Selon la ministre de La Défense britannique, l’Europe a les moyens de financer le SCAF et le Tempest

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Dans une déclaration devant le parlement britannique, la ministre de La Défense Penny Mordaunt a estimé que les pays européens avaient les moyens de financer simultanément deux programmes d’avions de combat, en l’occurence le Tempest et le SCAF. Elle a également insisté sur la cooperation entre les deux programmes de sorte à obtenir une interopérabilité optimum, indiquant qu’elle était en contact avec son homologue française pour le garantir.

Difficile de trouver une explication cohérente dans ce que sous-tend cette déclaration. En effet, si les programmes sont en contact et en recherche d’une Interopérabilité optimisée, on pourrait penser qu’il ne manquerait plus grand chose avant d’avoir une illumination, et décider de concevoir deux appareils, voir trois, sur des segments et des plannings différents dans une enveloppe budgétaire égale à celle des deux programmes mis bout-à-bout. (Pour plus de détail sur le modèle SCAF étendu, consultez cet article, celui-ci et celui-ci). Pourtant, alors que la solution apparait évidente, il semble que des forces invisibles soient à l’oeuvre pour conserver cette double trajectoire parallèle. Et en effet, de telles forces existent, et ont déjà été à l’oeuvre depuis plusieurs décennies. Il s’agit, en fait, de l’action conjointe de plusieurs facteurs.

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Rafale et Typhoon préfigurent-ils le futur du SCAF et du Tempest ?

En premier lieu, les armées de l’air, qu’elles soient britanniques, françaises, allemandes ou espagnoles, ont besoin d’un chasseur lourd à horizon 2035/2040. En effet, un tel appareil offre des performances élevées, une grande polyvalence, et une évolutivité optimisée. Dans l’hypothèse de travail qui fait paradigme aujourd’hui, à savoir que ces armées de l’air ne disposeront que de cet unique programme de nouvelle génération pendant plusieurs décennies, il est naturel de rechercher l’appareil offrant les meilleures capacités dans un maximum de domaine, quitte à ce que le prix ne s’envole concomitamment de la masse du système.

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En second lieu, militaires comme industrielles craignent, depuis les années 80, l’opportunisme politique, et les changements radicaux de position suite à des changements de majorité ou à des crises économiques. C’est la raison pour laquelle Dassault Aviation cessa de maintenir son offre de mirage-2000. L’appareil avait encore de façon évidente un potentiel avéré sur les marchés exports, et le succès du F16V aujourd’hui est là pour le confirmer. Mais l’industriel comme l’Armée de l’Air craignaient plus que tout un arbitrage politique ayant mené à la diminution du nombre de Rafale commandés au profit d’une commande de mirage2000 supplémentaire, le chasseur léger étant, évidemment, moins cher à l’achat et à l’utilisation que le Rafale. Finalement, cet arbitrage eu lieu, puisque le nombre de Rafale a été ramené à 225 dont 180 pour l’Armée de l’Air, alors qu’aucun mirage 2000 neuf n’est venu renforcer le format des forces aériennes françaises.

Enfin, en troisième lieu, il y a la crainte de voir un nouvel échec de la coopération européenne étendue. Là encore, les exemples ne manquent pas, de programmes avancés et finalement abandonnés sur l’autel d’une nouvelle majorité ou d’arbitrages budgétaires défavorables, que ce soit le programme de drone de combat FCAS, le porte-avions franco-britannique, ou le programme initial qui donna naissance au Rafale et au Typhoon. En particulier, les deux BITD majeures européennes, françaises et britanniques, sont souvent suspicieuses l’une envers l’autres, leur taux de recouvrement étant très important. Elles tentent, naturellement, de conserver la main mise sur les secteur clés de la construction aéronautique de Défense, comme la propulsion ou la conception générale de l’appareil.

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Dassault préféra sacrifier le mirage 2000 au profit du Rafale pour éliminer le risque d’un arbitrage en faveur du chasseur léger par un nouveau gouvernement

Dès lors, le conservatisme qui dirige la décision politique et industrielle au sujet des programmes SCAF et Tempest, n’est que la résultante du vieux proverbe « Mieux vaut un tu l’as, que deux tu l’auras« …
Ce phénomène est d’autant plus marqué que la seule alternative proposée à l’existence des deux programmes aujourd’hui repose sur la fusion en un unique programme, ce qui menacerait singulièrement la pérennité de pans entiers des deux BITD.

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Il n’en demeure pas moins vrais que le SCAF et le Tempest sont deux programmes absurdes en l’état, car entrainant un immense gâchis financier sur des dépenses de R&D qui pourraient être non pas superposés, mais connexes, de sorte à procurer à la BITD européenne une chance de tenir son rang dans les décennies à venir. En outre, ils vont reproduire les situations connues avec le Rafale et le Typhoon : réduction du marché export accessible, guerre des prix, volume plus réduit entrainant des couts de production et de maintenance élevés, et des appareils inaccessibles à la moitié des pays européens. Conséquences qui entraineront, en retour, Les peurs qui sclérosent aujourd’hui la décision politique, industrielle et militaire, pourraient bien être à l’origine du déclassement à venir de l’Europe sur la Scène internationale.

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