Que faire si le rapprochement Naval Group et Fincantieri échouait ?

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L’annonce conjointe par les chantiers navals Fincantieri et Leonardo concernant la réactivation de la Joint-Venture OSN(pour Orrizonte Sistemi Navali) a lancé un froid dans les négociations avec le français Naval Group pour un rapprochement dans la construction navale militaire.

Lancé avec un important battage médiatique peu après l’élection présidentielle, le rapprochement entre Naval Group et Fincantieri devait donner, selon l’expression consacrée reprise par nombre de médias, à un « Airbus Naval » entre la France et l’Italie. 

Passé l’enthousiasme initial, les difficultés et divergences sont apparues, notamment concernant le rôle de Thales, actionnaire principal de Naval Group, et fournisseur de systèmes de combat naval, alors que l’Italien Leonardo fournit traditionnellement les systèmes de combat des navires italiens.

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La presse spécialisée s’est également faite l’écho d’exigences déraisonnable du coté italien, notamment concernant l’exclusivité commerciale en Amérique du Sud, en Egypte et en Grèce, trois marchés stratégiques pour le groupe français, et concernant des rapports faisant état de pratiques commerciales douteuses de la part de Fincantieri.

Au point qu’il semblerait bien que désormais, le très européen ministre de l’économie Bruno Lemaire soit lui-même circonspect sur les chances de rapprochement, et demande désormais aux deux groupes de « faire leurs preuves » à collaborer ensemble à l’international avec d’envisager une consolidation industrielle.

Et là, les choses risques bien de se tendre de façon irrémédiable, entre les frictions permanentes entre les gouvernements français et italiens, d’une part, les opposition de phase entre Leonardo et Thales sur ce dossier, d’autre part, et la réalité économique des deux chantiers, qui dépendent tous deux du marché export pour maintenir leur périmètre d’activité.

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En cas d’échec des négociations, quelles seraient les options françaises pour consolider et préserver son industrie navale de Défense ?

Le rapprochement avec d’autres acteurs industriels est envisageable, notamment avec le néerlandais Damen ou le Suédois Saab, mais surtout avec l’Allemand TKMS, qui vient de plus ou moins mettre sur le marché sa division bâtiment de surface. Alors que les industries de Défense françaises et allemandes se rapprochent dans le domaine des armements terrestres, avec le groupe KNDS, et dans le domaine aéronautique, avec la collaboration entre Dassault et Airbus pour le projet SCAF, le rapprochement entre Naval Group et TKMS semble une évidence. Mais ces deux groupes se sont très sévèrement affrontés lors des contrats récents, en Australie, en Norvège, en Pologne et aujourd’hui en Egypte. Mais ce type de rapprochement entre deux groupes à couteaux tirés n’est pas impossible, et le rapprochement collaboratif entre Dassault et Airbus pour le SCAF est là pour en attester.

Toutefois, consolidation européenne ou pas, c’est avant tout le volume des constructions effectives qui permettra à Naval group de conserver son outil industriel et développer son expertise. Aves l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, comme la Corée du Sud, la Turquie, la Chine, et le retour de l’industrie russe, les parts de marché adressables vont diminuer irrémédiablement, alimentés en cela par les innombrables contrats intégrant des transferts de technologies ayant permis à de nombreux pays de développer leur propre industrie navale de Défense, et investissant désormais le marché mondial avec des offres très compétitives.

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Si les contrats à l’exportation resteront indispensables, la pérennité du groupe dépendra avant tout du volume de commandes domestiques et européennes. Comme dans le domaine des armements terrestres et des armements aériens du futur, la France et l’Allemagne ont tout intérêt lancer ensemble un vaste programme visant à développer la gamme de bâtiments de combat naval du futur, allant de l’OPV au destroyer lourd, en passant par les sous-marins d’attaque conventionnels, océaniques et nucléaires, les navires d’assaut et de soutien, et, pourquoi pas, une conception innovante de porte-avions européen.

Ainsi, un programme à long terme de 2020 à 2040, permettrait de concevoir une nouvelle gamme de bâtiments de nouvelle génération pour les marines des deux pays, les marines européennes, et les clients internationaux, avec un retour optimisé pour la BITD des deux pays, et une charge maitrisée des bureaux d’études et de l’industrie d’équipement de chaque partenaire, tout en lissant les travaux de manière rationnelle pour optimiser let sécuriser es développements technologiques et satisfaire les besoins opérationnels croissant des marines.

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