Le président de Thales milite pour un rapprochement du SCAF et du Tempest

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Dans une interview donnée à « L’Usine Nouvelle », Patrick Caine, le président du groupe d’électronique français Thales, juge que les programmes franco-allemands SCAF et le programme britannique Tempest bénéficieraient d’un rapprochement, pour éviter de recréer une situation comparable à celle ayant donné naissance au Rafale et au Typhoon il y a 30 ans.

Cette interview, qui sonne comme un appel à la raison à l’attention des dirigeants européens, fait suite à l’annonce du partenariat entre Thales et le britannique Aeralis pour le developpement du système d’entrainement et de simulation rattaché au programme Tempest britannique. Surtout, Thales, dont l’ADN tend davantage vers la Grande-Bretagne que vers l’Allemagne, apparait souvent comme le grand perdant français du programme SCAF, sur l’autel du partage industriel au bénéfice d’Airbus DS.

Cependant, l’appel à la rationalisation des programmes européens, s’il peut éventuellement privilégier Thales dans certains domaines, risquerait de créer encore davantage de problème d’exclusion que le SCAF. En effet, là ou le programme franco-allemand (et espagnol) assure la pérennité des savoir-faire de Dassault aviation et de Safran, un programme intégrant la Grande-Bretagne et la Suède obligerait à un partage difficile à accepter pour Dassault dans le domaine de la conception des appareils avec BAe et Saab, également très performants dans ce domaine, et Safran dans le domaine des moteurs avec Rolls-Royce, son concurrent de toujours.

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F 35 with Tempest Allemagne | Analyses Défense | Aviation de chasse
Côte à côte, la maquette du Tempest le F-35 Lightning II et un Typhoon

En effet, à périmètre constant, le rapprochement des programmes européens risquerait, au contraire, d’affaiblir les BITD de chaque pays participants, en s’obligeant à trop de coopération. Le SCAF/Tempest étant le seul programme envisagé pour plusieurs décennies en Europe, il sera impossible pour ces entreprises de maintenir des savoir-faire chèrement acquis si tant est qu’elle n’est pas été sélectionnée pour piloter ce domaine dans le programme.

De fait, et comme cela a déjà été évoqué, le seul et unique moyen qui permettrait un rapprochement européen autour d’un programme d’avions de combat, serait de passer à un niveau supérieur de developpement et de planification : le Programme de programmes. Les pays européens s’engageraient, dans ce modèle, à developper non pas un système de combat, mais plusieurs systèmes créant une gamme de systèmes répondant à l’ensemble des besoins européens, avec un planning plus adapté à la réalité géostratégique, augmentant les opportunités commerciales tout en respectant un cadre financier ne dépassant pas celui de deux programmes européens concurrents.

Plus simplement, il s’agirait de developper une gamme d’appareils, un monomoteur léger sur le segment mirage2000/F16/Gripen, un bimoteur polyvalent sur la gamme Rafale/F18/Typhoon, et un appareil lourd, potentiellement hypersonique, sur le créneau F22/Su57/J20, dans une approche de progressivité technologique permettant un tuilage des développements. Pour être efficace, il serait pertinent d’intégrer les drones et autre effecteurs déportés dans ce programme de programmes, avec des approches plus globales, et des plannings dédiés.

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Maquette JHXX Allemagne | Analyses Défense | Aviation de chasse
Maquette du remplaçant de 5ème génération du JH-7 chinois. Plusieurs observations semblent attester que l’appareil serait déjà en phase des essais en vol

Cette approche permettrait de developper une véritable gamme d’appareils permettant de sortir de la doctrine de l’appareil « super-polyvalent », et créerait un roulement technologique comparable à ceux planifiés par les super-puissances technologiques, les Etats-Unis (qui travaillent déjà au remplaçant du F22 et du Super Hornet), et la Chine, qui devrait présenter très prochainement son 3ème avion de 5ème génération, destiné à remplacer les avions d’attaque JH-7. En multipliant les programmes dans un programme global, dans une vision globale à long terme au niveau européen, il sera également possible de favoriser la consolidation industrielle européenne dans une approche raisonnée et bénéfique tant pour l’emploi que pour l’efficacité del investissement de Défense.

Si Thales veut effectivement inciter les décideurs politiques à une vision plus efficace et européenne des programmes SCAF et Tempest, il serait préférable de proposer un modèle argumenté reposant sur cette approche, d’autant que, comme dit précédemment, le developpement d’une gamme d’appareils et de drones dans un unique programme européen ne dépasserait pas, du point de vu des finances publiques, la somme des enveloppes consacrées au SCAF et au Tempest.

Nul doute que Thales serait la mieux placée pour soutenir et porter un tel projet !

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