vendredi, mars 29, 2024

Face à la crise, que faire pour sauver la LPM 2019-2025 ?

La Loi de Programmation Militaire  2019-2025 sera donc une LPM 2019-2018. Selon les informations transmises, les annonces initiales visant à répondre aux attentes exprimées représentent 12 à 15 Md€ de dépenses et de réductions des recettes pour les caisses de l’Etat. 

Une crise économique doublée d’une crise budgétaire

La croissance en 2018 devrait perdre entre 0,4 et 0,6% face aux prévisions budgétaires, soit 20 Md€ de recettes sociales et fiscales supplémentaires. En outre, avec une croissance inferieure à 1,5%, le chômage repartira à la hausse. Mouvement de fond, le 4eme trimestre devait atteindre 0,8% de croissance pour atteindre les 1,7% sur l’année, ce qui était irréalisable, même sans les gilets jaunes.

Les pertes pour les finances publiques seront donc probablement de 25 à 30 Md€ sur 2019, représentant plus de 15% du budget de l’Etat. Les déficits sociaux devraient également repartir à la hausse, sachant que l’Etat est en devoir de compenser budgétairement ces déficits chaque année.

En outre, les effets économiques ne sont restreints à la crise des gilets jaunes. Elle s’accompagne d’une crise de confiance marquée, et profonde, qui va contraindre les investissements en France pendant plusieurs années. Ainsi, l’augmentation des déficits cumulé à la baisse de la croissance, entraineront l’augmentation des taux d’intérêts, pour l’Etat comme pour l’économie nationale. 

Or, le gouvernement ne peut pas dépasser les 3% de déficit public ; il lui restera donc à trouver 20 Md€ d’économies à trouver. 

Il faut cependant reconnaître que l’absence de réponses aux attentes exprimées par la crise des Gilets Jaunes engendrerait des effets sociaux et économiques encore pire que ceux envisagés.

La LPM, cible de choix pour le gouvernement

Face à la colère palpable, ces économies devront être reparties sur les dépenses à faible réactivité sociale, dont la défense est en tête de liste. La Ministre de la Défense a déjà, ce lundi, et sans surprise, annoncé que « le budget des armées pourrait être réduit pour participer aux efforts budgétaires requis ». 

Or, renoncer à la LPM aurait des conséquences catastrophiques, pour les armées comme pour l’écosystème Défense, que l’on peut chiffrer à 30.000 emplois directs détruits dans la BITD, et 100.000 emplois au total. Cela entrainera également le déclassement irrémédiable des armées et de l’industrie de Défense française, comme du rôle et de l’autonomie de décision de la France. Il faudra enfin s’attendre à un durcissement sévère des difficultés des armées à maintenir leurs effectifs. 

Peut-on sauver la LPM ?

La sauvegarde de la LPM est désormais entre les mains de l’écosystème Défense, qui doit proposer un modèle alternatif acceptable et réaliste pour financer l’augmentation de crédits requise par la Défense Nationale. La réponse politique a montré ses limites, et son attention sera concentrée sur les considérations sociales.

Si les armées et l’écosystème Défense veulent préserver l’outil de Défense, ce sont donc à eux de proposer une solution permettant de maintenir et éteindre l’investissement de Défense, de façon forte et coordonnée. Les appels à la responsabilité politique, la présentation des conséquences à venir, et autres tribunes presse ou TV, outils traditionnellement employés par l’écosystème Défense, ne pourront être ni ne seront entendus. On ne prête aucune attention aux discours sur l’isolation dans une maison qui brule

C’est dans ce contexte que la doctrine Défense à Valorisation Positive, et le modèle Socle Défense, prennent tous leurs sens. La DVP propose une lecture pluridisciplinaire des effets de l’investissement de Défense, notamment dans l’industrie de Défense, pour équilibrer les recettes sociales et fiscales liées aux dépenses d’Etat de Défense, de sorte à construire un modèle basé sur le solde budgétaire et social de l’investissement d’Etat, pour le pilotage de l’investissement Défense, en lieu et place du pilotage à la Dépense en cours depuis 50 ans.

Le Socle Défense applique la DVP à l’ensemble de l’effort de Défense, pour redéfinir l’investissement de Défense comme un investissement économiquement et socialement performant pour l’Etat, tout en procurant aux armées les moyens humais, matériels et technologiques requis. Dans ce modèle, l’augmentation de 15 Md€ des investissements en matière d’équipements de Défense génère 1,1 million d’emplois, dont 350.000 emplois industriels et 70.000 militaires, finance l’augmentation du budget des armées de 40 Md€, et génère 15 Md€ de recettes et économies nettes par an pour les finances publiques.

Il est donc urgent et indispensable que l’écosystème Défense, industries Défense, sous-traitants, armées et représentants politiques locaux, prennent la mesure de la crise qui arrive et décident d’une action proactive plutôt que de faire, une fois encore, le dos rond. Les solutions existent, il ne manque plus que la volonté d’agir.

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