Vers quel modèle évolue l’engagement de Défense des Etats-Unis en Europe et en Asie ?

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La semaine qui se termine aura vu évoluer les positions américaines en matière d’engagement de ses forces pour renforcer la défense de ses alliés. En premier lieu, le président Trump annonça, dans un de ses Tweet, que la Corée du Sud devra payer bien davantage que le Milliard de dollars annuel actuel pour co-financer le déploiement des forces américaines sur son sol. Vendredi, c’est une nouvelle fois au tour de l’Allemagne, et de son effort de défense trop limité, d’être pointé du doigt par Washington, et de menacer de redéployer les forces US présentes sur son sol vers la Pologne, officiellement parce que Varsovie dépense plus de 2% de son PIB en investissement de Défense. En outre, les polonais dépensent l’essentiel de leurs crédits d’équipement de Défense aux Etats-Unis, ce qui n’est évidemment pas le cas de Berlin, et qui irrite profondément le président Trump. Rappelons enfin que le gouvernement Polonais avait déclaré être prêt à participer au financement du déploiement d’une brigade blindée américaine permanente sur son sol, allant jusqu’à promettre 2 Md€ de crédits le cas échéant.

Hérité de la guerre froide, le positionnement sur le sol allemand d’une grande partie des forces américaines déployées en Europe répondait à des impératifs stratégiques liés à La Défense de l’OTAN, et notamment pour être en mesure de protéger la « trouée de Fulda » , une vallée qui constituait l’axe le plus favorable pour une offensive mécanisée du Pacte de Varsovie contre les pays occidentaux, qui traversait la République Fédérale d’Allemagne de la frontière Est-allemande jusqu’à Frankfort. Avec l’extension de l’OTAN à l’Est, et notamment l’intégration des anciens membres du Pacte de Varsovie dans l’Alliance, les forces américaines stationnées en Allemagne ont, il faut le reconnaitre, beaucoup moins de raisons d’être qu’elles n’en avaient durant la guerre froide. Et il est vrais que redéployer tout ou partie de ces forces dans les pays limitrophes de la façade orientale de l’OTAN répondrait à une justification technique.

US in germany abrams Allemagne | Alliances militaires | Analyses Défense
Les Etats-Unis ont aujourd’hui 38 bases en Allemagne, pour 40.000 hommes déployés.

Mais tel n’est pas l’argument retenue par l’administration Trump, qui lie le déploiement de forces américaines à l’augmentation des dépenses de défense du pays, et ce au bénéfice de l’industrie de défense américaine. Comme avec Séoul, Washington semble donc basculer du rôle d’allié à celui de nation tutélaire, les pays européens ou asiatiques étant ramenés au rang de protectorats, devant déléguer leurs moyens en matière de Défense et de Politique internationale aux Etats-Unis.

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On peut évidemment comprendre que les autorités américaines soient de plus en plus irritées du manque d’implication de Berlin dans sa propre Défense comme dans La Défense collective de l’OTAN, alors que le pays est le plus peuplé en Europe et représente la première économie du continent. En outre, le budget fédéral allemand est excédentaire, contrairement à celui des Etats-Unis, comme l’est la balance de son commerce extérieure, notamment vis-à-vis des USA. Difficile dès lors de justifier dans l’opinion publique américaine les efforts et les dépenses consentis pour protéger un pays qui n’y consacre que peu de moyens, et qui semble profiter de cette protection tutélaire pour soutenir sa propre économie. Mais en liant la protection représentée par le déploiement de forces américaines, au volume de commandes d’un pays vis-à-vis de son industrie de Défense, Washington risque de faire basculer l’OTAN d’une alliance de protection collective, vers une entité tutélaire visant à rentabiliser l’effort de défense américain, économiquement et politiquement.

Le siege de lOTAN a Allemagne | Alliances militaires | Analyses Défense
Le siège de l’OTAN à Bruxelles

Comme l’avait déclaré la ministre des Armées Florence Parly en s’adressant officiels américains, l’OTAN repose sur l’article 5, non l’article F35. Il est de moins en moins certain que ce soit le cas, pour Washington, comme pour un nombre croissant de pays européens. Reste à voir combien de temps la France, traditionnellement très attachée à son autonomie de décision en matière de Défense, pourra composer avec les positions très intrusives de l’administration américaine. Mais tant que Paris ne sera pas prêt à étendre sa politique de dissuasion à la protection de certains de ses alliés européens, il est très peu probable, pour ne pas dire impossible, que puisse se créer le socle nécessaire pour faire émerger une défense européenne indépendante.

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