La sortie des Etats-Unis du traité INF va renforcer la position russe à moyen terme en Europe

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Après la carotte, à savoir l’appel à la négociation lancé par un tweet du président Trump pour contrôler la course aux armements en cours, le bâton est arrivé aujourd’hui, lorsque le département d’Etat américain a officiellement adressé un ultimatum à la Russiepour se mettre en conformité avec le traité INF sous 60 jours, faute de quoi les Etats-Unis en sortiront.

Cela fait plusieurs années que les Etats-Unis ont appelé la Russie à respecter les engagements de ce traité, interdisant la construction et le déploiement de missiles balistiques d’une portée de 500 à 5000 km. Or, selon les autorités US, le nouveau missile des bureaux d’étude Novator, le 9M729, aurait une portée le situant dans ce créneau, ce que les autorités démentes.

D’autres missiles russes font l’objet de soupçons de ce type, comme le système Iskander,  dont les dimensions laissent penser que le missile pourrait dépasser les 480 km de portée maximale annoncées.

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Il est cependant peu probable que les autorités russes ne cèdent aux invectives américaines. D’ores-et-déjà, elles ont annoncé qu’une sortie des Etats-Unis du traité INF entrainerait un renforcement des forces de dissuasion russes. En outre, elles ont également déclaré que tous les pays hébergeant des systèmes américains deviendraient des cibles pour les missiles russes.

Car, dans les faits, la dénonciation du traité INF par les Etats-Unis serait sensiblement au bénéfice de la puissance russe à court et à moyen terme, en Europe tout du moins. En effet, contrairement aux pays européens, et aux Etats-Unis, la Russie a maintenant un important programme de développement de missiles balistiques de courte portée. Il sera très facile aux forces russes d’étendre et de redéployer des missiles à portée intermédiaire, notamment basés sur le système Iskander. Les progrès technologiques des systèmes de guidage russe, démontré avec les tirs de missiles Kalibr en Syrie, et les compétences maintenues en matière de système balistique, permettront à la Russie de rapidement déployer des systèmes capables de menacer tous les sites stratégiques en Europe à partir du territoire russe. En outre, le retour d’expérience en matière d’armes hypersonique, basé sur le missile balistique aéroporté Kinjal, procurera aux systèmes russes une importante capacité à déjouer les systèmes antimissiles modernes, comme le THAAD ou le Patriot PAC-3.

La réponse américaine et européenne à ces systèmes ne pourra, pendant de longues années, se limiter qu’au volet stratégique, à l’exception notable du système préstratégique Rafale-ASMPA français. Surtout, l’occident ne dispose d’aucun système balistique moyenne portée à charge conventionnelle, comme l’Iskander ou le Kinjal, étant limité aux missiles de croisière, beaucoup plus vulnérables et lents que les armes balistiques. En cas de crise avec la Russie, cette dernière aura donc un avantage important, en étant capable de frapper en profondeur le dispositif de l’OTAN, sans devoir risquer des appareils en territoires hostiles, fussent-ils furtifs, comme l’OTAN.

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Quoiqu’il en soit, la sortie du traité INF des Etats-Unis serait largement au bénéfice de la Russie pendant plusieurs années, il est donc très peu probable que le kremlin ne cède aux injonctions occidentales, d’autant qu’il a conçu une position médiatique suffisamment crédible pour pouvoir s’y tenir, et générer un soutien populaire intérieur.

Deux crises majeures avaient amené le bloc soviétique et l’OTAN au bord de la guerre nucléaire pendant la guerre froide, la crise des missiles cubains et celle des euromissiles. Alors que nombreux sont ceux qui s’interrogent encore sur la réalité de cette nouvelle « guerre froide » qui a déjà commencé, l’histoire semble s’accélérer avec une nouvelle course aux armements, et une nouvelle crise des euromissiles en gestation.

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