La France propose un partenariat industriel et militaire à long terme à la Belgique

A la demande du premier ministre belge, Charles Michel, une délégation française emmenée par le ministère des armées, s’est rendue à Bruxelles pour détailler son offreconcernant le remplacement des F-16 belges.

Après avoir initialement mis l’accent sur la dimension économique promettant « 5000 emplois » à la partie belge, la France construit articule aujourd’hui son offre autour de sa dimension stratégique. Ainsi, Paris propose à Bruxelles de devenir un acteur à part entière du programme SCAF franco-allemand, alors même que les appels de Londres pour rejoindre ce programme ont été poliment « reportés ». Il s’agit, bien évidemment, d’un geste politique très fort, qui a dû être préalablement négocié avec Berlin, montrant la volonté des deux capitales de chaque coté du Rhin de promouvoir l’Europe de la Défense. 

Au delà de cet aspect stratégique à long terme, la France propose un partenariat organique entre les forces aériennes des deux pays, mutualisant les efforts de formation, de maintenance, et de défense du ciel. Plus anecdotique, et pourtant symboliquement important, Paris propose à la Belgique d’acquérir une partie de ses Rafale au standard M, pouvant être embarqués sur le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle. Cette hypothèse avait déjà était abordée par Christian Cambon, le président de la commission des affaires étrangères et de Défense du Sénat, il y a quelques mois.

Comme le titre « La Tribune », il se pourrait bien que la Belgique ait les clés de l’initiative de Défense Européenne. En l’invitant à rejoindre le programme SCAF au coté de la France et de l’Allemagne, les autorités françaises montrent qu’elles sont prêtes à concéder une part de leur propre souveraineté en faveur de l’Europe de la Défense. En donnant son accord, Berlin, pourtant membre du consortium Eurofighter, montre qu’elle soutien l’offre française, et que l’Allemagne s’investira également de manière importante pour faire aboutir la construction de l’Europe de la Défense.

Pour autant, les oppositions à l’offre française sont nombreuses en Belgique. Il y a d’une part les inconditionnels du F-35, comme le ministre de la Défense Steven Vandeput, qui est en train de payer politiquement ce soutien un peu trop inconditionnel, ou comme l’état-major des forces aériennes belges. A l’instar de beaucoup de forces aériennes de l’OTAN, les officiers belges ont subit, depuis 15 ans, un véritable conditionnement au sujet des performances supposées du F-35, et de son ainé, le F-22. 

D’autre part, la communauté flamande belge tend à promouvoir le rapprochement avec les Pays-Bas, qui ont fait le choix de s’équiper de F-35, quitte à diviser par deux leur force aérienne. 

Enfin, une part significative de la population a perçu l’offre française, hors du cadre de l’appel d’offres, comme un manque de respect vis-à-vis des institutions et de la souveraineté belge. Il est à ce titre intéressant de constater que la problématique du coût, pourtant instrumentalisé par l’opposition Belge, n’est que rarement mis en avant comme préoccupation par l’opinion publique. 

En déplaçant le cœur de l’offre du cadre économique vers le cadre politique, les autorités françaises ont donc habillement répondu aux préoccupations d’une partie de l’opinion publique. Mais il demeure que, pour beaucoup, l’avion français est technologiquement dépassé, une idée reçue volontiers relayée par les tenants de l’offre de Lockheed. 

Une fois encore, l’industrie de Défense nationale, et le ministère des armées, négligent la communication vers l’opinion publique de ses prospects, se concentrant sur les décideurs clés. Pourtant, ces mêmes décideurs clés répondent à l’opinion publique, et donc, y sont sensibles. 

Il faudra bien, un jour, que la France évolue sur ce domaine …

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