jeudi, mars 28, 2024

Vers une autonomie technologique renforcée en France et en Europe

Après la chute de l’Union Soviétique, la France comme une très grande majorité des pays ont sensiblement réduit leurs investissements de Défense. La conséquence fut une réduction importante des volumes de systèmes d’armes produits. Pour un pays comme la France, la commande domestique ne justifiait plus de devoir développer l’intégralité des composants et des systèmes embarqués. C’est ainsi que des composants en provenance des Etats-Unis, du Japon, de Corée ou de nos alliés Européens ont été intégrés à nos systèmes, destinés aux armées françaises comme à l’exportation. 

Or, concomitamment, cette baisse des commandes domestiques entraina l’augmentation de la part relative des exportations pour l’industrie de Défense, passant de 30% à 50%, atteignant donc le seuil de survivabilité de l’industrie de Défense dans son ensemble.

Malheureusement, cette dépendance technologique est également accompagnée d’un cout, qui semble aujourd’hui bien supérieur aux économies espérées à l’époque du choix des composants étrangers. Elle prit par exemple la forme d’atermoiement de nos partenaires européens vis-à-vis de l’exportation d’un système d’arme des pays jugés peu démocratiques, comme l’Arabie Saoudite par exemple.

Mais c’est l’opposition américaine à l’exportation de composants intégrés aux missiles de croisière SCALP destiné à l’Egypte qui déclencha la colère de Paris, et le changement de position exprimé par la Ministre des Armées, Florence Parly.

Washington a effectivement intégré ces composants dans la liste des composants sensibles relevant de la règlementation ITAR, et soumise à autorisation des autorités fédérales. Et cette autorisation est refusée par celles-ci, sur la base d’arguments très discutables, servant avant tout à empêcher la vente de Rafale supplémentaires par la France. Il ne faut pas oublier que l’avion français est opposé aux avions américains dans de nombreuses compétitions : en Belgique, en Inde, en Malaisie, en Finlande … Tout ce qui peut nuire à la pérennité de la chaine de production est donc un argument de poids pour les industriels américains, Boeing et Lockheed Martin.

Le président Macron espérait, lors de sa visite à Washington en Mai dernier, que ce blocage aurait été levé par le président Trump, qui avait donné « des signes encourageants » jugeait-on au retour à Paris. Malheureusement, il n’en fut rien, et l’agressivité commerciale des Etats-Unis s’est même sensiblement renforcée depuis, notamment en Inde, ou une campagne destinée à attaquer le contrat initial de 36 Rafale a été lancé par l’opposition sur des bases elles aussi plus que discutables, pour ne pas dire montées de toutes pièces, très peu de temps après que le gouvernement indien ait décidé de modifier les règles de participation de sa compétition pour l’achat de 120 chasseurs, que Lockheed pensait jusque là acquise, permettant ainsi au Rafale comme au Typhoon d’y participer. Or, avec 36 Rafales déjà en service, et les investissements pour amener l’appareil aux standards indiens déjà effectués, l’offre française partait avec un avantage certain …

Quoiqu’il en soit, la volonté affichée par le ministère des armées est désormais de limiter autant que faire ce peu la dépendance aux composants importés hors de l’UE, de sorte à conserver la plus grande autonomie de décision dans ses exportations.

Pour étendre le sujet, article en anglais (4 min)

https://www.defensenews.com/air/2018/09/07/we-are-not-dupes-france-takes-step-away-from-us-with-fighter-program/

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