Washington approuve la vente de 66 F16V à Taiwan faisant monter d’un cran la tension avec Pékin

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Depuis plusieurs années, les autorités américaines faisaient tout pour reporter les décisions liées aux demandes d’exportation d’équipements de Défense de la part de Taiwan. En effet, le discours de Pékin à l’égard de telles ventes d’armes vers l’ile indépendante, mais considérée comme sécessionniste par les autorités chinoises, n’a cessé de se montrer de plus en plus ferme au fil des années. Jusqu’il y a peu, la simple menace de représailles économiques suffirent à dissuader nombre d’anciens partenaires de Taïpeï de suspendre toute livraison d’armes, et notamment de la part des européens.

Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, le discours nationaliste chinois s’et considérablement radicalisé, que ce soit au sujet de la mer de Chine comme de Taiwan, des sujets considérés par l’homme fort du régime comme relevant exclusivement de la souveraineté nationale. Lorsque le président Trump entama de son coté une politique commerciale et sécuritaire beaucoup plus ferme que son prédécesseur vis à vis de la Chine, les tensions passèrent à un stade supérieur, avec, depuis quelques mois, l’émergence d’un risque de conflit pris de plus en plus sérieusement par les officiels du Pentagone.

Dès lors, les ventes d’armes à Taiwan apparaissent désormais comme un casus belli entre Pékin et Washington. Déjà, il y a deux mois, la vente de chars Abrams, de missiles stingers et TOW, et d’équipements légers pour un montant de 2 Md$, avait provoqué la colère de Pékin qui déclencha des sanctions économiques limitées et entama des manoeuvres importantes dans le détroit de Taiwan pour signifier son courroux. Avec le feu vert donné par les autorités US pour l’acquisition de 66 avions de combat F16 Block 70, la version la plus évoluée du célèbre chasseur léger américain, pour un montant de 8 Md$, un nouveau pas est franchi dans cette opposition entre les deux géants économiques et militaires mondiaux.

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Equipé d’un radar AESA, le J10C chinois est un chasseur léger comparable au F16V,

Equipé d’un radar AN/APG83 AESA, d’une avionique très moderne et de réservoirs conformes, le F16 Block 70 Viper est un appareil beaucoup plus performant que les F16A et F-CK-1C en service dans l’armée de l’air taïwanaise. Il représentera de fait un adverse de taille pour les J10, J11 et J20 chinois, même si le J10C et le J20 sont équipés eux aussi de radars AESA. En outre, avec le carburant additionnel emporté dans les réservoirs conformes, le F16V sera en mesure de mener, le besoin échéant, des raids contre les infrastructures côtières et les radars sur le sol continental. En outre, le montant du contrat de 8 Md$ laisse présager la livraison connexe de nombreuses munitions air-air et air-sol américaine. On peut notamment penser au JASSM comme aux dernières versions du Sidewinder, de l’AMRAAM, et du HARM.

Ce qui peut apparaitre de prime abord comme une provocation du président Trump, découle en fait d’un processus engagé de longue date, et dont la conclusion n’offrait guère d’options à l’exécutif US. En effet, coté américain, face à la montée en puissance de la force militaire et des revendications chinoises, les reculades répétées pour préserver des marges de négociation avec Pékin du président Obama, ne peuvent désormais plus s’appliquer, au risque de laisser paraitre un message de faiblesse sur la scène internationale comme vis-à-vis de ses alliés clés dans la région, le Japon, la Corée du Sud, et l’Australie. Coté chinois, le discours nationaliste a, à ce point, été amplifié que les autorités ne pourront rester sans réaction très forte, cette livraison d’arme étant exécutée. Dans les deux pays, les gouvernements sont désormais enfermés dans une logique intérieure n’offrant d’autre alternative que l’augmentation des tensions, et possiblement, l’engagement à terme d’une action militaire autour de Taiwan.

Pour l’heure, Pékin promet des représailles économiques majeures vis-à-vis des Etats-Unis si la commande venait à être menée à son terme. Mais ces menaces n’ont que très peu de chances de porter leurs fruits vis-à-vis de l’administration Trump, qui reste persuadée qu’il est préférable pour l’économie US de réduire drastiquement ses échanges avec Pékin, au bénéfice supposé de sa propre industrie. En outre, l’économie chinoise est beaucoup plus dépendante politiquement de ses exportations vers les Etats-Unis et l’occident, que ces derniers ne le sont vis-à-vis des échanges avec l’empire du milieux. D’autre part, le système politique chinois est potentiellement plus vulnérable à une crise économique majeure que ne le sont les pays occidentaux. De fait, il est très peu probable que les mesures de rétorsion chinoises se limitent à des représailles économiques, ne laissant, dès lors, guère d’autres alternative à Pékin qu’un recours aux armes, même limité, de sorte à marquer sa puissance et sa volonté sur la scène intérieure comme extérieure.

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Quoiqu’il en soit, l’officialisation de cette commande de 66 F16V va probablement entrainer d’importants bouleversements de la géopolitique de la zone indo-pacifique.

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