L’arme nucléaire redevient un sujet prioritaire, et c’est préoccupant

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Avec la fin de la guerre froide, le rôle de la dissuasion, et de ses armes nucléaires, se sont lentement effacés au même titre que le risque de conflit majeur entre états technologiquement avancé. En effet, parmi les puissances nucléaires, la Russie semblait empêtrée dans une crise économique insoluble qui laminait son outil de Défense, et la Chine semblait bien davantage concerner par sa croissance économique que par sa puissance militaire. Seule les programmes nucléaires secondaires, comme ceux de la Corée du Nord, de l’Iran ou de la Libye, étaient de nature à créer une menace, bien que toute relative en l’absence de vecteur intercontinentaux, et concernaient d’avantage une logique de non-prolifération que de dissuasion.

Mais depuis le milieu des années 2010, la problématique de la dissuasion s’est petit à petit retrouvée à nouveau au cœur des priorités des Etats-Majors de tous les membres permanent du conseil de Sécurité de l’ONU. La Russie a été la plus prolifique dans le domaine, en développant de nombreux vecteurs nucléaires en très peu de temps, allant du missile hypersonique Kinjal au missile sol-sol à courte portée Iskander dont il est dérivé, aux missiles intercontinentaux Boulava lancés de sous-marins ou Sarmat lancés à partir de véhicule terrestre.

Au total, c’est prêt d’une dizaine de vecteurs nucléaires de nouvelle génération qui ont été développés par l’industrie russe ces dix dernières années. En outre, le gouvernement russe a annoncé un programme de modernisation de sa flotte de bombardiers stratégiques à long rayon d’action Tu-160 Blackjack et de 60 bombardiers navals à long rayon d’action Tu-22M3, chacun pouvant mettre en œuvre des missiles de croisières à charge nucléaire. En outre, elle a annoncé le développement d’un nouveau bombardier stratégique furtif, connu sous le code PAK DA, qui doit entrer en service d’ici 2030. 

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La Chine n’est pas en reste, avec le développement du nouveau missile balistique intercontinental DF-41 lancé, comme le Sarmat, depuis un véhicule terrestre, et du JL-2, son homologue lancé de sous-marin. Elle a également entrepris, il y a déjà une dizaine d’année, de développer un bombardier stratégique furtif destiné à remplacer les H-6 actuellement en service, dérivés du vénérable, mais très ancien, Tu-16 russe.

Coté occidental, la France a récemment mis en œuvre un nouveau, vecteur, le missile intercontinental M51 qui équipe désormais une partie des sous-marins lanceur d’engin de la Marine nationale. En outre, elle a annoncé les travaux pour développer un successeur au missile nucléaire aéroporté ASMPA  avec le projet ASN4G, qui n’entrera cependant pas en service avant 2035. Quand aux Etats-Unis, la modernisation de sa dissuasion s’est limitée à celle de ses missiles balistiques Tridents lancés de sous-marins, et le développement d’un nouveau bombardier stratégique furtif B-21 Raider destiné à prendre la relève des B1 Lanceur.

Il apparaît dès lors qu’un important gradient technologique est en train de se former au niveau de la dissuasion entre le bloc sino-russe, et le bloc occidental. Ce gradient est d’autant plus important que la Russie comme la Chine ont d’ores et déjà testé des planeurs hypersoniques de rentrée atmosphérique destinés à remplacer les MIRV, et rendant l’interception beaucoup plus difficile, tout en développant simultanément des systèmes antibalistiques de grande qualité. Par ailleurs, la Russie semble également avoir développé de nouveaux vecteurs, comme la torpille nucléaire autonome océanique Poséidon capable de traverser l’océan Atlantique, et le missile de croisière Burevestnik capable de faire plusieurs fois le tour de la terre .

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C’est la raison pour laquelle à Washington comme à Paris ou à Londres, la problématique de la Dissuasion redevient une préoccupation centrale des Etats-Majors, et que les budgets et les programmes destinés à renforcer et moderniser cette dissuasion vont être augmentéset accélérés, afin de combler rapidement l’écart technologique qui semble se dessiner dans les années à venir. Car la dissuasion n’a, rappelons le, qu’une unique fonction avérée : empêcher l’adversaire potentiel d’y avoir recourt, ou de menacer de le faire. 

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