La coopération internationale Défense est-elle efficace ?

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Depuis de nombreuses années, les programmes de coopération en matière de Défense ont été légion. En Europe, la majorité des programmes majeurs ont été développés en coopération avec un ou plusieurs autre pays, et la dynamique ne semble pas s’atténuer, avec, par exemple, les programmes franco-allemands d’avion de combat ou de char de nouvelle génération.

Pourtant, la coopération a également eu très mauvaise presse ces dernières années, entre les dérives budgétaires et de calendrier comme pour l’A400M ou le Typhoon, les partenariats non équilibrés comme pour le Tigre et le NH90, des partenaires peu fiables comme les britanniques qui auront quitté pas moins de 7 programmes européens majeurs en 10 ans, ou les choix jugés contestables imposés par un partenaire, comme la configuration bimoteurs du drone MALE européen. Au final, l’observateur de l’actualité de Défense aura l’impression que les coopérations sont vouées à l’échec, et qu’elles sont donc inutiles.

C’est allez un peu vite et oublier les très nombreux succès enregistrés par des coopérations bi ou multilatérales au fils des années, de la génération d’hélicoptères franco-britanniques gazelle / lynx / puma au chasseurs jaguar et Tornado, en passant par l’Atlantic et les chasseurs de mines tripartites, les exemples de programme très fructueux sont nombreux. Certains ont même donné naissance à des collaborations permanentes par fusion, comme c’est le cas pour MBDA ou Airbus Hélicoptères, ou par intégration, une spécialité de Thales.

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On peut dĂ©s lors, en analysant ces exemples, Ă©mettre une hypothèse sur les conditions de succès d’un programme en coopĂ©ration :

  • En premier lieux, il faut cesser de prĂ©senter les programmes de coopĂ©rations comme un moyen de faire des Ă©conomies budgĂ©taires. Ce n’est quasiment jamais le cas, et ce pour une excellente raison : les participants veulent tous maintenir l’activitĂ© industrielle dĂ©fense sur leur territoire. Cet axiome a Ă©tĂ© largement dĂ©montrĂ© par le programme Typhoon, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne ayant chacun dĂ©pensĂ©, pour les besoins de conceptions, plus des Âľ de l’investissement français pour concevoir le Rafale. Les chiffres concernant le programme FREMMvont Ă©galement dans ce sens.
  • Les risques d’échecs et de non respect de budget ou du calendrier sont proportionnels aux nombres d’acteurs dĂ©cisionnaires au projet. Ce point a depuis longtemps Ă©tĂ© intĂ©grĂ© par Dassault Aviation, qui a toujours imposĂ© des partenariats se limitant Ă  un seul autre Etat, la Grande-Bretagne dans le cas du Jaguar, ou de l’Allemagne FĂ©dĂ©rale concernant l’Alpha-Jet. En outre, le projet doit ĂŞtre assumĂ© par un unique maitre d’œuvre, comme ce fut le cas du Neuron qui, bien qu’intĂ©grant 5 partenaires europĂ©ens, a Ă©tĂ© maitrisĂ© intĂ©gralement par Dassault. L’intransigeance franco-allemande sur l’ouverture du SCAF uniquement lorsque le projet sera dĂ©finit est une application stricte de ce principe empirique. 
  • Le programme doit s’inscrire dans une vision de coopĂ©ration Ă  long terme, comme c’est le cas des programmes de coopĂ©rations confiĂ©s Ă  des entreprises multinationales qui, dans leurs grandes majoritĂ©s, se dĂ©roulent parfaitement bien.
  • Enfin, le programme doit ĂŞtre rĂ©parti en fonction des compĂ©tences des participants, bien qu’il faille Ă©galement prendre en considĂ©ration les notions de retour fiscal indispensable Ă  l’équilibre entre les acteurs.

Au final, la coopération européenne en matière d’équipement de Défense est, avant tout, une décision politique à portée plus symbolique qu’économique. C’est donc selon cette grille de lecture qu’il faut les juger, et non sur la simple comparaison des couts. Reste que, dans le cas des FREMM, la symbolique de la coopération franco-italienne est loin d’être évidente …

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