Le F-35B est (enfin) « Combat Prooven », mais est-il performant ?

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Ca y est ! Trois ans après avoir officiellement atteint le premier palier de sa capacité opérationnelle, le F35-B, la version à décollages et atterrissages courts et verticaux de l’appareil de Lockheed, a effectué le 27 septembre sa première mission de guerre, en effectuant un bombardement de précision en Afghanistan au bénéfice des troupes au sol.

Au delà des slogans sur les bannières et leaflets de salons aéronautiques, et des débats sans fins entre pro et anti, cette étape était attendue avec impatience par l’ensemble de l’écosystème gravitant autour de l’appareil. Alors, certes, la mission effectuée était à la portée de n’importe quel avion de la coalition, en particulier des F16, F18, AV8B et A10 que le F35 doit remplacer. Mais il faut rappeler que le Rafale, comme le Typhoon, ont eux aussi effectué leurs premières missions de combat dans le ciel afghan, sans grands risques pour l’appareil ou son équipage.

Mais on ne peut résumer cette mission à cette seule comparaison. En effet, les F35B qui effectuèrent cette attaque avaient décollé de l’USS Essex, un navire d’assauts de la classe WASP de l’US Marines Corps, croisant dans  le nord de l’Océan Indien, et durent traverser le ciel Pakistanais pour atteindre l’Afghanistan, soit un vol de 800 km, et probablement 1 ou 2 ravitaillements sur place. 

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Pour le Marines Corps, il s’agit d’une extension très sensible de sa capacité d’action vis-à-vis des AV8B Harrier II, permettant aux 7 Marines Expedionnary Units de disposer d’une capacité d’action et d’une autonomie renforcée dans sa conduite de mission. Cela permet au commandement du Marines Corps de décider de ses missions en autonomie, sans devoir s’adapter aux impératifs de l’US Navy qui embarque aujourd’hui encore de nombreux escadrons de F18 du Marines Corps sur ses porte-avions.  

Alors, le F35B serait-il un appareil parfait ?

Revenons pour répondre à cette question à la principale contrainte appliquée à l’US Marines Corps, l’interdiction de disposer de ses propres porte-avions à catapultes. Aux Etats-Unis, comme parfois en Europe, les Armées sont très attentives au respect strict de leurs périmètres respectifs. Pas question pour l’US Army de disposer d’une flotte d’avions d’attaque au sol comme le A10, même si l’US Air Force veut se séparer de l’appareil. De même, les porte-avions sont la prérogative unique de l’US Navy. Et peu importe si le Corps de Marines bénéficierait grandement de porte-avions à catapultes légers pour protéger et appuyer ses corps expéditionnaires. C’est dans ce cadre que le F35B, comme le Harrier avant lui, sont arrivés aux Etats-Unis. Leurs capacités à être déployés à partir d’un navire d’assaut les rends indispensables aux Marines, bien d’avantages que la logique ADAC/V telle qu’elle fut imaginée dans les années 60, pour disposer d’une aviation de combat lorsque les terrains d’atterrissages auront été tous mis hors service par l’adversaire. Notons au passage que cette considération revient en grâce dans les Etats-Majors, et que deux armées de l’air, et non des moindres puisqu’il s’agit de celles d’Israël et de Taiwan, envisagent d’acquérir le F35B dans cette optique.

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Dans les faits, cette fonctionnalité unique du Harrier, et aujourd’hui du F35B, n’aura été utilisé en combat qu’une seule fois, lors du déploiement de Harrier du Marines Corps sur une piste impraticable dans le sud de l’Arabie Saoudite lors de l’opération Desert Storm. 

Quoiqu’il en soit, c’est d’abord et avant tout cette contrainte concernant les porte-avions qui amena le Corps de Marines à acheter le Harrier, développé le Harrier II, et réclamer le F35B. 

On peut donc dire que c’est un appareil très performant, et même au delà des espérances, en tenant compte de l’absurdité politique qui lui aura donné naissance.

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Concernant les marines européennes qui auront préféré choisir la solution de porte-avions à tremplin équipés de F35B, comme les britanniques ou les Italiens, la logique perd beaucoup de son sens, en l’absence de cette contrainte principale. Le rayon d’action et les capacités de ravitaillement en vol des appareils modernes ont fait perdre beaucoup d’intérêts à la logique ADAC/V, hormis pour des pays sans capacités de recul, comme justement Taïwan et Israël. A contrario, les contraintes liées à ce type d’appareils, surtout lorsqu’ils sont embarqués, restent les mêmes : rayon d’action et capacité d’emport limitée, absence de flotte de soutien, prix plus élevés. 

Dans le cas de l’Italie, comme de la Corée du Sud ou de Japon, qui veulent utiliser de manière limitée les appareils à partir de bâtiments d’assaut à faible cout de fabrication, comme le Trieste Italien qui coutera moins de 1 Md€, le choix du F35B peut s’avérer un calcul cohérent.

En revanche, dans le cas du Royaume-Unis, qui aura construit deux porte-avions de 60.000 tonnes chacun, et ayant couté plus de 3 Md€ l’unité, le raisonnement est très discutable. Pour un investissement comparable, surtout en s’associant avec la France comme il en était question, le Royaume-Unis aurait pu disposer de deux porte-avions à catapulte, pouvant mettre en œuvre des appareils comme le F18 Super Hornet ou le Rafale, et pourquoi pas de F35C, ainsi que d’un ensemble d’appareils de soutien, allant du E2-C/D Hawkeye au drone de ravitaillement MQ25 Stingray, et disposer ainsi d’une capacité d’action infiniment supérieure à celle retenue.

En choisissant cette configuration, les britanniques se sont donc volontairement mis dans un environnement contraint dont le corps de Marines rêveraient de s’extraire, et n’ont d’autres choix que de rester accrocher au choix du F35B, et à ses performances exceptionnelles … compte tenus de ses contraintes.

Pour étendre le sujet, article en français (4 min)

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