Des armes hypersoniques bientôt équipées sur le bombardier stratégique H-6K chinois ?

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Le journal d’État Global Times annonce que le H-6K, bombardier stratégique chinois, pourrait être équipé d’armes hypersoniques, et serait ainsi en capacité de détruire des organes militaires ennemis situés à 3 000 kilomètres en quelques minutes.

Le H-6K est une version modernisée du H-6, lui-même étant une version construite sous licence du bombardier bimoteur soviétique Tu-16, qui entra en service en Union Soviétique en 1954. Son premier vol est effectué en 2007 et il est entré en service en 2013. Le H-6K est propulsé par deux turboréacteurs D-30KP russes et disposerait d’une autonomie supérieure à celle des H-6 précédents. La variante K, avec sa structure renforcée par des matériaux composites, dispose d’un nez retravaillé remplaçant la station vitrée du navigateur par un radar plus performant et de six points d’ancrage sous les ailes pour des missiles de croisière CJ-10A. Rappelons également que les armes hypersoniques font parties intégrantes des programmes de modernisation des puissances militaires de premier plan. Nous retrouvons ainsi en tête, les États-Unis, la Russie, la Chine mais également l’Inde et la France.

L’intérêt de ce système d’armes assez récent ne résulte pas uniquement dans la vitesse du projectile : Les planeurs hypersoniques étant également capables de manœuvrer en vol. Cette capacité permet ainsi d’échapper aux intercepteurs de défense antimissile ; et contraste avec les missiles classiques qui eux traversent l’atmosphère sur une trajectoire balistique prévisible et peuvent être suivis et interceptés par les systèmes modernes de défense antimissile à l’instar des THAAD américain, S-400 russe, Arrow 2 israélien ou encore du SAMP/T français.

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Le général Denis Mercier, ancien CEMAA, alertait à l’Assemblée nationale sur la nécessité de moderniser la composante nucléaire aéroportée, dès 2014 : « En effet, la maîtrise de l’hypervélocité apparaît d’ores et déjà comme une donnée centrale. J’observe à cet égard qu’aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Inde – autant de pays où la question de la modernisation de leur composante nucléaire aéroportée ne se pose même pas – des programmes expérimentaux de véhicules hypervéloces sont conduits ».

Une nouvelle course aux armements est lancée et la recherche et le développement de cette nouvelle technologie mais aussi son futur déploiement à grande échelle dans les arsenaux vont remettre en cause les équilibres stratégiques et régionaux entre les pays de l’OTAN, la Russie et la Chine. En effet, à l’heure actuelle, les missiles hypersoniques ne sont pas interceptables : la non-possibilité de contrer cette menace conduira les puissances nucléaires à adopter des doctrines de frappes nucléaires préventives ou de premières frappes sur simple détection.

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Une image d’un planeur hypersonique diffusée par les médias d’État chinois en octobre 2017.

Le développement de cette technologie par la Chine est relativement avancé : le DF-17, portant une charge utile de type HGV (Hypersonic Glide Vehicule) dont la portée est estimée entre 1 800 et 2 500 km, devrait atteindre sa capacité opérationnelle initiale d’ici 2020. Le DF-17 sera capable de livrer des charges utiles nucléaires et conventionnelles, permettant d’établir une dualité déstabilisatrice dans le cadre d’une stratégie de première frappe – Bien que la Chine dans son LB2019 maintient encore sa doctrine du non recours en premier aux armes nucléaires.

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Une adaptation des six points d’ancrage sous les ailes du H-6K pour accueillir ce nouveau missile hypersonique est évidemment envisageable. Mais, l’arrivée prochaine du bombardier stratégique furtif H-20 est à prendre en compte. Ce dernier sera dévoilé à l’occasion du 70e anniversaire de la création de la Force aérienne de l’APL (PLAAF) se déroulant en novembre 2019 et remplacera le H-6K dans quelques années : le H-20 pourrait ainsi hériter du système d’armes destiné à l’actuel bombardier stratégique.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

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