La LPM ne traite pas les besoins en matière de combat de haute-intensité

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La Loi de Programmation Militaire 2019-2025 française marque incontestablement une rupture profonde avec les 30 années de déflation des forces armées suite à l’effondrement du bloc soviétique, en redonnant, dans une approche considérée raisonnable, les moyens financiers nécessaires aux armées pour soutenir don format actuel. 

Ceci dit, et contrairement à une idée largement répandue dans la classe politique, cette LPM est très loin de redonner aux forces armées les moyens de ses missions. D’une part, sa progressivité induit un démarrage décaler de nombreux programmes, comme le programme HIL de remplacement des hélicoptères légers des armées, pourtant jugé prioritaire, et dont les premières livraisons n’interviendront qu’en 2028.

Ainsi, de très nombreux programmes ont été limités ou retardés de sorte à respecter l’enveloppe financière globale allouée, nonobstant le besoin opérationnel critique. C’est le cas des avions Rafale, des frégates FTI, des patrouilleurs hauturiers, des hélicoptères NH90 et des véhicules blindés de l’armée de terre.

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Mais même une fois l’ensemble de ces programmes exécutés, les armées françaises respecteront toujours le format établi par le Livre Blanc 2013. Et c’est précisément ce format que le général Lecointre qualifie, à très juste titre, d’armée de temps de paix.

Car le Livre Blanc a été rédigé au paroxysme de l’élan vers « les bénéfices de la Paix », soit avant l’annexion de la Crimée et la crise du Donbass, la militarisation de la mer de Chine, ou les interventions au Mali et en République centre-africaine.

De fait, en 2013, l’idée prévalait que la France n’avait plus besoin d’une force militaire pour les combat entre Etats, dite de haute-intensité, et que le périmètre de la Défense se limitait donc à une force expéditionnaire projetable, appuyée sur une dissuasion nucléaire elle même réduite, puisque le nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins à la mer en permanence était ramené de 2 à une seule unité.

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Dans la logique de ce paradigme, le nombre de chars Leclerc fut ramené à 200 exemplaires, de quoi équiper 4 régiments, et le nombre d’avions de combat à 225, de sorte à pouvoir projeter 15 appareils en permanence. En 2018, l’armée de l’Air a projeter plus de 20 appareils en moyenne sur l’année, sans compter les appareils de l’aéronavales eux mêmes déployés. En outre, toutes les actions militaires n’étaient considérées que dans le cadre de coalition, ce qui posa d’importants problèmes quand aux moyens logistiques disponibles lors de Serval par exemple.

Mais surtout, la situation géopolitique a considérablement évoluée depuis 2013. Non pas que les signes avant-coureurs n’étaient pas perceptibles avant cette date, mais il faut admettre qu’ils étaient moins évidents. 

La montée en puissance des forces militaires de plusieurs pays ont, en quelques années, ramené au premier plan des hypothèses qui semblaient reléguées dans les livres d’histoire, comme la possibilité d’un conflit majeur en Europe centrale, d’un conflit aéronaval dans le Pacifique, ou du retour de la menace nucléaire.

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Si l’on ne se compare qu’à la seule Russie, la France ne dispose que de 200 chars lourds modernes contre 2800 coté russe. En outre, les Forces russes réceptionnent chaque année entre 200 et 300 nouvelles unités, là ou la France ne prévoit d’étendre son parc qu’à partir de 2035 (la Russie alignera cette date plus de 6000 chars). Il en va de même pour les avions de combat, les bombardiers, les drones, les systèmes d’artillerie et de défense contre aéronefs etc. Alors qu’elle a un PIB prés de 50% supérieur à la Russie, et une population seulement moitié moindre, les forces françaises sont dépassées par les forces russes dans un rapport évoluant entre 1/5 à 1/10. 

Malheureusement, il en va de même dans toute l’Europe, au point que la Russie est aujourd’hui très supérieure militairement à l’ensemble des forces européennes réunies. 

Au delà de la nécessaire application stricte de la LPM, qui est plus qu’indispensable pour éviter l’effondrement pur et simple de la puissance militaire française à l’image de ce qui se passe aujourd’hui en Allemagne, il sera donc nécessaire, dans un futur proche, de mener une réflexion globale et exhaustive sur les besoins militaires des forces françaises avec et sans le périmètre européen, de sorte à être capable d’assurer la Défense effective du territoire nationale, et de ses intérêts. 

Il faut noter que cette réflexion bénéficierait grandement à être menée conjointement par l’Allemagne, et par les pays européens effectivement désireux d’atteindre l’autonomie stratégique dont parle le président Macron, de sorte a être mesure d’apporter une réponse coordonnée et ambitieuse, garante de la paix sur le continent.

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