Avec le T-X Trainer Program, Boeing bouleverse les habitudes du marché de la Défense US

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Durant ces 30 dernières années, la division Défense de Boeing n’a pas été à la fête, ne remportant que deux contrats majeurs, la conception et la fabrication de l’avion ravitailleur KC-46 et le P8 Poseidon, sur la dizaine de programmes aéronautiques lancés par les armées américaines. Surtout, le savoir-faire en matière de conception de chasseurs risquait de ne pas survivre à la fin des lignes de production du F15 et du F18. 

En remportant le contrat visant au remplacement des T-38 Talon de l’US Air Force pour la formation des jeunes pilotes de chasse, le constructeur de Seattle reprend pied sur ce marché, après avoir déjà enregistré un beau succès de 800 m$ pour la construction du drone de ravitaillement embarqué MQ-25 Stingray, et dans l’attente de l’étude du prochain chasseur embarqué de l’US Navy, projet qui bénéficie à partir de 2019 de 5 Md$ par an sur le budget de la Marine.

Mais cette victoire industrielle s’est construite sur une approche industrielle et financière en rupture avec ce qui se pratiquait depuis 30 ans aux Etats-Unis en matière de contrat de Défense.

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En premier lieu, l’offre de Boeing, soit 351 T-X et 46 simulateurs pour un montant global de 9 Md$, est une offre ferme, le prix est garanti par le constructeur, dans une logique de budget maitrisé et prévisible. Ce montant est d’ailleurs 10 Md$ moins élevé que l’enveloppe initiale prévue par l’US Air Force pour le programme, ce qui en dit long sur les efforts consentis par Boeing pour gagner ce contrat.

La conception même de l’appareil représente un retour aux sources pour l’industrie US. Fini les objectifs technologiques délirants, ou les promesses inaccessibles, le T-X est conçu sur la base de technologies de pointe, certes, mais éprouvées, au bénéfice du meilleur rapport performance-prix de l’appareil.  Il faut reconnaître que pour 20 m$ l’unité, le T-X propose de nombreuses capacités, comme l’emport de nombreux types de munitions, un cockpit des plus moderne, la capacité d’être ravitaillé en vol, et de très bonnes performances en terme de manÅ“uvrabilité.

Enfin, la technologie embarquée ne s’est pas faite au détriment de la maintenance et de la disponibilité de l’appareil. Au contraire, un effort particulier a été apporté pour une maintenance rapide, efficace et économique de l’appareil. Là encore, il s’agit d’une rupture avec les derniers programmes aéronautique US.

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Le volet économique n’a pas été négligé, puisque Boeing a présenté un plan de retombés industrielles de 17.000 emplois directs et de sous-traitance aux Etats-Unis, couvrants 34 Etats. Sur la base de la fiscalité américaines, ce volume assurera un retour fiscal de plus de 6 Md$ sur 10 ans, sans tenir compte des exportations possibles.

Certes, il ne s’agit que d’un programme d’appareils d’entrainement, par nature moins soumis aux impératifs et aléas technologiques que les avions d’armes. Mais la somme des ruptures engagées dans l’approche de Boeing sous-tend probablement une évolution profonde de la politique d’acquisition du Pentagone, conformément aux objectifs annoncés par le secrétaire à la Défense, James Mattis, lors de sa prise de fonction.

Ce changement de stratégie des armées US est surtout la conséquence des bouleversements rapides en cours dans le monde. Depuis 2 ans, la doctrine US envisage la possibilité d’un conflit majeur sur deux fronts ou plus, face à des pays qui développent rapidement leurs puissances militaires, comme la Chine et la Russie. Il n’est plus question, aujourd’hui, de développer la performance technologique et industrielle US, mais de disposer dans des délais courts, d’équipements performants, fiables et en nombre suffisant pour répondre aux enjeux sécuritaires qui ne manqueront pas d’apparaître à partir de 2025.

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