vendredi, mars 29, 2024

Le futur de la stratégie US se révèle dans les déclarations concernant le programme Next-Generation Air Dominance

L’US Air Force, comme l’US Navy, ont d’ores-et-déjà entamé les études visant à concevoir la prochaine génération de systèmes de combat aériens, en l’occurence le Next génération Air Dominance program pour l’Air Force. Ce nouveau programme, dont très peu d’informations ont pour l’heure filtrées, bénéficie d’un budget annuel de R&D de 5 Md$, et ambitionne de remplacer les F22 et les dernières versions de F15 à horizon 2040. A l’instar du SCAF franco-allemand, le NGAD sera un système de systèmes, voir un programme de programmes, puisque reposant sur une ensemble d’équipements interconnectés destinés à assurer la suprématie aérienne aux Etats-Unis quelque soit l’adversaire.

Au delà du discours entendu concernant ce type de programme, puisque rigoureusement identique à ceux du SCAF et du Tempest, les déclarations du major Général Michael A. Fantini, dirigeant l’intégration des technologies de combat pour l’US Air Force, interpellent sur ce qu’elles donnent comme indications sur le devenir de la stratégie géostratégique US dans les décennies à venir.

Nous le savons, les Etats-Unis font aujourd’hui face à un problème majeur mobilisant beaucoup d’énergies, et de ressources budgétaires, l’hypothèse du double-front, selon laquelle il est désormais possible qu’un conflit majeur dans lequel les Etats-Unis seraient impliqués entrainerait l’apparition, par opportunisme, d’un second front, car le pays n’est aujourd’hui plus en capacité de faire face à deux adversaires majeurs simultanément, la Chine dans le Pacifique, et la Russie en Europe, pour ne pas les citer. On aurait pu croire que, à l’instar de ce qui se passa durant la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis tenteraient d’aligner des forces suffisantes pour neutraliser les deux fronts simultanément, quitte à en prioriser un pendant un temps, comme ce fut le cas du front européen à partir de 1942. Mais la situation aujourd’hui n’a plus grand rapport avec celle des années 40, et une telle stratégie risquerait, rapidement, de mener l’économie américaine au delà de ses limites, déjà ténues.

F 22 to Lakenheath top Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
La stratégie US reposera sur le maintien d’une posture dissuasive forte sur le second front, pour éviter toute contagion, ou opportunisme militaire.

Dans ses propos, le général Fantini laisse transparaitre que l’objectif stratégique des Etats-Unis sera d’intervenir militairement et massivement sur un front, nous parlons là très probablement de la Chine qui représente l’adversaire le plus puissant comme le plus menaçant pour Washington, tout en maintenant une posture dissuasive suffisante pour prévenir tout aventurisme militaire sur un second front, et en maintenant des capacités d’intervention contre le « terrorisme », comprendre au Moyen-Orient.

Il est dès lors très probable que dans les années à venir, les moyens de défense du pays se concentreront vers le théâtre Pacifique, alors que Washington tentera de déléguer aux européens, et notamment aux européens de l’Est, la responsabilité de neutraliser toute initiative de la part de Moscou, grâce à des contrats d’armements massivement aidés par le FMS. Cela supposera également le déploiement de moyens de dissuasion, allant bien au delà des bombes nucléaires B61 actuellement présentes sur le sol européen.

Lockheed nets 5618M for tactical missiles for Bahrain Poland Romania Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
La présence de missiles nucléaires tactiques américains sur le sol européen engendrerait très certainement une détérioration très rapide et intense des relations avec la Russie

En tenant compte des paramètres économiques, stratégiques, et démographiques actuels, et à venir, les Etats-unis n’ont, en fait, guère d’autres options face à eux, d’autant que les grands pays européens, Allemagne en tête, ne semblent pas décidés à assumer seuls leur propre Défense, ni à prendre en charge la défense collective du continent. Pour y parvenir, les Etats-Unis devront, en outre, déployer un nombre significatif de systèmes nucléaires renforçant la posture dissuasive sur le continent. Or, le déploiement de systèmes nucléaires tactiques et de portée intermédiaire controlés par les Etats-Unis sur le sol européen, s’avérerait inacceptable pour Moscou, entrainant probablement un cycle de tensions comparable à celui que connu l’Europe en 1983 lors de la crise des euromissiles.

Il semble désormais évident que le manque de volonté des européens pour être en mesure d’assumer leur propre défence aujourd’hui pourrait bien, dans les années à venir, avoir des conséquences aux ramifications plus que dramatiques pour la sécurité de tout le continent. Si la concertation entre les européen n’est pas parvenue, dans les délais qui furent les siens, à trouver le consensus pour y parvenir, peut-être serait-il temps pour la France d’assumer son rôle européen historique, et de prendre en charge cette défense et tenter, par l’exemple, de fédérer les européens autour d’une alternative factuelle au scénario qui se dévoile aujourd’hui ?

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