La Missile Defense Agency développe un système anti-missile pour contrer les armes hypersoniques

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Depuis l’annonce de l’entrée en service du missile hypersonique Kh47M2 Kinzhal dans les forces aériennes russes en avril 2018, les armes hypersoniques, et les systèmes pour s’en protéger, sont devenus la principale préoccupation des autorités militaires américaines. Et pour cause ! En effet, les missiles hypersoniques comme le Kinzhal, le futur Tzirkon, mais également les missiles balistiques modernes comme l’Iskander russe ou le DF26 chinois, ont des profils de vol les mettant à l’abri du bouclier anti-missile américain, ni le THAAD, ni le Patriot PAC-3, ni les SM3 et SM6 équipants les destroyers américains ne sont en mesure d’intercepter efficacement ces armes. En outre, s’ils peuvent naturellement emporter des têtes nucléaires, ils peuvent également être doté de charges militaires conventionnelles. Paradoxalement, c’est surtout ce dernier point qui pose de graves problèmes aux stratéges occidentaux.

Le risque d’utilisation d’un missile balistique doté d’une tête nucléaire est traité par les capacités de riposte nucléaire par les doctrines des pays occidentaux, comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui disposent à chaque instant de plusieurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins « dilués » dans les profondeurs océaniques, et capables de porter une réplique nucléaire massive sur les villes adverses. En revanche, l’utilisation de telles armes serait largement disproportionnée face à l’emploi de frappes conventionnelles, la majorité des doctrines occidentales n’adhérant pas au concept de première frappe nucléaire.

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Les premières photographies de Mig31 emportant le missile Kh47M2 Kinzhal provoquèrent une prise de conscience majeure de la nouvelle vulnérabilité de l’OTAN face à la Russie

Or, les missiles hypersoniques comme le Kinzhal, par leur vitesse et leur précision supposée, rendent non seulement toute interception impossible ou très peu probable, mais ils réduisent à ce point les délais de réaction qu’ils constituent des armes de « décapitation » idéale, pour éliminer les autorités militaires et civiles de l’adversaire, ainsi que ses postes de communication, ses noeuds logistiques, et ses infrastructures majeures comme les bases navales et aériennes. Avec les renseignements adéquates, ils peuvent également éliminer les composantes terrestres et aériennes de la force de dissuasion adverse, avant que toute riposte puisse être seulement envisagée. En d’autres termes, avec suffisamment de Khinzhal et de Tzirkon en service, épaulés par les missiles Iskander, Kalibr et Novator, la Russie serait en capacité de mener une première frappe dévastatrice sur les pays européens de l’OTAN, éliminant toutes les capacités de riposte et de défense coordonnées, sans franchir le seuil nucléaire.

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Il n’est pas surprenant dès lors que le Pentagone, pour qui ce scénario est parfaitement crédible en Europe comme dans le pacifique, cherche à se doter dans les plus brefs délais de systèmes comparables, et que pas moins de 4 programmes d’armes hypersoniques de différents types, allant du planeur hypersonique pour les armes stratégiques, aux systèmes à courte et moyenne portée de précision, soient à l’étude outre-atlantique, avec des objectifs de délais particulièrement courts. Il n’est pas surprenant non plus que la Missile Défense Agency ait lancé deux programmes visant à permettre au bouclier anti-missile américain, d’intercepter ces armes.

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La Missile Defense Agency développe parallèlement une version du SM3, le SM3-Hawk, pour intercepter les missiles hypersoniques

Deux programmes, nimbés d’un haut degré de confidentialité, ont été lancés à cet effet. Le programme « Valkyrie » , dont l’étude a été confié à Lockheed-Martin, est destiné à renforcer le binôme THAAD-Patriot, alors que le programme SM3-Hawk, confié à Raytheon, doit lui apporter des capacités d’interception de missiles hypersoniques aux destroyers et croiseurs AEGIS de l’US Navy. Chaque programme a reçu un budget de plus de 4 m$ pour la phase d’étude préalable, et doit rendre ses conclusions d’ici l’été 2020.

La Russie aurait entrepris, elle aussi, le developpement de systèmes de Défense capables d’intercepter des missiles hypersoniques. L’Europe, en revanche, n’a pour l’heure aucun programme comparable au Valkyrie ou au SM3-Hawk. Le standard Aster30 Block 1NT en cours de développement permettra d’intercepter des trajectoires balistiques traditionnelles pour des missiles balistiques de moyenne portée, mais ne sera pas capable d’intercepter les trajectoires hypersoniques.

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