allant de la mitrailleuse automatique au missile anti-char. Souvent éclipsés par les drones aériens et navals, les drones terrestres pourraient bien avoir, dans les années à venir, un rôle tout aussi déterminant que ces derniers.

Le Programme Européen MUGS

Financé par les fonds européens de Défense, le programme MUGS, pour Modular Unmanned Ground Système, rassemble l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, la Finlande et la Lettonie, autour du drone THEMIS pour Tracked Hybrid Modular Infanterie System développé par le letton Milrem Robotics. Le Programme vise à étendre les capacités du drone, dans les domaines de transport de charge, mais également dans la mise en oeuvre de senseurs, ou de drones plus légers, comme des drones de reconnaissance aéroportés.

MUGS Allemagne | Belgique | Communication et Réseaux Défense
La plate-forme THEMIS est au coeur du programme européen MUGS

Même si le Themis a déjà fait l’objet de tests armés, notamment avec une tourelle automatique montée d’un mitrailleuse de 7,62mm, ou de missiles anti-chars MMP, il n’apparait pas pour l’heure dans l’agenda du programme européen de développer expressément un drone armé. Mais la versatilité visée par le programme couvrira, a n’en point douter, ce type de missions et de capacités, d’autant que les concurrents et adversaires ne s’en privent pas.

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Le programme Rheinmetall – WB Group

En marge du salon DSEI qui se tient prés de Londres, le groupe allemand Rheinmetall et le groupe polonais WB Group ont présenté un modèle drone terrestre 8×8 mettant en oeuvre jusqu’à 6 micro drones de combat aériens WARMATE, destinés aux attaques suicides. Le Warmate, du polonais WB Group, emporte une charge militaire à fragmentation, charge creuse ou thermobarique légère à prés de 40 km, à une vitesse de 80 km/h. Il dispose d’une autonomie de 50 minutes pour trouver sa cible et la viser.

Le programme germano-polonais, développé en fond propres par les industriels, répond aux besoins de puissance de feu des forces européennes, dans un environnement ou la puissance aérienne peut être neutralisée par la défense anti-aérienne adverse. Le Warmate, par ses dimensions très réduites et sa faible image thermique, est certainement difficile à intercepter pour les systèmes anti-aériens d’aujourd’hui, conçus pour détecter et détruire les avions de combat, les hélicoptères et les missiles de croisières. Le drone est déjà en service dans les armées polonaises qui en a commandé 1000 exemplaires, ainsi que dans les forces ukrainiennes et des Emirats Arabes Unis. L’association avec le drone tout terrain 8×8 de Rheinmetall permet à des unités d’infanterie débarquées de mettre en oeuvre un nombre important de drones suicides, même dans des environnements difficiles d’accès.

Rheinmetall drone Allemagne | Belgique | Communication et Réseaux Défense
Vue d’artiste du drone Rheinmetall mettant en oeuvre un drone WARMATE

Le démonstrateur Raytheon – Kongsberg

En phase experimental au centre experimental de l’US Army de Redstone dans l’Alabama, ce programme repose sur une Joint-Venture entre l’américain Raytheon qui produit le missile anti-char Javelin, et le norvégien Kongsberg qui produit le drone de combat PROTECTOR basé sur le TITAN de QiteniQ et Milrem Robotics. Le système aurait déjà démontré sa capacité à mettre en oeuvre le missile anti-char Javelin comme la mitrailleuse 12,7 mm qui équipe la tourelle. L’objectif de ce programme est de fournir un drone de combat capable d’être déployé dans des zones à risque, en lieux et place de soldats, de sorte à apporter un avantage tactique et un regain de sécurité aux unités de contact.

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Si les Etats-Unis ont une certaine avance concernant les drones terrestres lourds, en particuliers dans le domaine des blindés de combat, les drones de combat terrestres légers n’ont pas fait l’objet de programmes avancés. Cette Joint-venture a certainement pour objectif d’en présenter les intérêts opérationnels aux militaires américaines, de sorte à pouvoir financer le développement de système plus aboutis.

Le démonstrateur MBDA – Milrem Robotics

Dernier système occidental de ce tour d’horizon, le démonstrateur présenté par le missilier européen MBDA pour mettre en oeuvre le missile léger Brimstone à partir d’un UGV Themis de Milrem Robotics, omniprésent dans ces programmes. MBDA avait déjà fait de même avec le missile antichar à moyenne portée français MMP. Si le MMP offre des capacités d’engagement renforcées dans un rayon de 5 km contre les blindés lourds, le Brimstone dispose d’une portée accrue pouvant atteindre 25 km, et d’un guidage par laser ou radar millimétrique. Avec une masse de presque 50 kg, le missile britannique ne peut être mis en oeuvre par des forces d’infanterie débarquées, et l’utilisation du drone, de fait, se justifie parfaitement, pour apporter un avantage tactique et un regain de puissance de feu dans la profondeur à ces forces. Rappelons que le Brimstone a été développé initialement pour équiper avions de combat et hélicoptères. Il équipe les hélicoptères de l’Army Air Corps britannique, les forces saoudiennes, et a été sélectionné par l’Allemagne et le Qatar.

Les robots Uran-6 et Uran-9 russes

Terminons cette présentation par les deux seuls systèmes opérationnels aujourd’hui, les drones de combat terrestres Uran-6 et Uran-9 russes. Pesant plus de 5 tonnes, l’Uran-6 est un robot de déminage disposant d’une autonomie de 16 heures, capable de neutraliser des mines ou IED allant jusqu’à 60 kg de TNT. Controlé par un opérateur unique, il peut s’éloigner jusqu’à 1500 m de la station de controle. Il est donné pour avoir une capacité de déminage équivalente à celle de 20 sapeurs de génie. Le robot a été testé en environnement de combat en Syrie et aurait donné satisfaction aux forces russes.

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L’Uran-9 est un robot de combat blindé et lourdement armé, employé par les forces russes pour les engagements en zone à haut risque. Il met en oeuvre un canon de 30mm, 4 missiles antichars à longue portée Ataka, et 12 roquettes thermobariques Shmel-M, ainsi qu’une mitrailleuse de 7,62mm. L’Uran-9 est entré en service début 2019 dans les forces russes, et ce malgré les résultats désastreux enregistrés lors des essais en zone de combat syrienne. Il semblerait que depuis, les dysfonctionnements constatés aient été corrigés, le robot ayant participé depuis à de nombreux exercices dont l’exercice Vostok 2018.

Uran9 Allemagne | Belgique | Communication et Réseaux Défense
Si l’Uran-9 est le plus puissamment armé des drones de combat, c’est également le moins autonome

Les robots de combat terrestre Uran russes diffèrent de leurs homologues occidentaux par leur masse, mais également par la présence indispensable d’un opérateur de contrôle à proximité du robot dédié à cette tache. Pour l’heure, ces systèmes ne disposent d’aucune autonomie. Ce sont des systèmes d’engagement déporté.

Conclusion

Si pour l’heure, seule la Russie dispose de Robots de combat opérationnels, il apparait que beaucoup d’armées et d’industriels travaillent sur ce concept prometteur. Certains programmes semblent se détacher, comme le MUGS Européen par sa versatilité, destiné à devenir, selon les mots du directeur de programme « Le F16 les drones terrestres », ou le programme Rheinmetall, qui offre une vision tactique très aboutie. Reste qu’entre les expressions de besoin ou déclarations des équipes de développement, et des systèmes opérationnels capables d’accompagner efficacement les forces en zone de combat, il y a souvent un écart très important. Les Russes en font ainsi fait l’experience en Syrie avec l’Uran-9.

Car il ne suffit pas de monter une tourelle bardée de senseurs et d’armements pour faire un drone de combat terrestre, qui repose avant tout sur un système faisant la synthèse entre l’autonomie nécessaire en zone de combat, et les besoins d’interactions et de controle de ces drones par les forces engagées. Une leçon qui semble bien être le fil directeur du programme MUGS européen, ce qui est, n’en doutons pas, de bonne augure pour son succès futur.

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