La difficile équation de renouvellement des bâtiments de la Marine Nationale

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Une fois encore, la Marine nationale se voit contrainte de devoir jongler et prolonger la durée de vie opérationnelle de ses bâtiments, dans l’attente de la livraison de bâtiments sensés les remplacés. Cette fois, c’est au tour du sous-marin nucléaire d’attaque « Casabianca » de devoir jouer les prolongations, pour maintenir un nombre suffisant de submersibles en attendant la livraison du « Duguai-Troin », second sous-marin de la classe barracuda, attendu pour 2021.

Si ce dernier soubresaut est lié à des retards industriels sur le programme barracuda, on ne peut ignorer que cette situation a tendance à se répéter souvent ces dernières années. Ainsi, les frégates anti-aériennes Cassard et Jean Bart,  lancée respectivement en 1985 et 1988, jouent elles aussi les prolongations en attendant la livraison des frégates Alsace et Lorraine, prévue pour 2021 et 2022. De même, et pour respecter le format de 15 frégates dites « de 1errang », à savoir capables d’escorter un bâtiment majeur (Porte-avions, BPC..), la Marine Nationale a été contrainte de transfuser 3 de ses frégates légères furtives de la classe LaFayette, du statut de 2ndrang au statu de 1erRang, via l’adjonction d’un sonar d’étrave, et le remplacement du système Crotale Naval par un système SADRAL, et de la modernisation du système de combat SENIT. Même ainsi équipée, les FLF ont une capacité d’action très limitée, n’ayant par exemple par de torpilles anti-sous-marines en dehors de celles qui pourraient équiper l’hélicoptère de bord.

La situation n’est pas meilleure au sujet des pétroliers ravitailleurs Var, Marne et Somme, lancés respectivement en 1983, 1987 et 1990, et dont la conception simple coque leur interdirait la navigation civile. La LPM prévoit leur remplacement par des bâtiments modernes dont la conception est acquise en Italie, mais il n’entreront en service qu’à partir de 2023. 

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Enfin, concernant les corvettes, et les patrouilleurs, le remplacement à minima a enfin été entamé, via le programme Batsimar. Mais les remplaçants des avisons A69, qui formaient en leurs temps la colonne vertébrale de la flotte de surface française avec 17 unités, ne sera faite qu’à minima par quelques Patrouilleurs Hauturiers, et les 5 A69 encore en service, lancés entre 1982 et 1984, devront encore patienter pour prendre leurs retraites.

Le report du désarmement du « Casabianca » n’est donc pas à mettre au débit de l’industriel Naval Group. Même s’il a rencontré des difficultés avérées dans le programme Barracuda, engendrant des retards de livraison, c’est bel et bien l’ensemble des programmes de renouvellement de la flotte de la Marine Nationale qui est en grande tension. Le report systématique des programmes, comme pour le programme FREMM ou BaTSIMAR, les réductions de formats à répétition, les glissements budgétaires systématiques pour satisfaire aux exigences de Bercy, ont eu raison d’une grande partie des capacités de résilience de la Marine nationale aujourd’hui. Et il faudra de nombreuses années à la plus ancienne armée de France pour reconstituer son potentiel opérationnel optimum.

C’est d’autant plus regrettable que les arbitrages défavorables qui ont engendré ces situations sont basés sur une incompréhension manifeste des effets économiques de l’investissement de l’Etat dans l’Industrie de Défense, investissement qui génère 27 emplois par million d’Euro investi, et génère 1,45 m€ de retours budgétaires pour l’Etat. 

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