Selon D.Trump, les membres de l’OTAN devraient aligner leur effort de défense sur les US à 4%

Alors qu’il rencontrait cette semaine le général Jens Stoltenberg, le président Trump a estimé que le seuil de 2% de dépenses de Défense que les pays membres se sont engagés à respecter en 2025 était un chiffre très faible, et qu’ils devraient plutôt être de 4%. Pour rappel, cet effort est de 4,63% aux Etats-Unis en 2018. Il a par ailleurs déclaré que les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements allaient être « traités », mettant particulièrement l’accent sur l’Allemagne.

Le seuil des 2% est, comme nous l’avons déjà vu, un indicateur qui a ses propres limites, et ses limites sont sensibles avec le cas allemand. En effet, l’Allemagne aurait en effet les moyens d’attribuer 2% de son PIB à son effort de Défense, elle n’aurait pas la capacité à utiliser cette manne financière de manière efficace. Ainsi, aujourd’hui, avec un budget Défense équivalent à celui de la France, le niveau opérationnel des forces allemandes est très limité, et ce dans les 3 armées. 

Les raisons sont multiples, et doivent être toutes traitées avant de pouvoir augmenter le budget des armées de manière efficace :

  • Les contraintes administratives et légales en matière de passation de contrats entre les armées allemandes et les industries de Défense sont trop importantes, entrainant retards et ruptures de service
  • Le pilotage politique de la Défense est, paradoxalement, trop politisé, et les contraintes imposées par le parlement allemand sur les programmes d’armements sont parfois antinomiques avec la plus simple expression opérationnelle.

Mais surtout, l’Allemagne fait face depuis deux décennies à un ralentissement très marqué de la natalité, entrainant un déséquilibre flagrant de sa courbe des âges. Alors que sa population ne cesse de vieillir, les jeunes générations ont la lourde tache de compenser leur faible nombre par une productivité accrue. De fait, l’Allemagne ne peut se permettre de faire croitre ses forces armées numériquement au delà d’un seuil relativement bas : non seulement cela couterait cher en matière de budget, les militaires allemands étant très bien payés pour pouvoir attirer les bons candidats, mais chaque militaire doit être considéré comme un actif qui ne produit pas, et donc un manque à gagner net pour l’équilibre du modèle social.

Pour autant, l’Allemagne pourrait contribuer d’avantage à la sécurité collective de l’OTAN, car de nombreux pays européens disposent de réserves démographiques, mais n’ont pas les moyens de les équiper et de les entrainer convenablement. De fait, l’Allemagne, comme la France ou l’Italie, pourraient augmenter leur effort de Défense sans déstabiliser leur modèle social, en changeant les paradigmes mêmes de l’effort de Défense.

Il est évident que le pilotage de l’effort de Défense au seul vu de l’indicateur %PIB ne permet pas de prendre en compte ce type de complexité. Il serait donc utile de développer de nouveaux indicateurs, moins médiatiques, mais plus efficaces politiquement, économiquement et du point de vu opérationnel.

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