jeudi, mars 28, 2024

Les armes hypersoniques vont redéfinir les doctrines militaires à court terme

Depuis l’annonce en mars dernier de l’entrée en service de systèmes d’armes hypersoniques par le président Putin, il semble que le Pentagone en ai fait sa plus grande priorité, reléguant la sacro-sainte furtivité au rang de technologie secondaire.

Ainsi, de nombreux programmes ont été annoncés ces derniers mois, visant à développer des missiles hypersoniques, mais également des systèmes destinés à pouvoir les contrer, comme la conception d’un drone HALE emportant un laser de 140kw et même 280 kw.

Mais aujourd’hui, l’avantage est clairement passé du coté russe, qui dispose d’une avance notable concernant les missiles hypersoniques comme les planeurs d’entrée atmosphérique. Ainsi, le missile Kinjal est aujourd’hui susceptible d’éliminer un grand nombre d’infrastructure stratégique de l’OTAN dans une logique de première frappe, alors même que cette doctrine avait toujours été en faveur des occidentaux. Ne pouvant être intercepté, emportant une lourde charge militaire de 500 km, et portant à plus de 2000 km, le couple Kinjal/Mig31 est aujourd’hui en mesure d’éliminer une grande partie des sites de défense anti-aérienne et anti-missile occidentaux avant qu’ils n’aient le temps de réagir. Il peut également viser les infrastructures de transport, de communication et de commandement, vitales pour une alliance comme l’OTAN qui doit coordonner les armées de 28 pays.

De plus, les forces aériennes russes auraient effectuées plus de 280 missions d’entrainement avec missile Kinjal depuis le mois de mars,  montrant l’importance donnée à ce système d’arme par la doctrine russe. En outre, les versions modernisées du bombardier stratégique Tu-22M3 Backfire, le Tu-23M3M, emporteront elles aussi le missile hypersonique, non pour frapper les porte-avions, le missile ne pouvant probablement pas utiliser de système de guidage « vers l’avant » en haute vitesse, indispensable pour attaquer des cibles mobiles comme un porte-avions. En revanche, les dégâts qu’un tel missile pourrait faire aux infrastructures portuaires , comme aéroportuaires, européennes, pourraient mettre très à mal les capacités de renforcement américaines et canadiennes.

On comprend dès lorsl’empressement des Etats-Majors occidentaux à trouver une parade face à ce système d’arme, susceptible de porter un coup fatal à l’OTAN, d’autant que la maitrise des technologies du Kinjal permettrait aux ingénieurs russes de développer d’autres missiles hypersoniques sur la base d’autres plates-formes balistiques.

Ne nous y trompons pas, le Kinjal n’est pas à lui seul une arme miracle, même si ses performances sont de nature à apporter un avantage marqué aux forces russes en cas de conflit. En revanche, le missile est révélateur de la doctrine qui prévaut aujourd’hui en Russie, de développer des technologies et des systèmes d’armes utilisant les faiblesses de l’OTAN, en l’occurrence sa forte dépendance aux infrastructures. C’est la même logique qui prévalait à la conception du S-400 pour contraindre la puissance aérienne occidentale, comme au choix de donner la priorité aux versions modernisées du T-72, T-80 et T-90 plutôt qu’au T-14 pour disposer rapidement et à moindre cout d’un nombre très supérieur de chars de combat face à l’OTAN. 

Quelque soit l’appréciation que l’on peut avoir du gouvernement Russe, et de la Russie, on ne peut ignorer qu’aujourd’hui, elle développe depuis 10 ans une force militaire conçue et formatée pour défaire l’OTAN en neutralisant ses forces (comme la puissance aérienne) et en exploitant ses faiblesses (comme la force blindée lourde). C’est un sujet de préoccupation majeur aujourd’hui de la majorité des Etats-Majors en Europe.

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