Comment évoluera la marine russe dans les prochaines années

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Le ministère russe de l’Industrie et du commerce vient de publier son rapport sur la construction navale jusqu’en 2035 en Russie. Aujourd’hui, 90% des productions des quelques 60 chantiers navals russes sont liés à la Défense, et la croissance de ce secteur, stratégique pour Moscou, est donc dépendante des capacités d’investissements du ministère de la Défense russe, lui même dépendant des recettes fiscales du pays, donc de la croissance et surtout du prix des hydrocarbures sur le marché mondial. C’est la raison pour laquelle le rapport étudie 3 scénarii, conditionnés par une seule variable d’entrée, le prix moyen du baril de pétrole :

  • Le premier scénario, dit « pessimiste », se base sur un baril à 40$ et une croissance molle de 1,2%. Dans ce cas, l’essentiels des investissements de la Marine russe se concentreront sur le renforcement de la « mosquito fleet », en cours actuellement, composée de patrouilleurs, vedettes lance-missiles et corvettes pour la défense côtière, ainsi que dans le renforcement de la flotte sous-marine, avec notamment l’entrée en service du futur sous-marin nucléaire Husky. Le renforcement de la flotte de surface n’interviendra pas avant 2035.
  • Le second scénario, dit scénario « novateur », envisage un pétrole à 60$ le baril, engendrant une croissance moyenne de 2%. Dans ce cas, la construction de la flotte côtière sera terminée en 2022, et sera suivi de celle de la flotte de haute mer, avec un rythme moyen d’un navire à un navire et demi par an.
  • Le dernier scénario, dit scénario « optimiste »,  évoque un baril à plus de 70% et une croissance supérieure à 3% sur la période, permettant d’entamer la construction de la flotte de haute mer dès 2020.

Les scénarii 2 et 3 sont, dans les faits, très proches, et probables, dans la mesure ou le prix du baril, après une importante chute en 2014 amenant le prix du baril à moins de 35$, est entré dans une tendance haussière forte, dépassant  aujourd’hui les 70$ pour le baril de Brent. Avec la mise à mal de l’accord iranien, et les inflexions saoudiennes pour soutenir les cours et donc restaurer ses recettes fiscales, cette tendance ne semble pas donner de signe de fléchissement sur le moyen ou long terme.

Les évolutions futures du cours mondial du pétrole Brut auront une influence majeure sur la capacité de la Russie à construire une flotte de haute mer.
Les évolutions futures du cours mondial du pétrole Brut auront une influence majeure sur la capacité de la Russie à construire une flotte de haute mer.

Parmi les programmes phares pour la reconstruction de la flotte de haute mer russe, aujourd’hui équipée de croiseurs et destroyers hérités de l’époque soviétique et modernisés avec plus ou moins de succès, quatre sont particulièrement notables :

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  • le programme Super Gorshov, un destroyer de 7000 tonnes dérivé des frégates Admiral Gorshov actuel, dont 8 unités sont prévues par la GPV 2018-2025.
  • Le programme Lider, un destroyer lourd à propulsion nucléaire, comparable aux Type 055 chinois, destinés à devenir la colonne vertébrale de la flotte de haute mer russe
  • Le programme de LHD de 14.000 t dérivé de l’étude Priboy, dont la construction devrait débuter en 2021
  • Enfin, le programme de porte-avions, qui pour l’instant n’a pas de matérialité, mais qui sera très probablement lancé si les cours du pétrole se maintiennent.

Le rapport indique également que plusieurs chantiers navals ont subi de profondes améliorations ces dernières années, afin d’augmenter le tonnage des bâtiments pouvant être produits. Il précise également que de nombreux problèmes restent non solutionnés, notamment en matière de qualité des productions. Les problèmes rencontrés lors des essais à la mer des frégates Gorshov, navires d’assaut Ivan Green, et des sous-marins Iassen et Lada, confirment les difficultés que continue de rencontrer l’industrie navale russe. Selon le rapport, le manque de sécurisation des budgets et de planification sont une des causes principales de ces dysfonctionnements. 

Quoiqu’il en soit, on le comprend, la construction et le renforcement d’une flotte de haute mer, est loin d’être une priorité pour les armées russes, qui privilégient naturellement les forces terrestres et aériennes, ainsi que sous-marines, des domaines dans lesquels elles excellent. Ce besoin est d’autant moins urgent que la Chine, elle, investi massivement dans ce domaine, et construit une flotte susceptible de poser d’importants problèmes à la puissance navale américaine.

Les choix qui président à la conception de la classe Lider confirme ces choix, puisqu’en privilégiant un navire à propulsion lourd et fortement armé, la Marine russe pourra mettre en ouvre une stratégie corsaire plutôt qu’une stratégie de flotte, à l’image de celle employée par la Marine allemande pendant la seconde guerre mondiale, sans succès ceci dit.

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