Le marché intérieur est suffisant pour construire un hélicoptère lourd Européen

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Si les européens ont su faire preuve de réels savoir-faire en matière de construction d’hélicoptères légers et moyens, les constructeurs aéronautiques du vieux continent, que ce soit Airbus H ou Agusta-Westland, évitent soigneusement de proposer un hélicoptère de la gamme lourd/super lourd, le marché européen étant jugé trop limité pour entreprendre un tel développement.

Or, aujourd’hui, l’Allemagne et l’Italie prévoient l’acquisition d’au moins 95 hélicoptères lourds à elles deux. L’Espagne et le Pays-Bas vont devoir, d’ici quelques années, renouveler leur parc de CH-47, alors que la Suède, la Finlande, la Pologne, la Roumanie et la Grèce ont également exprimé des besoins en ce sens, sans toutefois avoir lancé de programme. Les forces armées françaises, quand à elles, ont un besoin chronique en matière d’hélicoptères lourds, pour les 3 armées, représentant un total de soixante à soixante-dix appareils (8 par RHC, 2 flottilles navales, 2 escadrons SAR). Au total, sans prendre en considération la Grande-Bretagne ni d’éventuels contrats à l’exportation, les besoins européens en matière d’hélicoptères lourds dépassent aujourd’hui les 200 unités, soit un programme évoluant entre 1,2 et 1,5 Md€, représentant, à son tour, 10.000 emplois directs et 15.000 emplois induits pendant 15 ans pour les pays européens participants.

S97 Raider de Sikorsky Allemagne | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Le démonstrateur Raider de Sikorsky pour le programme FLV

De fait, même si le developpement d’un modèle européen alourdissait la facture totale de 50% vis-à-vis d’une acquisition ‘sur étagère‘ outre atlantique, le retour budgétaire dégagé par les emplois créés (entre 700 et 900 m€ par an selon la répartition entre les Etats), et celui sur le maintien en condition opérationnelle et sur les pièces détachées des appareils produits, compenseraient au plus du double ce surcout.

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En outre, les hélicoptères Tigres, NH90 et H160 étant déjà développés ou en cours de finalisation, le constructeur européen Airbus Hélicoptères risque de faire face à une prochaine période de sous-activité en matière d’études et de développements, que le renouvellement encore incertain de la gamme Super-Puma, et les évolutions des gammes intermédiaires H145 et inférieures, ne pourront probablement pas couvrir, alors qu’un tel developpement permettrait de faire la jonction avec l’entame d’un projet visant à concevoir le successeur du Tigre, devant intervenir peu après 2030.

Enfin, le developpement d’un nouvel hélicoptère, qui plus est destiné au transport lourd, représente une excellente plate-forme pour intégrer de nouvelles approches technologiques visant à augmenter la vitesses des voilures tournantes, que ce soit les motos basculants, propulsifs, ou l’approche utilisée par le Racer. Notons enfin .

Ka92 Minoga Allemagne | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Maquette du Ka-92 de Kamov, servant de base au programme MINOGA russe

Il est utile de garder à l’esprit, dans ce domaine, que les Etats-Unis avec le programme FVL[efn_note]Future Vertical Lift[/efn_note] comme la Russie avec le programme « Minoga », vont disposer dans un futur plus ou moins proche, de technologies qui feront basculer le marché des voilures tournantes, civiles comme militaires, vers de nouveaux standards, grâce à des vitesses horizontales dépassant les 500 km/h. En l’absence d’une prise de conscience des états comme des industriels européens, ce sera l’ensemble de filière hélicoptère que risquera, tôt ou tard, le déclassement.

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