Airbus se retire de la compétition pour le remplacement des CF-18 canadiens

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C’est par un communiqué qu’Airbus DS, membre du consortium Eurofighter en charge de la commercialisation du Typhoon, et les autorités britanniques qui portaient l’offre auprés des autorités canadiennes, ont annoncé le retrait du chasseur polyvalent européen de la compétition visant à remplacer la flotte de chasseurs CF-18 qui équipent actuellement les forces aériennes royales canadiennes. 2 arguments ont été mis en avant, de manière très diplomatique, pour expliquer ce retrait.

En premier lieu, le constructeur européen estime que les contraintes technologiques liées à la défense aérienne commune entre les Etats-Unis et le Canada, identifiée par le terme « 2 Eyes », et pilotée par le NORAD, sont de nature à créer des surcouts significatifs incompatibles avec la volonté de soumettre une offre compétitive sur le plan financier exprimé par Airbus. D’autre part, il semble que les autorités canadiennes aient modifié leur appréciation des différents critères des offres rendus, et ont réduit sensiblement le poids relatif des compensations industrielles présentées par les industriels, ce qui représentait un des principaux arguments de l’offre accompagnant le Typhoon.

Avec le retrait du Rafale en novembre 2018, il ne reste plus en lice dans cette compétition que les avions avions américains, le F35A de Lockheed-Martin et le F/A 18 E/F Super Hornet de Boeing, ainsi que l’appareil suédois JAS 39 E/F Gripen du constructeur Saab, dont les chances semblent, aux vues des arguments avancés par Airbus pour le retrait du Typhoon, on ne peut plus restreintes. Beaucoup d’observateurs estiment à ce titre que Saab devrait également ne pas tarder à se retirer de la compétition, tant les chances de l’appareil suédois sont faibles aujourd’hui. De fait, les autorités d’Ottawa semblent désormais devoir choisir entre l’appareil de Lockheed pourtant largement critiqué par Benjamin Trudeau lors de sa prise de fonction, ou le Super Hornet du constructeur Boeing, celui-la même qui porta en 2017 une offensive juridique furieuse contre le constructeur canadien Bombardier pour l’empêcher de vendre ses appareils courts et moyens courriers aux Etats-Unis.

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Rafale Typhoon Actualités Défense | Aviation de chasse | Canada
Typhoon et Rafale se sont tous deux retirés de la compétition canadienne

On aurait pu croire le Typhoon en partie construit par Airbus DS comme en excellente position pour remporter ce marché. En effet, la configuration bimoteur et la vitesse de l’appareil européen optimisé pour La Défense aérienne, représente un atout de poids pour assurer la défense des immensités canadiennes. Surtout, c’est Airbus qui est venu au secours de Bombardier en 2018, allant jusqu’à intégrer les appareils canadiens dans la gamme des appareils Airbus, au détriment ses propres aéronefs courts courriers comme l’A319. En outre, les relations entre le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et son turbulent voisin Donald Trump, ont été pour le moins tumultueuses depuis la prise de fonction du président américain.

Dans les faits, les arguments avancés par Airbus pour le retrait du Typhoon ne sont pas sans rappeler ceux ayant expliqué le retrait de la FREMM franco-italienne de la compétition concernant le programme de frégates canadiennes. En effet, les autorités canadiennes exigeaient des industriels des informations technologiques très avancées, dépassant de loin les informations transmises lors des compétitions internationales. Naval Group et l’italien Fincantieri estimèrent que, eu égard à la proximité des chantiers navals canadiens, qui exigeaient ces informations, avec les groupes industriels de défense américains et britanniques, les risques de fuites d’informations technologiques concurrentielles étaient très élevées. La tentative de présenter une offre hors de la compétition, comme le fit Dassault en Belgique, reçut un accueil très hostile de la part des autorités canadiennes. Furent-elles plus vexés par le refus des groupes européens de se soumettre aux exigences de l’appel d’offre, ou par les soupçons de compétition tronquée que ce refus engendra, nous ne le sauront probablement jamais.

F18 des forces aeriennes canadiennes Actualités Défense | Aviation de chasse | Canada
Le CF18 Canadien est en service depuis la fin des années 80 dans les forces aériennes royales canadiennes

Surtout, ces arguments rappellent la façon dont l’OTAN fit pression sur la Belgique de façon à ne pouvoir considérer d’autres alternatives que celle du F35A pour remplacer ses F16. En effet, bien que ce ne fut pas la mission des forces aériennes belges depuis la création de l’OTAN, cette dernière informa, alors que la compétition était déjà lancée, que les appareils belges seraient amenés à effectuer une majorité de missions SAED visant à éliminer les défenses anti-aériennes adverses, et qu’elles devaient, dès lors, s’équiper d’un appareil de 5ème génération furtif, sachant que le seul appareil répondant à ce cahier des charges était le F35A.

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Quoiqu’il en soit, les alternatives restantes pour les forces aériennes canadiennes sont désormais loin d’être satisfaisantes du point de vu opérationnel pour les forces aériennes canadiennes. Deux appareils, le JAS 39 et le F35A sont des monomoteurs, augmentant sensiblement les risques d’accident, surtout au dessus de vastes territoires avec une faible densité de terrains de dégagement. Ils ont en outre une allonge réduite, et dans le cas du F35A, une vitesse limitée en l’absence de super-croisière. Le Super Hornet apparait dès lors l’alternative la plus cohérente, en dépit de l’agression en règle mener par Boeing contre l’industrie aéronautique canadienne. Même au delà de ce critère politique, l’appareil ne dispose que d’une évolutivité limitée dans le temps, de part sa conception datée, et du remplacement des Super Hornet de l’US Navy par un chasseur de 6eme génération à partir de 2035, selon les plans du Pentagone.

F35A Actualités Défense | Aviation de chasse | Canada
Pour beaucoup, la victoire du F35A lors de la compétition canadienne est écrite depuis longtemps

Il est interessant de remarquer que malgré son PIB sensiblement égal à celui de la Russie, le Canada se sent aujourd’hui obligé de soumettre son destin et la protection de son espace aérien aux arbitrages et pressions de Washington. D’autre part, là où le pays prévoit l’acquisition d’un peu plus de 80 appareils d’un modèle unique devant durer plusieurs décennies pour assurer toutes les missions, les forces aériennes russes, auxquelles elles font face dans le grand nord, perçoivent entre 35 et 40 appareils neufs chaque années, de différents types (pour 2019: Mig35, Su30, Su34, Su35 et Su57). On peut se demander, dès lors, si ce n’est pas la rigidité du modèle politique de la Défense canadienne, et par transitivité de l’ensemble des pays occidentaux, qui entrave aujourd’hui l’efficacité de cet effort de Défense, et qui créé une dépendance excessive vis-à-vis des Etats-Unis ?

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