Su-35, Su-57 et TFX sur la table des négociations entre Ankara et Moscou

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Selon le directeur des services fédéraux pour la coopération militaire et technologique russe, Dmitry Shugayev, le président R.T Erdogan a émis le souhait d’approfondir la coopération de la Turquie avec l’industrie de Défense russe, notamment dans le domaine aéronautique. Et d’ajouter que lors des prochaines rencontres avec son homologue turc, il sera question de la livraison des systèmes S-400, ainsi que de possibles livraisons de Su-35 et de Su-57 aux forces aériennes turques, et d’une coopération avancée pour le programme de chasseur de 5eme génération de conception turque, le TFX.

Si nous savions déjà que Moscou était prêt à profiter de l’exclusion du programme F35 de la Turquie décidée par Washington suite à l’acquisition et la livraison de systèmes S400, cette hypothèse prend une dimension officielle par l’annonce faite par Dmitry Shugayev, faisant suite à la rencontre entre les présidents turcs et russes en marge du salon aéronautique MAKS2019, au cours duquel Vladimir Poutine présenta le Su-57 à son homologue. Mais c’est surtout le lien fait entre une possible acquisition d’appareils russes par la Turquie, et l’implication de l’industrie de Défense russe dans le programme TFX, qui donne corps à cette démarche.

S400 Turquie livraison Actualités Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
La livraison des premiers systèmes S400 en Turquie n’a pas déclenché de représailles sévères de la part de Washington

La Turquie est dans une position très singulière aujourd’hui. Le pays avait en effet planifié l’acquisition d’une centaine de F35A et probablement de quelques dizaines de F35B pour armer son LHD. Il dispose donc des ressources, et du besoin, pour acquérir un nombre très significatif d’appareils de nouvelle génération. Ce type de besoin était, jusqu’ici, réservé à des pays comme l’Inde, avec qui l’on sait à quel point il est difficile de finaliser une commande ferme. Ankara représente donc un marché inespéré pour le Su-57E russe, avec un marché potentiel d’une centaine d’exemplaires. Le Su-57 étant potentiellement moins onéreux que le F35A, ce nombre pourrait même être appelé à croitre, eu égard aux ambitions du président Turc pour s’imposer sur la scène régionale.

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Et Moscou a déjà commencé à montrer patte blanche, puisque lors de la conférence de presse qui suivit la rencontre entre les deux présidents, Vladimir Poutine a déclaré considérer le principe d’une bande de sécurité sur la frontière turco-syrienne sous contrôle de l’armée turque, comme participant à la stabilisation de la Syrie, une position beaucoup plus conciliante que celle qui était la sienne jusqu’ici. En outre, les déclarations en faveur d’une coopération avancée de l’industrie russe vis-à-vis du programme TFX, appelé à remplacer les quelques 250 F16 en service dans les forces aériennes turques à partir du milieu de la prochaine décennie, sont de nature à emporter l’adhésion des autorités ottomanes.

Vue dartiste du programme davion de 5eme generation TFX turc Actualités Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
Le programme TFX ne se limite pas à un appareil, mais se composera d’une gamme d’appareils pour répondre à toutes les demandes du marché intérieur et export

Comme nous l’avions évoqué hiers, le rapprochement technologique la Turquie avec l’industrie de Défense russe ne pourra guère se faire si Ankara veut conserver sa place au sein de l’OTAN, ni Moscou, ni Washington ne pouvant accepter une telle position. Si RT Erdogan décidait de quitter l’OTAN, et ce malgré les positions relativement mesurées de l’administration américaine suite à la livraison de la première batterie de S400 cet été, le pays risquerait de subir des mesures de représailles économiques sévères en application de la législation CAATSA. En revanche, en restant dans l’OTAN, Moscou n’acceptera probablement pas de livrer son chasseur le plus moderne sachant qu’il sera très probablement étudié en détails par les forces de l’OTAN pour en déterminer les failles et faiblesses. Mais, dans ce cas, Ankara n’aurait pas de solution alternative au F35A si ce n’est des appareils européens comme le Rafale ou le Typhoon, alors que le pays privilégie les appareils de 5ème générations.

On ne peut exclure, toutefois, que ces négociations ne soient destinées qu’à faire pression sur les autorités US pour les inciter à réviser leurs positions concernant la livraison de F35 aux forces turques. En effet, comme évoqué ci-dessus, les relations entre Washington et Ankara n’ont pas connu le cataclysme promis par le Président Trump et le Congrès Américain si la Turquie venait à accepter la livraison des batteries de S400. Au contraire, chaque pays a fait preuve d’une grande maitrise de soi, ayant même entamé des discussions pour organiser la création d’une bande de sécurité sur la frontière turco-syrienne, conformément aux exigences du président turc, sans opération militaire unilatérale turque qui menacerait les forces US et européennes présentes aux cotées de leurs alliés Peshmergas kurdes.

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Il est probable, dès lors, que les mois à venir apporteront de nouveaux rebondissements et éclaircissements sur les objectifs réels de la Turquie et de son président. On ne peut nier, toutefois, que le pays a pris, en quelques années, une position déterminante dans la géopolitique mondiale.

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