Lockheed fait monter les enchères hors de portée de ses concurrents pour le remplacement des MIG21 indiens

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Voilà une annonce qui va très sérieusement compliquer la tache des équipes de Dassault négociant l’avion français pour l’armée de l’air indienne. Le constructeur américain Lockheed Martin a proposé ni plus, ni moins, de relocaliser toute la chaine de production et de maintenance de son F16 Viper en Inde, soit un marché de 400 appareils à construire, et autant à moderniser. L’offre intègre également les transferts de technologies pour les systèmes de l’appareil, dont le radar AESA APG-83 et le système de communication Liaison 16 MIDS-JTSR.

Pour appuyer cette offre, LM s’appuie sur un partenariat avec l’industriel TATA, qui a le mérite de ne pas être concerné par l’imbroglio politique autour du contrat de 36 Rafale indiens instrumentalisé par l’opposition, et par un écosystème de 70 sous-traitants identifiés.

Avec cette proposition, le groupe américain prend une très sérieuse option sur le contrat à venir. En effet, aucun des concurrents participants à l’appel d’offres (Saab, Mig, Eurofighter, Boeing et Dassault) n’est aujourd’hui en mesure de faire une offre similaire, car LM est le seul constructeur à disposer aujourd’hui de deux appareils de génération différente sur le marché, le F16 et le F35. Si le F16V est un appareil très capable, il atteint tout de même les limites de son concept, et les commandes enregistrées en Slovaquie et à Bahreïn sont probablement parmi les toutes dernières commandes potentielles de l’appareil. Le déplacement de la ligne en Inde est donc un renoncement maitrisé pour LM, d’autant que le F35 devrait prochainement en production pleine, lui permettant de réaffecter effectifs et infrastructures vers cet appareil.

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Mais les chiffres annoncés par LM sont cohérents, en tenant compte des 100 appareils indiens, et les gains en matière d’expérience, de savoir-faire et de retour budgétaire pour l’Inde dépassent de très loin ce que peuvent proposer les autres participants à l’appel d’offres.

Le Rafale a tout de même de sérieux arguments à faire valoir, notamment en matière de prix, puisque les travaux d’adaptation aux besoins de l’IAF (Indian Air Force) ont déjà été réalisés lors du premier contrat de 36 appareils. En outre, cette même IAF ne cache pas sa préférence pour l’avion français, plus puissant que le F16, emportant une charge plus importante sur une distance sensiblement plus importante, et capable d’une véritable polyvalence multimission inaccessible au F16.

Mais face à l’offre de LM, et tenant compte du « scandale » en cours concernant le premier contrat, ni l’IAF ni le président Moodi ne pourront justifier de préférer l’offre française face à l’offre américaine sans déclencher une nouvelle vague de critiques politiques et de suspicions de favoritisme, voir de corruption. 

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De fait, Dassault pourrait bien être contraint de concentrer ses efforts vers la Marine Indienne et son appel d’offre pour 57 appareils embarqués, et sur un éventuel nouveau contrat d’état à état pour l’armée de l’air, pour que celle-ci dispose de 4 escadrons de Rafale, un par zone de défense indienne.

Reste que, et Dassault le sait bien, c’est une chose de contracter avec l’Inde, c’en est une autre que de construire effectivement sur place un appareil aussi complexe que le Rafale ou le F16V. La cours des compte indienne avait révélé que, lors des négociations concernant le contrat MMRCA avec l’industriel d’état HAL pour l’assemblage de Rafale en Inde, l’industriel indien estimait à 2,6 le coefficient multiplicateur horaire entre main d’œuvre française et indienne. En outre, les exigences en matière de responsabilité et d’assurance de l’armée de l’air indienne peuvent être incompatibles avec la réalité industrielle du pays. Les défaillances en série des Su-30 MKI de l’IAF assemblés en Inde en attestent.

Malheureusement, l’attractivité faciale de l’offre américaine risque fort de ne pas laisser de place à ces considérations techniques. Et selon toute vraisemblance, l’offre de Lockheed Martin va couper court à l’appel d’offre indien pour les autres concurrents.

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