Rapprochement Rheinmetall-BAE – Le groupe allemand devient hégémonique en Europe

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Le groupe allemand Rheinmetall est à l’offensive en Europe, et n’entend pas subir les efforts de consolidation de l’industrie de Défense européenne. Après l’annonce surprise d’un possible rachat de Krauss-Maffei Wegman en novembre 2018, voilà qu’il annonce la création d’un co-entreprise avec l’anglais BAe en prenant la majorité des activités « blindés » de celui-ci. 

Par cette opération, Rheinmetall s’invite dans les programmes britanniques de Défense, plus particulièrement dans les programmes MIV et la modernisation des Challenger 2. L’année dernière, le gouvernement britannique avait déjà attribué au groupe allemand le contrat pour l’acquisition de 500 Véhicules de combat d’infanterie, un contrat de prés de 4,4 Milliards de Livres.

Eu égard au choix britannique en faveur de l’IFV allemand, cette annonce peut paraître surprenante. Elle repose sur la même logique que celle concernant le rapprochement avec KMW. En effet, le groupe Rheinmetall ne dispose pas d’une offre blindée particulièrement distinctive en Europe, et certainement pas face à KMW. En revanche, le groupe allemand dispose d’une structure opérationnelle et capitalistique beaucoup plus performante que celles de ses concurrents européens. Non seulement Rheinmetall est largement diversifié, la défense ne représentant que 50% de ses activités, mais l’entreprise a su consolider son activité par des acquisitions stratégiques, notamment dans sa Supply Chain. Dès lors, si publiquement il respectera les activités et les emplois directs des entreprises majeures tombées dans son escarcelle, il aura possibilité de promouvoir ses activités de sous-traitance, qui représente le véritable cœur d’une activité économique de Défense.

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C’est un problème de taille pour la France. En effet, Nexter est engagé vis-à-vis de KMW dans la co-entreprise KNDS. En prenant la majorité de KMW, Rheinmetall aura donc voix au chapitre dans les programmes franco-allemands, comme le programme de char de combat de nouvelle génération MGCS. Rheinmetall respectera évidement le partage industriel imposé par les deux Etats, mais au cœur de la co-entreprise, il aura la possibilité d’imposer ses propres offres de sous-traitances. 

Du point de vu économique, la note risque donc d’être très négative pour la France, car si la BITD génère en moyenne 10 emplois par million d’euro investis chaque année, la chaine de sous-traitance en génère, elle 9, et est à la base de 4 emplois induits. En d’autres termes, cette approche serait de nature à potentiellement diviser par 2 (1,85 pour être précis), l’efficacité économique de l’investissement de Défense dans le Pays. Or, si 1 million d’euro génère aujourd’hui 27 emplois au total, et 1,45 millions d’euro de recettes et économies budgétaires pour l’Etat, il n’en génèrera plus que 0,85 si la supply chain française venait à disparaître au profit de la supply chain allemande, et notamment des entreprises détenues par Rheinmetall. 

Il est de fait urgent de considérer ce risque, tant pour les autorités françaises que pour Nexter, et dans une moindre mesure, Arquus, et d’entreprendre la consolidation rapide de la supply chain française en matière d’armement terrestre, de sorte à ce que Nexter soit à armes égales avec Rheinmetall lors des négociations à venir.

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Lire l’article an anglais (3 min)

https://www.defensenews.com/global/europe/2019/01/21/rheinmetall-bae-systems-launch-joint-venture-for-military-vehicles/

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