Les forces militaires américaines se préparent à des conflits majeurs et simultanés

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Comme la majorité des armées occidentales, les forces armées américaines ont connu une période de flottement après l’effondrement du bloc soviétique. Non seulement durent-elles faire face à des restrictions budgétaires,  mais elles furent largement mises à contribution dans des conflits à structure asymétrique, comme en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Il s’en est suivi une certaine désorganisation de l’outil militaire qui perdit, en partie, l’intégrité structurelle qui faisait la force des armées américaines. En outre, elles se sont aventurées dans des projets technologiques très hasardeux, ayant connu des résultats très mitigés, allant du Sea Wolf au LCS, des F22 aux F35, des Zumwalt aux Comanches.

Au final, les équipements des armées US aujourd’hui sont étonnamment proches de ce qu’ils étaient 25 ans auparavant, au détail prés de diverses phases de modernisation plus ou moins réussies. 

Sur la même période, deux nations ont, elles, considérablement accru les performances de leurs forces militaires. La Russie est parvenue, ainsi, à reconstituer une puissance militaire de premier plan, dépassant largement la qualification de « puissance régionale », alliant une imposante force blindée et conventionnelle à une composante stratégique très dynamique et innovante. La Chine, quand à elle, a su rattraper en deux décennies le retard technologique très important qu’elle avait face à l’occident, et développe aujourd’hui, grâce à sa vitalité économique, démographique et scientifique, une puissance militaire susceptible de faire jeu égal avec les Etats-Unis dans à peine plus d’une décennie.

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C’est face à ce constat, et avec les ressources financières supplémentaires promises par le président Trump, que les 4 armées Américaines s’emploient, aujourd’hui, à se préparer à répondre aux nouveaux contextes stratégiques mondiaux, comme la possibilité de devoir être engagé simultanément dans deux conflits majeurs, en Europe et dans le Pacifique, ou de voir apparaître une multitude de conflits régionaux ayant des physionomies très différentes. 

Pour l’US Army, ce plan repose sur un axe de développement en 5 points prioritaires : le renouvellement des véhicules blindés, de la composante héliportée, des systèmes de commandement et de contrôle, des systèmes anti-aériens à courte portée et des systèmes d’artillerie.

L’US Navy a, pour sa part, lancé le programme de frégate d’escorte FFG/X destiné à remplacer une partie du décevant programme Littoral Combat Ship, pour augmenter rapidement le nombre de bâtiments de combat. La composante aéronavale continue d’être renouvelée avec le remplacement des porte-avions de la classe Nimitz par la classe G.Ford et l’augmentation de leurs nombres à 12 contre 10 aujourd’hui, l’entrée en service prochaine du drone de ravitaillement MQ-25 Stingray, et le développement d’un nouvel avion de combat destiné à remplacer le F18, programme qui bénéficie d’un budget de 5 Md$ par an sur les 5 prochaines années. Les sous-marins nucléaires d’attaque et lanceurs d’engins sont d’ores et déjà en cours de remplacement, cette composante ayant été particulièrement bien protégée ces 30 dernières années. Le remplacement des croiseurs de la Navy était, quand à lui, incertain, mais l’Etat-major a fait savoir qu’il avançait rapidement sur la définition d’un bâtiment destiné à remplacer les Ticonderoga vieillissants, et que les premières commandes devraient intervenir en 2022 ou 2023. 

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Le croiseur sera plus grand que les Destroyers A.Burke Flight III déjà en production, et sera conçu pour répondre aux évolutions rapides des besoins de la guerre navale, que ce soit en matière de production électrique, de capacité de traitement informatique, du refroidissement corolaire du point précédent, et de l’emport d’armements et de drones.

La description donnée n’est pas sans rappeler celle des destroyers lourds Type 055 chinois, ou du Lider russe (si ce dernier voit effectivement le jour). Elle est surtout révélatrice d’un retour à ce qui fit le succès de l’ingénierie US pendant des décennies, un pragmatisme absolu et la recherche du meilleur rapport performance / cout.

Rappelons enfin que le Président Trump s’est engagé à augmenter le format de l’US Navy, et notamment le nombre de bâtiments de combat, qui doit passer de 360 à 450 selon lui (Les projections industrielles donnent une flotte chinoise à 550 bâtiments en 2035, avec un tonnage moyen toutefois inférieur à l’US Navy)

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L’US Air Force a, quand à elle, annoncé qu’elle ambitionnait de faire croitre de 24% le nombre de ses escadrons, qui passeraient de 312 aujourd’hui à 386 en 2030. Ainsi, les escadrons de bombardiers stratégiques, qui vont recevoir le nouveau B-21 Ranger, passeraient de  9 à 14, ceux de ravitaillement de 40 à 54, et ceux de C2ISR (Command and Control Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) de 40 à 62. Les escadrons de chasse passeraient eux de 55 à 62, alors que ceux de drone de reconnaissance et d’attaque ne croitraient que de 2 escadrons, passant de 25 à 27. 

Elle devra recruter prés de 40.000 nouveaux militaires, passant de 685.000 à 725.000, alors que son budget devra, pour faire face à une telle croissance, augmenter de 13 Md€, pour atteindre 66 Md$ en couts de fonctionnement (hors acquisitions des équipements).

Les autres commandements des armées américaines sont dans une dynamique comparable, que ce soit l’US Marines Corps en pleine mutation avec l’entrée en Service des LHD de la classe America et de ses F35B, ou le nouveau commandement de l’Espace.

L’ensemble de ces augmentations capacitaires indique, sans qu’il n’y ait le moindre de doute, que désormais les Etats-Majors anticipent une période de très importantes tensions, avec la possibilité de devoir intervenir simultanément et massivement sur plusieurs théâtres. On peut, dés lors, comprendre, tout au moins en parti, l’agacement de l’administration US face aux Européens qui rechignent à augmenter leurs dépenses de Défense, pariant sur le soutien US en cas de besoin.

Surtout, les capitales occidentales devraient anticiper le fait que le soutien US pourrait être largement plus contraint qu’elles ne l’espèrent, pour peu que la situation dans le Pacifique soit également tendue.  En 2030, la situation géopolitique pourrait bien d’avantages ressembler à celle de la seconde guerre mondiale, plutôt que celle de la guerre froide.

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